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dimanche, avril 09, 2023

NINI LA MULÂTRESSE DU SÉNÉGAL PAR ABDOULAYE SADJI

Nini la mulâtresse
ABDOULAYE SADJI, NINI MULATRESSE DU SENEGAL, 1948
INTRODUCTION
La littérature africaine a dans ses débuts été dominée par les écrivains blancs, et quelques auteurs noirs complaisants à l’endroit de la métropole. Mais depuis Batouala de Réné Maran en 1921, une veine réaliste sans complaisance a osé s’exprimer, nonobstant les menaces de l’administration coloniale. Et Abdoulaye Sadji, même s’il n’emprunte pas les sentiers battus, c’est-à-dire de faire une critique systématique du colonisateur, il explore un sujet assez délicat avec une écriture originale dans son roman Nini la mulâtresse du Sénégal publié en 1951.

Nini, la mulâtresse du Sénégal, fait partie des romans de la deuxième période. Cette période, nous l’avons dit, se caractérise par la dénonciation de tous les maux de la colonisation : excès, dérapages, violences, mais aussi de l’influence négative de la colonisation sur le noir. Il faut noter que les écrivains comme Ferdinand Oyono avec ses deux romans : Le Vieux nègre et la Médaille et Une Vie de boy, Mongo Béti avec ses 4 œuvres majeures : Ville cruelle, Le Pauvre Christ de Bomba, Mission terminée, Sans haine et sans amour s’inscrivent aussi dans ce contexte.

Avec Nini, Sadji essaie de montrer le comportement ