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dimanche, avril 09, 2023

VOL DE NUIT

VOL DE NUIT 1931
ANTOINE DE SAINT-EXUPERY, VOL DE NUIT, 1931
INTRODUCTION
VOL DE NUIT 1931 Le XXe siècle est celui de la rupture et du bouleversement dans le domaine de la science, de la littérature avec en toile de fond les deux grandes guerres mondiales à l’origine de millions de victimes et de mutilés. La conscience occidentale sort profondément traumatiser par la violence et les horreurs de la guerre. Le roman français de cette période révèle le tragique de l’homme en face de son destin.

Certains écrivains humanistes comme André Malraux et Antoine de Saint-Exupéry tirent l’histoire de leurs œuvres de l’expérience vécue. Ces écrivains s’engagèrent dans la résistance jusqu’à la libération de la France en 1945.

Antoine De Saint-Exupéry déteste la littérature qui ne prend pas en compte les aspirations de l’homme. Son projet est d’apporter le bonheur aux autres hommes. Il se veut un humaniste. L’écrivain à une responsabilité ; l’intellectuel une fonction, l’homme d’action une mission celle d’être au service de l’homme en ce dressant contre tous les périls qui guettent l’humanité. Saint-Exupéry expérimente dans ses œuvres la philosophie de l’action. C’est d’ailleurs la raison de vivre de ses personnages.

Ainsi son roman VOL DE NUIT 1931 pose le problème de la responsabilité et de l’engagement qui interpelle la jeunesse confrontée à certains défis comme le chômage, le sida, la violence…

VOL DE NUIT 1931 véhicule des valeurs de fraternité et d’amitié indispensables à la fonction de l’homme et des adolescents en particulier en ce début du troisième millénaire. Antoine De Saint-Exupéry met en scène un type de héros comme le pilote Fabien dont le mérite est d’accepter de s’engager dans l’aventure des vols de nuit jusqu’au sacrifice suprême.

Parallèlement le Chef de l’Aéropostale et ses quatre pilotes obéissent à un code d’honneur et à des vertus de courage, de générosité et de recherche permanente de la grandeur au service de la collectivité voir de l’humanité.

Le message de Saint-Exupéry dans Vol de nuit est très actuel vu que nous sommes dans un monde en proie à la violence, au terrorisme donc, la solidarité, l’amitié et la fraternité sont les derniers remparts pour freiner cette vague de catastrophes qui assaille le monde

1.PRESENTATION DE L’AUTEUR
Né à Lyon (Rhône) en 1900, Antoine de Saint-Exupéry est d’abord étudiant aux Beaux-Arts. Il passe son brevet de pilote et accompli son service militaire dans l’aviation. Il sera ensuite engagé comme pilote de ligne en 1926 par Didier Daurat directeur de la compagnie Latécoère (ancêtre d’air France). Il trouve dans cette compagnie deux légendes de l’aviation française : Mermoz et Guillaumet qui parcouraient la ligne aéropostale Toulouse-Dakar. S’inspirant des dangers et des plaisirs de son métier d’aviateur, il publie la même année, parrainé par Jean Prévost, une nouvelle, l’Aviateur. Il est muté à Dakar en 1927 et devient chef de l’aéroplace de Juby au Sahara. Saint-Ex, comme on le surnomme, y découvre l’isolement méditatif, le sens de la camaraderie et du devoir qui nourriront toute son œuvre, à commencer par Courrier sud (1928) qui évoque sur fond d’amour contrarié entre un aviateur et sa femme, les aléas du trajet Toulouse-Dakar.

En 1930, il est engagé à l’Aéroposta Argentina dont le siège se trouvait à Buenos Aires. C’est pendant cette période qu’il écrit ce roman Vol de Nuit qui relate ses propres expériences de pilotes dans cette zone montagneuse de l’Amérique latine.

En 1931, il interrompt ses missions pour devenir reporter et conférencier international (Paris-Soir et l’Intransigeant), et s’enrichit de nouvelles expériences dont Terre des hommes (1939, grand prix du roman de l’Académie française) portera les traces : il abandonne en effet la fiction pour rendre compte dans cet essai autobiographique de son expérience passée. Si Saint-Ex célèbre la grandeur de sa vie d’action en racontant Jean Mermoz, Henri Guillaumet, le désert, la peur et la beauté, il dénonce les travers de l’industrialisation qu’il accuse de sédentarisation, celle-ci rabaissant les idéaux de l’humanité.

Mobilisé comme pilote avant la Seconde Guerre mondiale, en 1937, il est engagé dans l’armée de l’air et basé en Algérie jusqu’en 1940, date à laquelle son âge lui vaut d’être démobilisé. Réfugié aux États-Unis, il publie Pilote de guerre (1942), reportage romancé sur les conséquences françaises de la « drôle de guerre » ainsi que les épisodes d’une mission arrageoise, Lettre à un otage, dédiée à son ami anarchiste Léon Werth, puis, pour honorer la commande d’un éditeur américain, le Petit Prince (1943). Cette parabole pour adultes qui allait rencontrer un succès universel, construite sur la quête allégorique de l’amour et de la fraternité, livre les considérations existentielles et sentimentales que son expérience d’aventurier de la vie lui inspire.

Ne pouvant se résoudre à la passivité, il rejoint dès 1943 les Forces françaises libres en Algérie. C’est dans des circonstances mystérieuses qu’il disparaît, probablement le 31 juillet 1944, au cours d’une mission de reconnaissance aérienne qu’il effectue dans le sud de la France. Il laisse une somme de carnets, dont les méditations philosophico-apologiques qui composeront Citadelle (posthume, 1948) et que l’on considère souvent comme une leçon d’individualisme et de sagesse humaniste. Suivront les publications posthumes des Carnets et des Lettres de jeunesse à l’amie inventée en 1953, des Lettres à sa mère en 1955, et enfin de Un sens à la vie en 1956.

2.ETUDE DE L’OEUVRE
VOL DE NUIT 1931  présente de façon alternée un pilote, Fabien, affrontant un terrible orage dans le ciel argentin, et Rivière, son patron, méditant à son bureau toulousain. Antoine de Saint-Exupéry l’écrivit à ses moments perdus en Argentine (il y était directeur de l’Aeroposta argentina). Enthousiasmé, Gide proposa d’en écrire la préface qu’il termine sur « l’exceptionnelle importance » du second ouvrage de l’aviateur écrivain. Le roman séduisit aussi, à n’en pas douter, les jurées du Femina qui le consacrèrent en décembre 1931. Saint-Exupéry abordait alors tout juste la trentaine (car né avec le siècle) tandis que Didier Daurat, le grand patron de l’Aéropostale à Toulouse, à qui il dédie ce roman, rentrait dans la Quarantaine.

2.1 Analyse
C’est à Buenos Aires où il est à la tète de la compagnie Aeroposta Argentina, qu’Antoine de Saint Exupéry écrit son roman Vol de Nuit. Préfacé par André Gide, ce roman obtient dés sa sortie (1931) le prix Femina. Dans ce roman, Saint Exupéry parle de l’héroïsme des pionniers de l’aviation qui ont établit la première ligne aérienne entre la France et l’Amérique du sud. Les événements racontés sont vrais, seuls les noms des personnages ont changés. Vol de Nuit est en fait une expérimentation des vols pendant la nuit, pour « lutter de vitesses avec les autres moyens de transports ».

VOL DE NUIT 1931 est également un texte sur l’univers exigeant du métier de pilote, qui impose aux êtres de repousser, au prix de leur vie, les limites de la liberté. Si ce livre, récit des expériences réellement vécues par l’auteur alors qu’il était responsable de la ligne Aeroposta Argentina, est un éloge de la discipline et du devoir, il est surtout une évocation poétique du plaisir de voler, métaphore exupérienne de l’ascèse vers laquelle tout être doit tendre pour s’accomplir.

2.2 Composition
Composé de 23 chapitres, Vol de Nuit expose dans une histoire simple, le récit des aventures de trois pilotes qui convoyaient le courrier de l’intérieur de l’Amérique du sud vers Buenos Aires ou se trouve le siège de la compagnie. Ainsi, le récit s’organise en quatre phases essentielles.

2.2.1 Première phase : (chapitre 1 et 2)
C’est la situation initiale. Le narrateur nous présente trois pilotes qui viennent respectivement de Patagonie (Fabien), du Chili (Pellerin) et du Paraguay et qui se dirigent vers Buenos Aires. C’est une situation initiale stable.

2.2.2 Deuxième phase : (chapitre 3, 4 et 5)
C’et l’arrivée du pilote Pellerin qui vient du Chili et le récit de son vol tourmenté car il était confronté au cyclone. La référence au cyclone constitue l’installation d’un déséquilibre qui va modifier le déroulement des activités.

2.2.3 Troisième phase : (chapitre 6 à 21)
C’est la phase la plus complexe du récit. Elle alterne l’inquiétude de l’équipe terrestre suite au retard des deux autres avions (chapitre 6, 8, 13, 14, 18, 19, 21) ; Les difficultés de Fabien pris dans le tourbillon du cyclone (7, 12, 15, 16, 17) qui entrainera sa mort (20) et, les préparatifs du courrier d’Europe (9, 10, 11).

2.2.4 Quatrième phase : (chapitre 22 et 23)
C’est l’arrivée du courrier d’Asunción (Paraguay) qui malgré le mauvais temps a pu réussir à s’en sortir. C’est une victoire sur les éléments déchainés de la nature malgré la disparition de Fabien. Le chef intransigeant décrète la poursuite des activités car pour lui, la réussite de ces vols est une question de vie ou de mort. Cette phase qui clôt le roman, est une victoire symbolique puisque le courrier d’Europe prend son envol.

2.4 Résumé
C’est un récit tragique de ces pilotes des avions postaux de la Patagonie, du Chili, du Paraguay du Sud, du Nord et de l’Est de Buenos Aires ; ces pilotes engagés la nuit dans les dangers des routes aériennes chargées de mystères et de surprises, à quoi s’ajoute l’angoisse de la nuit

Pour supporter la concurrence des moyens de transports, Rivière, le chef d’une compagnie d’aviation basée à Buenos Aires, prend le risque d’initier les vols de nuit. Ainsi, trois avions quitteront le Chili, le Paraguay et la Patagonie. Si l’avion piloté par Pellerin est arrivé à bon port, celui de Fabien connaitra des difficultés. En effet, après un départ paisible, il doit affronter un cyclone. C’est l’inquiétude de l’équipe terrestre sous la direction de Rivière, le chef du réseau. Au moment où Fabien lutte pour sa survie, l’équipe terrestre tente de gérer la situation à sa façon. Malgré sa volonté et son expérience, Fabien perdra la vie. Cette mort ne découragera point Rivière qui décide même le départ du courrier d’Europe car pour lui, tout manquement équivaudrait à une remise en question des vols de nuit.

2.5 L’espace et le temps
C’est l’histoire des événements survenus une certaine nuit sur le réseau en Amérique du Sud à une époque qui n’est pas précisée mais qu’on peut situer vers 1930, où les vols de nuit relevaient presque encore du domaine de l’aventure et où les pilotes étaient de vrais martyrs. Ils affrontaient d’énormes dangers et prenaient beaucoup de risques. André Gide disait à ce sujet qu’ « il y a pour l’aviation comme pour toute exploration de terres inconnues une période héroïque».

Saint-Exupery a choisi comme cadre de Vol de Nuit l’Amérique du Sud et la Cordillère des Andes, une chaine de montagnes dont les massifs peuvent atteindre 4500 m de hauteur. C’est dire tout le problème que rencontrent les pilotes pour les traverser si l’on sait que leurs avions sont archaïques.

Dans VOL DE NUIT 1931, il existe deux espaces : un espace terrestre et un espace aérien. Ces deux espaces sont occupés par des hommes et des avions. L’espace est parfois paisible comme le montre le début du roman, mais c’est un espace qui est généralement hostile aux hommes car les pilotes rencontrent dans le ciel des conditions météorologiques difficilement supportables.

:L’histoire de VOL DE NUIT 1931 se passe dans les années 1930, au début de l’aviation. Les actions dans ce roman ne se déroulent que les nuits car les jours sont consacrés au repos des pilotes. Quand à la durée du récit, elle se déroule en une nuit. L’histoire dans VOL DE NUIT 1931 commence au crépuscule et se termine avant l’aube (Il est deux heures. Le courrier d’Asuncion atterrira à deux heures dix. Faites décoller le courrier d’Europe à deux heures et quart.).

2.6 Les personnages
Les personnages de VOL DE NUIT 1931 ne sont pas décrits physiquement. Ces personnages illustrent l’humanisme de Saint-Exupéry, car ces personnages représentent des valeurs exaltées ou des modes de vie rejetés. On peut diviser ces personnages en deux catégories : les personnages navigants et les personnages au sol.

2.6.1 Les personnages navigants
Les pilotes : Ils sont quatre, mais seul deux sont nommés : Fabien et Pellerin. Ces pilotes sont tous engagés dans le combat pour la réussite des vols de nuit. Dans Vol de nuit, les pilotes ne sont pas décrits physiquement ; Ils sont tout simplement décrits par rapport au travail qu’ils effectuent. Ainsi les caractères qui sont mis en exergue sont : le courage, la volonté, l’amour du travail, le devoir et le défis de la réussite.

Pellerin : C’est l’un des pilotes qui a finalement atterri au prix d’énormes difficultés. Il a pu atterrir dans des conditions relativement difficiles et il raconte les péripéties de sa traversée. C’est un homme qui incarne les vertus de grandeur et de simplicité : grand parce qu’il place, comme Fabien, du reste, sa mission au-dessus de leur propre intérêt ; simple, parce que rien ne le distingue des autres hommes. Discret, il ne se vante pas en parlant de son métier. (p.34)

Fabien : Il ramène de l‘extrême sud vers Buenos Aires le courrier de Patagonie. Sur le chemin du retour, il éprouve énormément de plaisir, ce qui montre que malgré les risques et les dangers, il est un homme qui exalte la noblesse d’un métier.

Dans les airs, Fabien devait poursuivre sa croisade en direction de San Francisco. Cependant d’imprévisibles orages ont éclaté un peu partout. Par conséquent il lui fallait trouver un itinéraire qui le mettrait hors des zones de danger. Il tentait alors d’avoir des informations qui l’aideraient et se demandait s’il ne devait pas revenir en arrière. La réponse est sèche. « Commodoro, retour impossible. Tempête ». Il passa alors à San Antonio : « Ciel ¾ couvert » et Bahia Blanca : « Orage avant 20mn ». Trelew : « Ouragan 30m sud et rafales de pluie ». Il ne peut plus continuer à « naviguer » éternellement car dans 1 heure 40 minutes il n’aura plus d’essence. C’était dans cette nuit. Pourtant cette mort de Fabien, malgré son cortège de malheurs n’a pas brisé l’élan de Rivière qui, au même instant, a donné un nouveau départ pour l’Europe.

Les radio-navigants : Ils ne sont pas nommés. Ils sont tout juste le lien entre le pilote et la base au sol à travers les TSF.

2.6.2 Les personnages au sol
Riviere : Antoine de Saint-Exupéry nous présente les vols de nuit sur le réseau, les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les pilotes et fondamentalement l’occupation du personnel au sol. Tout ce réseau est centralisé par Rivière. Il surveille et veille sans repos (p. 28-58). C’est un conducteur d’hommes et son but principal est d’amener les hommes à se dépasser eux-mêmes. Rivière, précurseur des vols de nuit, met au premier plan la réussite de son entreprise. Il insuffle à ses pilotes les vertus du courage, de l’abnégation et exige d’eux le maximum, voire l’impossible.

C’est le chef du réseau de la compagnie aéropostale pour l’Amérique du Sud. C’est le prototype même du chef. Il a le sens du commandement et de la responsabilité. Il est sévère et intransigeant envers ses agents surtout ses pilotes. Rivière est aussi très humain car partage la douleur et la détresse de Simone l’épouse du pilote Fabien après la disparition de celui-ci. Il a un sens aigu de la solidarité et de la fraternité qui rapprochent les hommes quelques soient leurs origines et leurs différences. En fin, il est le personnage central du roman et le symbole de la rigueur dans le travail. C’est un homme d’action.

Sur le plan physique, on sait tout simplement qu’il a environ 50 ans, de petite taille et a des cheveux gris. Il a aussi une douleur au coté droit. Il s’est fait entourer d’un inspecteur Robineau qui ne connaît rien au monde de l’aviation. On lui demande simplement d’appliquer le règlement. Il lui est inutile de connaître les hommes.

Robineau : C’est un inspecteur qui ne connait rien en son travail et qui fait trop de zèle. Le narrateur nous révèle qu’il déteste l’orgueil, la vanité et préfère l’humilité et la simplicité. Sur le plan professionnel il est chargé de contrôler le travail du personnel et d’établir des rapports sur ses agents. Il est rigoureux et cherche toujours à s’imposer et à se faire respecter. Il admire Rivière, est tendre et chaleureux avec Pellerin qu’il invite même. En fin, c’est un homme qui cherche à partager la joie et le bonheur avec les autres hommes de son entourage.

Leroux : Il a passé 40 années de sa vie dans l’aviation. Leroux est un homme dont le travail est sa raison de vivre. Il joue le rôle de conseiller auprés de son chef Rivière et propose toujours des solutions raisonnées pour résoudre des problèmes dans Vol de Nuit.

Roblet : C’est un vieux ouvrier qui a participé au montage du premier avion en Argentine. Il sert à illustrer la théorie de Rivière à savoir qu’une entreprise d’avion se met en danger si la moindre erreur est tolérée. Avec le personnage de Roblet, St. Exupéry pose le problème de la justice et de l’injustice avec celui de la pitié.2.6.3 Les femmes

Elles sont deux dans VOL DE NUIT 1931 : Simone, l’épouse de Fabien et l’épouse de Pellerin. Toutes les deux femmes sont jeunes et sont au foyer. Il n’ya pas de détails sur le portrait physique des femmes sauf Simone dont on dit qu’elle est trés belle. En plus, toutes les deux sont nouvellement mariées et sont sans enfants.

Au sol, la femme de Fabien, qui connaissait les heures d’arrivée de son mari et qui ne le voyait pas venir, s’inquiétait et décida d’agir elle-même. Elle entre d’abord en contact avec le secrétaire, puis avec Rivière pour connaître les raisons de l’absence anormale de son mari mais n’obtint que de simples réponses courtes qui ne lui donnent pas de satisfaction : « très retardé en effet… vous savez par mauvais temps…etc. ».

La femme représente le bonheur du pilote au foyer.

2.7 Les thèmes
Vol de Nuit est un roman d’action qui regroupe quelques centres d’intérêt comme : la sublimation du moi, les échanges humains et les progrès du monde. Dans ce sens, du début à la fin du roman, beaucoup de thèmes sont abordés parmi lesquels on peut citer : Le courage (dépassement de soi, don de soi), la permanence de l’action, l’héroïsme, la responsabilité, le sens du devoir et du défi, la solidarité (fraternité), le sens de l’humilité, la solitude…

2.8 Le style
:Dans VOL DE NUIT 1931, Saint-Exupéry a employé des phrases brèves, simples et parfois très colorées. Il utilise un style télégraphique et s’appuie sur un registre familier pour faire passer son message. Beaucoup de mots appartiennent au vocabulaire de l’aviation comme TSF, radio, carlingue, gyroscope, manomètre… St. Exupéry se sert aussi de phrases à l’impératif surtout quand Rivière s’adresse à ses agents. Beaucoup de mots appartiennent à l’environnement climatique comme : ciel pur, pleine lune, vent nul, cyclone… La description du cadre ou de l’action est très représentée dans le roman comme la première partie du chapitre I, le ton est quelque fois tragique, triste voire pathétique.

CONCLUSION
En définitive nous pouvons dire que Vol de Nuit est un roman qui magnifie et expérimente chez les personnages des valeurs nouvelles comme le courage, la fraternité, l’honnêteté, la responsabilité, la solidarité, l’héroïsme et la recherche permanente de la grandeur en donnant un sens au devoir. C’est donc un roman attaché à la morale, à la philosophie de l’action. Ainsi cette œuvre est une représentation de la vie faite de joie, et de tristesse, d’échec et de victoires. Saint-Exupéry reste et restera pour la prospérité un des pionniers de l’aviation. En ce sens, Vol de nuit constitue une aventure mais ce n’est pas une aventure gratuite. Les pilotes ont une mission, celle d’ouvrir et d’assurer pour les générations futures les vols de nuit. Les risques qu’ils courent constituent leur participation à l’édifice des temps modernes et leur aventure montre la grandeur de l’homme.

samedi, mars 11, 2023

Ethiopiques

LES LYCÉES DU SÉNÉGAL


                Présentation du recueil


Le mot « éthiopiques » vient du grec «Aïthiops » qui signifie « ce qui paraît brûlé », d’où noir, couleur de la peau. Dans la Bible, l’Ethiopie est le pays le plus éloigné d’Afrique, dont les habitants, noirs, vivent à l’extrémité du monde connu. Par Synecdoque, l’Ethiopie désigne l’Afrique et son ancienneté et sa grandeur, par ses liens avec la civilisation égyptienne. On peut également noter que le mot « éthiopiques » constitue l’anagramme du mot « poétique ». Le choix de ce titre prend alors toute sa signification dans le projet et l’œuvre de Senghor : faire de la Poésie la voix de la Négritude. 

Le recueil « Ethiopiques » est constitué de trois parties. On y trouve des « guimms » (chant) simples et un guimm composé (L’Absente), un poème dramatique (Chaka) et des épîtres suivis d’autres chants.


Première partie :Les huit premiers textes correspondent à une célébration de l’Afrique et de ses représentants mythiques :


            L’Homme et la Bête

            Congo

            Kaya-Magan

            Messages

            Teddungal

            L’Absente

            A New York

            Chaka (poème dramatique)


Deuxième partie : Les épîtres à la princesse


Troisième partie : « D’autres chants » qui contiennent huit poèmes élégiaques et mélancoliques célébrant l’aimée absente.



Le recueil laisse ainsi percevoir une opposition entre parole poétique et action politique (cf. biographie de Senghor), puis une opposition entre l’amour pour la femme et l’amour pour le peuple. A ces deux oppositions s’ajoutent  celle entre le retour à l’Afrique et au « royaume d’enfance » et la séduction par Paris. La composition d’ensemble du recueil semble ainsi mettre en évidence l’émergence progressive de ces antagonismes : on passe de la célébration d’une Afrique primordiale et harmonieuse où le roi est poète et le poète roi à l’évocation d’un univers plus conflictuel qui laisse cependant une place pour une résolution possible.






        L’Absente


L’Absente est un « guimm » (chant) composé de sept parties, et qui célèbre l’Afrique en évoquant l’une de ses figures mythiques, la Reine de Saba, appelée Makéda dans la légende éthiopienne.


(La Reine de Saba, est un personnage légendaire que l’on retrouve dans plusieurs récits et qui aurait régné sur le royaume de Saba, situé approximativement entre le Yémen et l’Ethiopie. Différents prénoms lui son attribués selon les sources. Ainsi, les traditions éthiopiennes l’appelle Mékéda. Cette reine est décrite comme une femme sublime, et considérée comme un personnage d’une profonde sagesse et d’une haute intelligence par certains, et comme une magicienne tentatrice par d’autres.

Dans la légende, la Reine de Saba donne naissance à un fils, Menelik, dont le roi Salomon est le père. Hailé Sélassié (1892 – 1975), empereur d’Ethiopie de 1930 à 1974 rappellera cette lignée dans la constitution de l’Empire d’Ethiopie de 1952 : « La dignité impériale doit rester perpétuellement attachée à la lignée d’Hailé Sélassié, descendant du roi Sahel Sélassié, dont la lignée descend directement, sans interruption, de Menelik ». Ainsi, les souverains d’Ethiopie se posaient parents du Christ (David père de Salomon), ce qui était plus que fonder un droit d’autorité comme venant de Dieu.)





Les sept parties du poème


                        I

Le poète interpelle les « jeunes filles » pour leur demander de ne plus célébrer leur héros (Partie II  - mais de chanter « l’Absente, la Princesse en allé »). Le poète se présente ensuite comme le « Dyâli » et non pas comme le roi, « le Lion téméraire », « le Conducteur », « le Fondateur »

«Dyâli » : troubadour d’Afrique de l’Ouest (poète)


                        II

Le poète demande au « jeunes filles » de chanter « l’Absente ». Il répète que sa gloire est de chanter la beauté de l’Afrique et « la beauté de l’Absente ».

« Elyme » : graminée à larges feuilles qui poussent dans le sable et le fixe.

« Van » :  Panier plat, bordé d’un côté et portant deux anses, qu’on utilise pour débarrasser les grains de leurs impuretés.  


                        III

Dans cette partie l’auteur exprime sa nostalgie de l’Afrique. Les femmes aimée lui rappelle l’Absente (l’Afrique qui apparaît avec la figure mythique de la Reine de Saba) et lui annonce son retour « à l’annonce des flamboyants » (les lumières du printemps).

                    IV

Le poète interpelle à nouveau les « jeunes filles » pour qu’elles chante la «sève » et annoncent le printemps. C’est alors l’occasion pour le poète de célébrer le retour du printemps et de la vie sur la terre africaine.

« Harmattan » : vent très sec venant de l’Est ou du Nord-Est qui souffle sur le Sahara et l’Afrique occidentale.

« trigonocéphale » : serpent venimeux à tête triangulaire.

« pruine » : mince couche cireuse sur les fruits, champignons .

« élytres » : ailes dures et dorées des insectes coléoptères.

« palétuviers » : arbre tropical croissant dans les boues marines et dont la marée recouvre les racines aériennes.

« mitan » : mot ancien pour dire « milieu ».

« flave » : jaune, jaunâtre (latinisme).

« cassias » : arbrisseaux à fleurs jaunes.

« cochlospermums » : plantes aux graines en forme de cuiller.

« surrection » : action de surgir, de se soulever (latinisme)


                        V

Avec l’arrivée de « l’Ethiopienne » (la Reine de Saba), le poète annonce un temps nouveau qui apportera une grande animation, presque une révolution sur la terre d’Afrique, un grand temps de liberté, « Luxe et licence ».

« palabres » : assemblée coutumière qui réunit les notables. Elles se tiennent souvent sous un arbre.

« lamarques » : mot forgé sur la racine lam qui, en sérère et en peul, exprime l’idée de commandement. Le mot, ici, est synonyme de « père de famille ». 

« l’encan » : vente aux enchères publiques.

« pool » : organisme économique international de groupement de producteurs.

« solstice » : chacun des deux points de l’écliptique les plus éloignés de l’équateur céleste.

« pentagramme » : figure en forme d’étoile à cinq branches, signe sacré chez les Peuls nomades.


                        VI

Dans cette partie, le poète exprime sa fascination pour «l’Absente ». Il se présente comme son « féal » et lui rend hommage car c’est elle qui nourrit son inspiration, « Donc, je nommerai les choses futiles qui fleuriront de ma nomination », « …salut à la Souriante qui donne le souffle à mes narines, qui coupe le souffle à mes narines et engorge ma gorge ».

 « féal » : partisan, ami fidèle et dévoué.

« Kôriste » : joueur de kôra.

« alizés » : vent d’est régulier, doux et frais.

« hiéroglyphes » : chacun des signes de l’écriture des anciens égyptiens.

« woï » : interjection de surprise, d’indignation ou d’admiration.

                        VII


Pour clore son poème, l’auteur évoque le pouvoir de la poésie qu’il oppose au pouvoir politique (« le Lion »). Il célèbre ainsi l’amour et la flamme qui anime le poète, « …le cœur du poète brûle un feu sans poussière ».

samedi, mars 04, 2023

ETHIOPIQUES - NEGRITUDE : LE REFUS

ETHIOPIQUES - NEGRITUDE : LE REFUS
                 INTRODUCTION


Dominé, ses terres occupées, son humanité mise en question, voire reniée, sa vision du monde et sa cosmogonie transformées, le Nègre résiste, demande et obtient son indépendance, aidé par les évènements de la Deuxième guerre mondiale : la France qui occupait ses terres avait subi l'occupation allemande de ses terres, les nègres avaient été enrôlés volontairement comme de force pour participer à l libération de la France et ne pouvaient plus d'emblée accepter que les leurs soient sous la domination. Mais le refus aura pris diverses facettes et dans la reconquête de l'identité, il fut bien les séparer pour bien comprendre.

LES RESISTANCES
Les résistances ont été la réponse des Africains face à l’invasion, l’occupation, l’exploitation et l’aliénation par les puissances européennes. L’ampleur et les formes de ces résistances ont été variables d’une zone à l’autre, en fonction des structures politiques en place et des caractéristiques des populations, formes dont deux ont été déterminantes : les résistances armées et les résistances passives avec, dans chacune, des natures variées.

LES RESISTANCES ARMEES
Elles sont liées au caractère hautement guerrier de la plus part des sociétés africaines. Dans chaque royaume africain, il existait une classe guerrière au service du souverain islamisé ou animiste. Les moyens de défense utilisés étaient la guérilla, le guet-apens, les armes blanches et même des armes à feu. Les résistances ont été partout violentes en Afrique, mais c’est surtout en Afrique Occidentale qu’elles ont eu le plus d’impact dans le temps et l’espace.

LES RESISTANCES ARMEES MARABOUTIQUES
El Hadji Omar Tall, 1797 – 1864, était originaire du Fouta. Il se rendit en pèlerinage à la Mecque où il fut nommé Khalif de la Tijanya en Afrique Occidentale et vint s'installer à Dinguiraye. Il commence la conquête d’un vaste empire qui s’étant du Bambouck à Tombouctou. En 1855, il se heurte aux troupes française en route vers Tombouctou cet rencontre se solde par la bataille de Guidimakha. En Avril 1857, il assiège le fort de Médine, capitale du Khasso. Vaincu en juillet, il se concentre sur Macina et le pays Bambara. Indignés de l’occupation de leur royaume par un frère musulman les Peuls Khadrya du Macina se révoltent et finissent, en 1863, par assiéger El Hadji Omar dans Hamdallahi la capitale. Il réussit à s’échapper et se réfugie dans les falaises de Bandiagara où il disparaît mystérieusement dans la grotte de Diagambéré.

Son fils Ahmadou Cheikhou Tall, installé a Ségou, tente de continuer l’œuvre de son père, mais son autorité est contestée par les Bambara animistes et les Peuls de la confrérie Khadrya. De plus sont refus de s’allier à Samory réduit considérablement ses possibilités de résistance face aux troupes d’Archinard. Contraint d’abandonner aux Français une grande partie de son empire (Ségou, Dinguiraye, Kaarta, Nioro…). Il meurt insoumis, en 1898, à Sokoto.

Samory Touré, roi du Wassoulou, se convertit à l’islam et prit le titre d’Almamy, pour mettre son pouvoir religieux aux services de la résistance contre l’impérialisme français. Son empire est comprit entre le fleuve Niger, le Fouta Djallon, la Sierra Léone et la Côte d’Ivoire, avec comme capital, Bissandougou.

Homme intelligent disposant d’une armée solide et bien organisé Samory a été l’un des plus grands résistants africains. Grâce à la technique de la « terre bruléé », il s’oppose farouchement au français et porte de sérieux coup à leurs entreprises coloniales. Attaqué par le colonel Archinard en 1891, il résiste jusqu’en 1894, date à laquelle il déplace sont royaume aux nord de la Côte d’ivoire. En détruisant la ville de Kong en 1895, il souleva contre lui l’hostilité des peuples de la côte des fleuves Bandama et Comoé. Le 28 septembre 1898, il est surpris et capturé dans sont camp de Guélémou par le colonel Gouraud. Déporté aux Gabon, il y meurt en 1900.

LES RESISTANCES ARMEES TRADITIONNELLES
Lat Dior Ngone Latyr Diop, 1842 – 1886, est né à Keur Amadou Yalla. Il devient Damel du Cayor en 1862, après sa victoire sur le Damel Madiodio imposé par les Français. En effet, pour réaliser la liaison Dakar – Saint-Louis, Faidherbe signe des traités avec les Damel Birima Ngoné, Macodou et Madiodio. Lat- Dior qui s’oppose à tous ses traités signés par ces prédécesseurs, devient dès lors une menace sérieuse pour les Français. Le premier Affrontement a lieu à Ngolgol le 30 novembre 1863 contre les troupes de Pinet-Laprade. Il leur inflige leur première grande défaite au Sénégal. Le 17 janvier 1864, Lat-Dior, battu à Loro par les Français, est contraint à l’exil dans le Rip auprès de Maba Diakhou Ba qui lui impose la conversion à l’islam. Les deux hommes battent les troupes françaises à Pathé Badiane, prés du ravin de Paoskoto, le 28 décembre 1865.

A la mort de Maba pendant la bataille de Somb contre le Bour Sine en juillet 1967, Lat-Dior retourne au Cayor. En 1871, après quelques moment de turbulence, Pinet-Laprade finit par le reconnaître comme Damel (moyennant la signature d’un traité de protectorat). Mais la décision Française en 1879, de construire le chemin de fer Dakar – Saint-Louis, va entraîner une nouvelle rébellion de Lat Dior. Il est alors destitué 1882, et remplacé par Samba Yaya Fall, puis par son neveu, Samba Laobé Fall. Lat Dior s’exile de nouveau au Djolof, auprès d’Alboury Ndiaye. Les Français obligent Alboury à l’expulser du Djolof.

Trop fier de lui, Lat Dior revient au Cayor et décide de libérer sa patrie au prix de sa vie. Il tombe le 26 octobre 1886, à la bataille de Dékhélé, au cours de laquelle le capitaine Valois a été aidé par l’un de ces anciens fidèle, Demba War Sall. Behanzin accède au trône du Dahomey, actuel Bénin, en 1869, succédant à son père, Glélé. Cette période coïncide avec l’invasion coloniale française à laquelle il s’oppose farouchement. En effet, son royaume entravait l’expansion Française au Niger. Son armée valeureuse très disciplinée, et comprenant un corps de femmes-soldat (les amazones), a vaillamment résisté de 1890 à 1894, à l’expédition français.

En 1892, sous des prétextes futiles le colonel Dodds, à la tête de 3000 hommes, envahit le Dahomey. Béhanzin fut vaincu par la trahison de ses compatriotes, mais résista pendant deux ans. Il est capturé en 1894 et déporté à la Martinique puis en Algérie ou il meurt en 1906.

Le roi du Sine Coumba Ndoffène Famak Diouf, littéralement Coumba Ndoffène Diouf Senior, dans le cadre de la résistance opposée par le peuple sérère du Royaume du Sine, dirigea la bataille de Logandème livrée le 18 mai 1859 contre les troupes coloniales françaises ayant à leur tête Louis Faidherbe, nommé gouverneur du Sénégal par le gouvernement français à Paris. L'affrontement a eu lieu à Logandème, un quartier de Fatick, qui faisait partie du royaume précolonial sérère du Sine, une région du Sénégal indépendant.

Après la défaite de la reine Ndaté Yalla Mbodj du Waalo en 1855, Faidherbe avait décidé de lancer des guerres contre les royaumes sérères du Sine et du Saloum. Il avait déclaré tous les traités déjà signés entre les rois Sérères et les Français, ceux en faveur des Sérères, nuls et non avenus et avait demandé la mise en place de nouveaux traités selon les termes de Faidherbe. D'après des chercheurs, comme Klein, c'était une énorme erreur de la part des Français, car ouvrant la voie aux rois Sérères futurs pour utiliser le même tactique contre les Français, en particulier Maad a Sinig San-Moon Faye, le successeur de Maad Kumba Coumba Ndoffène en 1871.

La révocation des droits excessifs des coutumes traditionnelles versés par les marchands français à la Couronne, le refus des rois Sérères d'avoir à acheter français et de posséder des terres dans les pays sérères ou de construire dans la maçonnerie (voir Maad a Sinig Hama Diouf Gnilane Faye Diouf) étaient tous des facteurs contribuant à cette guerre. En mai 1859, Faidherbe arrive à Gorée avec 200 tirailleurs et 160 troupes de marine. Il rassemble la garnison de Gorée, des gens de Gorée, de Rufisque et des Lébous de Dakar pour lutter contre les Sérères du Sine. Dans une lettre envoyée à Paris en ce qui concerne la façon dont il a prétendument réussi à obtenir le soutien des Wolofs et des Lébous, il rapporte : « Je leur ai dit qu'ils étaient Français, et que pour cette raison ils ont dû prendre les armes pour se joindre à nous et ont eu à participer à l'expédition que nous allons faire contre leurs voisins pour obtenir des réparations pour les torts de ces personnes avaient fait pour nous ».

De Rufisque, les troupes françaises entrent à Joal, l'une des principautés du Royaume du Sine. Dans Joal, ils se heurtèrent au Buumi - prince héritier - Sanmoon Faye, qui était en patrouille avec certaines des forces du Sine. Pris par surprise et totalement ignorant de ce que les forces françaises faisaient en pays sérère, les deux parties ouvrent le feu. La force de patrouille du Sine fut forcée de se retirer, mais deux de ses membres furent capturés par les Français, et on confia à l'un d'eux la tâche d'aller dire à Maad Coumba Ndoffène Famak Diouf que l'armée française serait à Fatick dans trois jours. Il faut expliquer en passant que Fatick était l'une des plus importantes principautés du royaume du Sine.

Dans la matinée du 18 mai 1859, l'armée française arrive à Fatick et prend ses positions. Le roi du Sine et son armée qui a été mobilisée par le son des junjung (les tambours de guerre sacrés du Sine), montaient la garde à Logandème. Vers 9 heures, l'armée Sérères ouvre le feu contre les forces françaises. Les Français ripostent et la bataille commence. A 9 h 30, bouleversés par la puissance militaire française, Maad a Sinig Coumba Ndoffène Famak Diouf et ses forces ont été contraints de faire une retraite précipitée. Quelques minutes plus tard, le roi du Sine et sa cavalerie réapparaissent sur le champ de bataille. Cependant, étant incapables de rompre les rangs français, ils sont finalement vaincus. Après la victoire française, le gouverneur Louis Faidherbe donne l'ordre de brûler Fatick et les villages environnants. Faidherbe a affirmé que 150 Sérères étaient « tués ou blessés, mais que la force française avait seulement cinq blessés ».

Le gouvernement français à Paris a critiqué Faidherbe pour avoir effectué une expédition militaire sans l'en aviser. En réponse à cette critique, Faidherbe a affirmé qu'il ne faisait qu'occuper une superficie qui appartenait à la France depuis 1679. Selon les historiens, comme Klein, Faidherbe a joué avec les mots et a élaboré la politique de base au Sénégal, aboutissant à une occupation d'une zone qui n'avait jamais appartenu à la France. Ni le Royaume du Sine, ni aucune de ses provinces n'avait jamais appartenu aux français. En 1898, il est surpris et capturé dans sont camp de Guélémou par le colonel Gouraud. Déporté aux Gabon, il y meurt en 1900.

LES RÉSISTANCES PASSIVES
Elles ont été spontanées, populaires, culturelles, villageoises ou sous la direction de chefs religieux et de chefs traditionnels. Le refus de soumission à l’autorité coloniale s'exprime à travers des désertions, des actions de sabotage, la désobéissance civile et le refus à l’assimilation culturelle.

Aline Sitoé Diatta est née vers 1920 à Kabrousse, un village du département d’Oussouye, en Casamance. En 1940, elle résiste au colonisateur Français, en exhortant ces concitoyens à la désobéissance civile : refus de payer l’impôt et de reconnaitre le pouvoir de l’homme blanc. Elle élabore une doctrine basée sur les principes suivant :

Sur le plan religieux, elle œuvre pour le retour aux croyances traditionnelles.
Sur le plan politique, elle brandit l’étendard de la révolution contre l’occupant Français
en réaffirmant le droit ancestral des Noirs sur la terre d’Afrique.
Sur le plan économique elle recommande aux populations de boycotter la culture de
l’arachide, source de dépendance économique, et de développé les cultures vivrières.
Cette forme de résistance gêna l’administration coloniale qui finit par déporter Aline Sitoé Diatta au Mali. Elle mourut à Tomboutou le 28 mai 1944.

Si Senghor a prôné le métissage et, partant, la civilisation de l'universel, c'est que chaque côté a son côté positif et son côté obscur. Là où le Nègre, comme l'Aztèque, le Zapotec ou l'Inca gardait une relation naturelle avec son environnement et l'universel de par sa cosmogonie et sa culture, l'Occidental se déshumanisait sous les faisceaux intégrateurs d'un système basé sur la technique sur laquelle elle s'appuyait pour se proclamer maître d'un monde dont elle ravageait une à une ses richesses.

Le Nègre, comme les Indiens d'Amérique à travers Chief Seattle, aspirait à des choses plus simples, à un humanisme naturel et naturaliste qui semble forcé de disparaître, effacé par la règle et l’équerre : « Mon calvaire. Je voyais dans un songe tous les pays aux quatre coins de l’horizon soumis à la règle et au compas. Les forêts fauchées les collines anéanties, vallées et fleuves dans les fers. Je voyais les pays aux quatre coins de l’horizon sous la grille tracée par les doubles routes de fer, je voyais les pays du Sud comme une fourmilière de silence au travail. Le travail est saint, mais le travail n’est plus le geste, le tam-tam ni la voix ne rythment plus les gestes des saisons… ».

Le remous incessant des paragraphes formant la présentation des royaumes francs contraste terriblement avec le caractère humain qu’appose le Kaya Magan à travers son empire. L’organisation semble concertée, le chef semble être père de famille, protecteur mais en même temps gardant la capacité d’écouter « dans le bois la complainte murmuré », tel Coumba Ndoffène Diouf, le pèlerin royal parcourant ses provinces, précédés par le bruit de ses aïeux et ses dioung-dioungs.

Ce qui est très important et qu’il ne faut jamais perdre de vue c’est que, chez Senghor, l’essence même de l’homme n’est pas dans la technique, peut-être dans la technicité. Il a en opprobre le fruit ultime de l’esprit déployé par l’Occident à travers les âges, fruit ultime qui n’est pas celui de souder les cœurs mais de distiller les chairs humaines. D’ailleurs dans le paradis, ce n’est jamais la technique qui est mise en avant, mais le panorama décrit dans son poème, le « Kaya Magan »:

« Le ravissement de vous émaillant les plaines du silence !
Vous voici quotidiennes mes fleurs mes étoiles, vous voici à la joie de mon festin.
Donc paissez mes mamelles d’abondance, et je ne mange pas qui suis source de joie.
Paissez mes seins forts d’homme, l’herbe de lait qui luit sur ma poitrine »

et encore :

« Je suis le buffle qui se rit du Lion, de ses fusils chargés jusqu’à la gueule.
Et il faudra bien qu’il se prémunisse dans l’enceinte de ses murailles.
Mon empire est celui des proscrits de César, des grands bannis de la raison ou de l’instinct ».

Cela ne rappelle-t-il pas un passage de la Bible ? Voyons : « Le loup et l'agneau paîtront ensemble, et le lion mangera de la paille comme le bœuf; et la poussière sera la nourriture du serpent. On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas sur toute ma montagne sainte, dit l'Éternel ».

Voilà l’agneau qui paît avec le loup, le buffle qui se rit du Lion, le paradis, l’Eden, la Paix. Quelle place pour les fusils chargés jusqu’à la gueule, les fusils de Ceux-qui-nous-définirent-comme-sous-homme ? Qu’ils prennent garde, qu’ils se prémunissent dans l’enceinte de ses murailles, car l’empire du poète, nouveau Kaya Magan, est l’empire des proscrits de César, dont voici, en partie, les termes de la proscription :

« Marcus Lepidus, Marcus Antonius et Octavius Caesar, choisis par le peuple pour gouverner et mettre la république sur le droit chemin, déclarent que, si de perfides traîtres n'avaient pas demandé pitié et quand ils l'ont obtenue n'étaient pas devenus les ennemis de leurs bienfaiteurs et n'avaient pas conspiré contre eux, Gaius Caesar n'aurait pas été massacré par ceux qu'il a sauvé par sa clémence après les avoir capturé lors de la guerre, ceux qu'il a considérés comme des amis et à qui il a donné des charges, des honneurs et des cadeaux ; et nous ne devrions pas être obligés d'employer cette sévérité contre ceux qui nous ont insultés et nous ont déclarés ennemis publics » Il a opté pour l’empire des grands bannis de la raison ou de l’instinct, ceux que l’on ne voit qu’en sous-hommes. Mais si l’empire du Nouveau Kaya Magan est celui des proscrits de César, c’est certainement à cause de la teneur du premier paragraphe : « Marcus Lepidus, Marcus Antonius et Octavius Caesar, choisis par le peuple pour gouverner et mettre la république sur le droit chemin, déclarent que, si de perfides traîtres n'avaient pas demandé pitié et quand ils l'ont obtenue n'étaient pas devenus les ennemis de leurs bienfaiteurs et n'avaient pas conspiré contre eux, Gaius Caesar n'aurait pas été massacré par ceux qu'il a sauvé par sa clémence après les avoir capturé lors de la guerre, ceux qu'il a considéré comme des amis et à qui il a donné des charges, des honneurs et des cadeaux ; et nous ne devrions pas être obligés d'employer cette sévérité contre ceux qui nous ont insultés et nous ont déclarés ennemis publics ».

Ici, les bienfaiteurs c’est le colon qui va reprocher aux colonisés de s’être révoltés après tant de bienfaits civilisateurs, après l’ouverture à tant de richesses ou bien d’avoir demandé l’indépendance. C’est la bombe lâchée dans le jardin gagné des épines, le discours de non assimilation de la Chambre de Commerce de Dakar. Mais pouvait-il en être autrement ?

Dans Orphée noir, Jean-Paul Sartre abordera le même thème en d’autres termes : « Qu'est-ce donc que vous espériez, quand vous ôtiez le bâillon qui fermait ces bouches noires ? Qu'elles allaient entonner vos louanges ? Ces têtes que nos pères avaient courbées jusqu'à terre par la force, pensiez-vous, quand elles se relèveraient, lire l'adoration dans leurs yeux ? Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d'être vus. Car le blanc a joui trois mille ans du privilège de voir sans qu'on le voie ; il était regard pur, la lumière de ses yeux tirait toute chose de l'ombre natale, la blancheur de sa peau c'était un regard encore, de la lumière condensée. L'homme blanc, blanc parce qu'il était homme, blanc comme le jour, blanc comme la vérité, blanc comme la vertu, éclairait la création comme une torche, dévoilait l'essence secrète et blanche des êtres. Aujourd'hui ces hommes noirs nous regardent et notre regard rentre dans nos yeux ; des torches noires, à leur tour, éclairent le monde et nos têtes blanches ne sont plus que de petits lampions balancés par le vent » . Césaire dira : « Ecoutez le monde blanc horriblement las de son effort immense ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures, ses raideurs d'acier bleu transperçant la chair mystique écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs ».

Pour s’associer au poète et donner le coup de grâce, Sartre continue : « Nous voilà finis, nos victoires, le ventre en l'air, laissent voir leurs entrailles, notre défaite secrète. Si nous voulons faire craquer cette infinitude qui nous emprisonne, nous ne pouvons plus compter sur les privilèges de notre race, de notre couleur, de nos techniques : nous ne pourrons nous rejoindre à cette totalité d'où ces yeux noirs nous exilent qu'en arrachant nos maillots blancs pour tenter simplement d'être des hommes ».

Le coup est lâché. Pour la Négritude, le problème, encore une fois, ne se pose pas en termes de techniques, d’inventions, bien qu’elle ne s’oppose à la technicité. Ces choses ne sont pas exclues, mais sont reléguées au deuxième plan puisque devant être au service de l’homme et non un moyen de sa destruction. Pour réellement appréhender la répugnance que Senghor éprouve devant la technique du blanc, il faut visualiser la superbe série « Les Grandes Batailles » du documentariste et auteur de télévision Daniel Costelle. Dans « Chant de printemps », Senghor, comme un reporter de guerre, caméra sur l’épaule, braque l'objectif sur une de ces scènes horribles de la Deuxième Guerre mondiale et nous montre la jungle moderne et destructrice qui s’est apposée sur l’originale de l’Afrique : « Ecoute mon ami, lointain et sourd, le grondement précoce de la tornade comme un feu roulant de brousse. Et mon sang crie d’angoisse dans l’abandon de ma tête trop lourde livrée aux courants électriques. Ah ! Là-bas l’orage soudain, c’est l’incendie des côtes blanches de la blanche paix de l’Afrique mienne. Et dans la nuit où tonnent de grandes déchirures de métal, entends plus près de nous, sur trois cents kilomètres, tous les hurlements des chacals sans lune et les miaulements félins des balles, entends les rugissements brefs des canons et les barrissements des pachydermes de cent tonnes. Est-ce l’Afrique encore cette île mouvante, cet ordre de bataille, cette longue ligne rectiligne, cette ligne d’acier et de feu ?... Mais entends l’ouragan des aigles-forteresses, les escadres aériennes tirant à pleins sabords et foudroyant les capitales dans la seconde de l’éclair. Et les lourdes locomotives bondissent au-dessus des cathédrales et les cités superbes flambent, mais bien plus jaunes, mais bien plus sèches qu’herbes de brousse en saison sèche. Et voici que les hautes tours, orgueil des hommes, tombent comme les géants des forêts avec un bruit de plâtras… »

Voyant que le Blanc s’est positionné dans sa technique qui a la terrifiante capacité de destruction, pourquoi l’humaniste revendiquerait-il une place auprès de lui, pourquoi lui lancerait-il un défi dans ce Colysée du carnage, de la déshumanisation ? Et en plus, science et technologie ne sont pas des synonymes, la dernière étant, d’un point de vue, fille de l’autre, son application.

Il serait malhonnête pour les pères de la Négritude de nier les avancées de l’autre, mais ce sont des avancées qui, en dépit de notre monde qui semble ne pas pouvoir ou plutôt oser s’arrêter et prendre une autre direction, leur sont répugnantes. Et ils ne sont pas les seuls. Depuis l’avènement de la bombe atomique, la course à l’armement et maintenant tous les projets visant au clonage, à la production des OGM, beaucoup d’Occidentaux ont commencé à sérieusement se poser des questions et à s’engager corps et âmes contre les garanties précaires, les expérimentations hasardeuses. En réalité, l’autre camp n’a de couleur que dans la mesure où l’on s’est servi de la couleur du Nègre pour faire accepter l’assujettissement. Même sans colonisation, le Nègre se serait senti solitaire dans le système déporté chez lui, solitaire dans la globalisation devenue petit à petit mondialision, le contraire même de la Civilisation de l'Universel. C’est le choc des cultures que toute personne ressent lorsqu'elle sent que la sienne est submergée par une autre. Ici le degré est toutefois fatal, puisque découlant d’une imposition après assujettissement et reniement. Déjà en 1992, un collègue finlandais regardait froidement les avancées de la mise en place de l'Union Europénne : premièrement il y aura un mouvement des nations vers cette union mais, avec le temps, à cause de géants qui sembleront dicter les voies à suivre, en particulier l'Allemagne, la France et l'Angleterre, on risque de voir un nationalisme se redresser dans les petites nations pour contrer cette langue qui les happe pour faire disparaître leur identité intrinsèque. L'etat actuel des choses semble confirmer cette vision avec les menaces de la Grèce à un certain moement donné et une grande suprise qui laisse tout le monde pantoi, à savoir le Brexit entamé par une des premières puissances de l'Union.

Le réveil brutal à cet état de fait de la nature de la science appliquée a poussé au développement ou la remise en surface de l’étique de la science et poser la question : Une Science au service de l’humanité ou une menace ? Nous savons que « Pour beaucoup de scientifiques, techniciens et bien d’autres personnes, la science et la technologie sont intrinsèquement bénéfiques à l’humanité. Depuis trois siècles, l’essor des sciences et leur impact social ont été énormes. Pourtant, la recherche scientifique depuis 1945 est caractérisée par la prééminence du secteur militaire. La science et la technique ont créé la plus grande menace ayant jamais existé pour l’homme et toute la vie terrestre : la bombe atomique. Plus récemment, les recherches dans le domaine de la génétique et les avancées en matière de clonage humain ont projeté sur nos écrans des images de chercheurs “ docteurs folamours diaboliques”. Face à cela, il s’avère urgent de se demander, comment, et sur quelles bases saines, engager l’esprit imaginatif, l’énergie intellectuelle et matérielle consacrés à la recherche et ses applications ».

Tout récemment, le célèbre cosmologiste et physicien britannique Stephen Hawking, né le 8 janvier 1942 à Oxford, a expliqué, en marge d’une conférence pour la BBC, que le genre humain était en passe de devoir affronter ses moments les plus difficiles; que le progrès génère des dangers existentiels. D’après Monsieur Hawking, il est presque certain qu’une catastrophe frappera la planète Terre d’ici un à dix milliers d’années. En revanche, « nous n’établirons pas de colonie autarcique dans l’espace avant au moins les cent prochaines années, donc nous devons être très prudents durant cette période », a-t-il expliqué à la chaîne britannique Radio Times.

Cette inquiétude est partagée par Carl Sagan qui, en plus d’être un astrophysicien connu pour son scepticisme, était également un homme lucide et visiblement visionnaire. Il a fait « une prédiction » sinistre sur l’avenir du monde il y a de cela plus de 20 ans : « En 1995, l’astrophysicien Carl Sagan, publiait un livre intitulé « The Demon-Haunted World », un manifeste du rationalisme et du développement des connaissances qui met en garde contre les dangers des pseudosciences et de l’analphabétisme scientifique et qui encourage ses lecteurs à apprendre la pensée critique et sceptique. Il semblerait qu’en plus d’être doué dans son domaine, l’astrophysicien était également visionnaire : Carl Sagan nous parle de baisse des emplois manufacturiers, d’une certaine défiance de la population envers la politique et des politiciens qui ne peuvent ou ne veulent représenter l’intérêt de tous et de technologies révolutionnaires et brillantes qui ne semblent pas servir le bien public. Sagan prédit alors un penchant de plus en plus prononcé pour les superstitions et les pseudosciences et, encore plus inquiétant, et que le public sera intellectuellement incapable de distinguer ce qui servira ses intérêts ou non.

C'est le même état de fait qui a donné naissance au mouvement éthique dans les sciences, mouvement dont nous donnerons ci-dessous, les textes majeurs qu'il a engendrés. Ce mouvement est né « d’une prise de conscience interne. La réflexion éthique sur les sciences a des origines très anciennes. En fait elle a toujours été présente sous la forme d’une question qui hante toute démarche de recherche et application scientifique : « que faire ?», ou encore à travers les écrits et discours de grands noms de la science comme Rabelais « Science et conscience », Pascal et bien d’autres. Plus récemment, le siècle qui vient de s’achever a été jalonné de remises en question sérieuses du bien fondé de la recherche et de ses applications aux vues de certaines conséquences catastrophiques pour l’humanité.

« Au XXème siècle, des évènements dramatiques obligent les sciences à se doter de textes véritables gardes fous éthiques. La Première Guerre Mondiale a semé un vent de panique : des millions de jeunes fauchés par des techniques de mort perfectionnées, une génération martyrisée qui provoqua un ressentiment anti science profond dans les années vingt. 1945, un double choc terrible pour les consciences : la bombe d’Hiroshima et la découverte d’Auschwitz. Le monde scientifique se mobilise. En lien direct avec Auschwitz, et à l’initiative des biologistes et des médecins est né en 1947 le code de Nuremberg pour encadrer strictement l’expérimentation sur les êtres humains. Après Hiroshima et principalement à l’initiative des physiciens en 1955 le Manifeste Russell - Einstein voit le jour. Il est publié à Londres le 9 Juillet 1955 ».

Deux ans plus tard, les Mouvements de Pugwash pour la science et les affaires mondiales sont instaurées. Elles recevront le prix Nobel de la Paix en 1995, puis suit le Traité de Non Prolifération Nucléaire, TPN , signé le 1er juillet 1968 puis promulgué en 1969 pour 25 ans puis renouvelé, et enfin le manifeste de Séville, diffusé par décision de la Conférence générale de l'UNESCO à sa vingt-cinquième session à Paris, France le 16 novembre 1989.

Ce fut en 1986 que des scientifiques des quatre coins de la planète rédigèrent ce manifeste, y dénonçant des a priori pseudo scientifiques sur la violence. Là ils déclarent qu’il est de leur responsabilité d’attirer l’attention de tous sur les activités les plus dangereuses et les plus destructrices de notre espèce à savoir la violence et la guerre.

Rédigé sous formes de cinq propositions, ils y dénoncent les a priori qui font que plus de 50% des jeunes du monde entier croient au mythe selon lequel la violence et la guerre seraient inhérentes à la nature humaine, opinion probablement partagée par une large partie du public quelque que soit l’âge, le niveau d’instruction et l’origine sociale.

Contre les secousses de la science qui ne cessent de se répercuter, la lutte continue toujours, comme un écho venu du fond du cœur des hommes de la Négritude, cet humanisme profond qui se veut début et fin de l’homme, sa raison d’être. L’un d’entre eux n’a-t-il pas dit : « Et au-delà, la plaine soudanaise que dessèchent le Vent d’Est et les maîtres nordiques du Temps et les belles routes noires luisantes que bordent les sables, rien que les sables les impôts les corvées les chicottes et la seule rosée des crachats pour leurs soifs inextinguibles au souvenir des verts pâturages atlantidiens, car les barrages des ingénieurs n’ont pas apaisé la soif des âmes dans les villages polytechniques » ?

La négritude chante la différence, réfute et refuse la déshumanisation de l’homme, « l’appel des caméléons sourds de la métamorphose ». Voilà l’un de ses pères qui convoite la simplicité humaine de la vie en ironisant les gadgets étalés comme une fourrure renouvelée de la Bête, ou une fourrure de la Bête renouvelée : « Vous ignorez le bon pain blanc et le lait et le sel, et les mets substantiels qui ne nourrissent pas, qui divisent les civils et la foule des boulevards, les somnambules qui ont renié leur identité d’homme, caméléons sourds de la métamorphose, et leur honte vous fixe dans votre cage de solitude. Vous ignorez les restaurants et les piscines, et la noblesse au sang noir interdite, et la Science et l’Humanité, dressant leurs cordons de police aux frontières de la négritude ». Un autre père dira : « Au bout du petit matin ...Va-t-en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t-en je déteste les larbins de l'ordre et les hannetons de l'espérance. Va-t-en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournai vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d'une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d'une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les monstres et j'entendais monter de l'autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d'un sacré soleil vénérien ».

Ne serait-il pas prétentieux de notre part de vouloir recadrer la dimension de la Négritude ? Ne serait-ce pas trop ? Nous disons non, si l’on prend en compte la valse lancinante des écrits de ses pères. Bien sûr, puisque dès le départ le Nègre est attaqué dans sa couleur, à travers sa couleur, puis réduit en quasi animal dont la langue n’est pas aussi développée que cela et dont les coutumes sont barbares, et qu’il fallait par conséquence le classer comme un énergumène particulier d’un niveau un peu plus évolué que les autres primates – après tout, le chimpanzé a des choses plus proches de l’homme que le lion, donc pourquoi pas le Nègre juste un peu plus que le Chimpanzé mais n’arrivant même pas à la cheville de l’Occidental, du Caucasien ? – sa première réaction est de se redispositionner par rapport aux accusations. Ou aurions-nous du dire par rapport aux condamnations ?

Il est vrai que l’homme blanc, classificateur des genres, a beaucoup créé et apposé sa raison de fer sur la nature. Il a redonné visage à mille choses ; il sait vider la terre de ses entrailles comme les moustiques vident le sang des enfants ; il a défié la pesanteur, s’est arraché de la terre, puis déplié des ailes plus larges que palmes de rôniers au-dessus de la cime des arbres ; il a créé des étoiles filantes que l’on peut voir la nuit, lentes comme des tortues à l’échelle des météores de Dieu ; il sait transformer en four toute une ville et le chauffer si terriblement que la farine surréelle, chair humaine, acier, colonnes de bétons devienne plus fine que cendre ; il a commencé la vente de terrains sur la lune ; devant l’arbre fruitier il voit les lignes rabotées d’un fauteuil Louis XIV dans un salon ; la mer est parcourue de lignes imaginaires, grand gâteau réparti entre les nations qui déploieront leurs filets contre les enfants de ma vie marine tandis qu’au loin un sexe d’acier fouille l’oreiller profond des baleines et des dauphins ; c’est vrai qu’au soir, repu du bruit citadin, l’on déploie le cocktail de sirènes et de klaxons et de mégaphones des enfants initiés au nid secret de Mammon.

LE MOUVEMENT NEGRITUDE
C'est dans le lot des résistances passives qu'il faut bien mettre le mouvement de la Négritude. Intellectuels assemblés dans la métropole et vivant au quotidien la discrimination à titre personnel ou bien à partir des échos qui leur parviennet des colonies et la politique qui y est appliquée, ils ne pouvaient rester sourds ou bien aveugles face aux rires bananias sur les murs de Paris. Après la Deuxième guerre mondiale et vu le degré de barbare déployé par l'Esprit Evolué et Super Homme, cela le pouvait plus émouvoir le Nègre. Ce n’est pas cela son aspiration, car tout au long des barricades longeant ces éléments, le compagnon-jamais-absent semble être la déshumanisation. L’homme s’érige d’emblée en instrument, une enveloppe pour cette Bête terrassée qui semble somnoler tout en grognant sournoisement en guise de ronflement. Le Nègre veut se tourner « vers le paradis pour lui et les siens - entendez l’homme blanc - perdu, plus calme que la face d'une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d'une pensée jamais lasse, nourrir le vent, délacer les monstres ». Il entend « monter de l'autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane [qu’il] porte toujours dans [ses] profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d'un sacré soleil vénérien » .

Jean Paul Sartre dira : « Il est un autre motif qui court comme une grosse artère à travers ce recueil : « Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole ... » Ils savent en ses moindres recoins le pays de souffrance ... A l'absurde agitation utilitaire du blanc, le noir oppose l'authenticité recueillie de sa souffrance ; parce qu'elle a eu l'horrible privilège de toucher le fond du malheur, la race noire est une race élue. Et bien que ces poèmes soient de bout en bout antichrétiens, on pourrait, de ce point de vue, nommer la négritude une Passion : le noir conscient de soi se représente ses propres yeux comme l'homme qui a pris sur soi toute la douleur humaine et qui souffre pour tous, même pour le blanc : La trompette d'Armstrong sera au jour du jugement l'interprète des douleurs de l'homme. »

Devant la technique vers laquelle veut se réfugier le Blanc comme preuve irréfutable de sa suprématie, le Nègre va se dresser, bien avant les mouvements ayant accouché de manifestes et de traités, contre cette ivraie, ces lambeaux de la Bête que l’Humain a tendance à oublier. Il a vécu et veut continuer à vivre dans la simplicité du Paradis, entouré des fleurs de la brousse, des papillons dépliant contre le ciel des tableaux surréels aux couleurs variées, marchant sur la souplesse de sa chair contre le sable fin, prêtant sa chevelure aux caresses des peignes souples des cascades du Zambèze et gardant la mémoire ardente des Ancêtres par delà : « la plaine soudanaise que dessèchent le Vent d’Est et les maîtres nordiques du Temps et les belles routes noires luisantes que bordent les sables, rien que les sables les impôts les corvées les chicottes et la seule rosée des crachats pour leurs soifs inextinguibles au souvenir des verts pâturages atlantidiens, car les barrages des ingénieurs n’ont pas apaisé la soif des âmes dans les villages polytechniques » .

Il veut se dresser contre cette hache qu’on lui a tendue contre les arbres pour des traverses de voies ferrées. Il a dans la mémoire le viol, déchirement des jupes frêles de nos arbres millénaires qui gardaient un alignement des constellations perdu de la mémoire : « Les mains blanches qui abattirent la forêt de rôniers qui dominait l’Afrique, au centre de l’Afrique. Droits et durs les Saras beaux comme les premiers hommes qui sortirent de vos mains brunes. Elles abattirent la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer ; elles abattirent les forêts d’Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu’on manquait de matière première humaine». Ecoutons Césaire nous dire : « Ceux qui n'ont inventé ni la poudre ni la boussole ceux qui n'ont jamais su dompter ni la vapeur ni l'électricité ceux qui n'ont exploré ni les mers ni le ciel ... »

« Mais cette revendication hautaine de la non-technicité renverse la situation : ce qui pouvait passer pour un manque devient source positive de richesse. Le rapport technique avec la Nature la dévoile comme quantité pure, inertie, extériorité : elle meurt. Par Son refus hautain d'être homo faber, le nègre lui rend la vie. Comme si, dans le couple homme-nature, la passivité d'un des termes entraînait nécessairement l'activité de l'autre. A vrai dire, la négritude n'est pas une passivité, puisqu'elle troue la chair du ciel et de la terre : c'est une patience, et la patience apparait comme une imitation active de la passivité. L'action du nègre est d'abord action sur soi. Le noir se dresse et s'immobilise comme un charmeur d'oiseaux et les choses viennent se percher sur les branches de cet arbre faux.

« Il s'agit bien d'une captation du monde, mais magique, par le silence et le repos : en agissant d'abord sur la Nature, le blanc se perd en la perdant ; en agissant d'abord sur soi, le nègre préfère gagner la Nature en se gagnant. Ils s'abandonnent, saisis, à l'exercice de toute chose ignorants des surfaces mais saisis par le mouvement de toute chose insoucieux de compter, mais jouant le jeu du monde véritablement les fils aînés du monde poreux à tous les souffles du monde ...chair de la chair du monde palpitant du mouvement même du monde. On ne pourra se défendre, à cette lecture, de songer à la fameuse distinction qu'a établie Bergson entre l'intelligence et l'intuition.

« Et justement Césaire nous appelle Vainqueurs omniscients et naïfs. De l'outil, le blanc sait tout. Mais tout griffe la surface des choses, il ignore la durée, la vie. La négritude, au contraire, est une compréhension par sympathie. Le secret du noir c'est que les sources de son existence et les racines de l'Être sont identiques. Si l'on voulait donner une interprétation sociale de cette métaphysique, nous dirions qu'une poésie d'agriculteurs s'oppose ici à une prose d'ingénieurs. Il n'est pas vrai, en effet, que le noir ne dispose d'aucune technique : le rapport d'un groupe humain, quel qu'il soit, avec le monde extérieur est toujours technique, d'une manière ou d'une autre. Et, inversement, je dirai que Césaire est injuste : l'avion de Saint-Exupéry qui plisse la terre comme un tapis au-dessous de lui est un organe de dévoilement. Seulement le noir est d'abord un paysan ; la technique agricole est droite patience; elle fait confiance à la vie; elle attend. Planter, c'est enceinter la terre ; ensuite il faut rester immobile, épier : chaque atome de silence est la chance d'un fruit mûr, chaque instant apporte cent fois plus que l'homme n'avait donné, au lieu que l'ouvrier ne retrouve dans le produit manufacturé que ce qu'il y avait mis ; l'homme croît en même temps que ses blés ; de minute en minute il se dépasse et se dore ; aux aguets devant » . Ici, il y a lieu d’appliquer un petit redressement des choses et présenter des excuses surtout celles qui nous sont propres. Mais avant cela, permettez-nous de dire à Sartre que les poèmes ne sont pas antichrétiens. S’il y a un semblant, cela n’émane que du fait qu’en réalité, dans ce combat Nègre, après la restitution culturelle et la mise au point visant à faire voir que le noir n’est que couleur et, partant, émail sur le même élément apposé à l’épiderme du frère-aux-yeux-bleus, rien n’est vraiment propre au Nègre. Tout, d’emblée, part de l’Humain pour retourner à lui comme un boumerang dans sa trajectoire fatale. Donc, en parlant de « Blanc » pour décrire l’autre camp, il se pose un problème de champ sémantique. Il y a des Blancs conscients qui ont l’anima Nègre et qui participent au combat contre les mêmes causes que la Négritude dans son côté extensionnel. En ne cernant pas cette réalité, les Nègres vont tomber sur des pièges terribles qui jonchent notre ère : au lieu d’accepter que certaines transformations sont intrinsèquement liées au développement de l’homme, ils ont tendance à les mettre sur le compte des blancs. Toute société se transforme…

Prenant part dans le combat à côté des Nègres, nous pouvons compter ceux qui permirent que voie le jour le moratoire d’Asilomar sur les manipulations génétiques en 1975, puis lors des nouvelles secousses qui les réveillèrent avec la catastrophe de Tchernobyl en Russie, et l’affaire du sang contaminé en France. Ces évènements avaient provoqué de vives émotions dans les opinions publiques et marqué un tournant, notamment en France, dans les relations entre science et société. Ainsi se pose un nouveau problème relationnel : la science, l’éthique et la responsabilité intergénérationnelle : « La science et la technologie posent des questions nouvelles qui élargissent le champ de réflexion en matière d’éthique. Il en est ainsi des problèmes posés par les déchets radioactifs par exemple, qui crée une responsabilité intergénérationnelle, puisque la question de leur traitement se projette très loin dans le temps. Ces préoccupations se sont traduites par la déclaration universelle sur les devoirs des générations présentes envers les générations futures, adoptée par l’Unesco en 1997, contribuant ainsi au développement d’une éthique commune »...

Source : Banja.blog

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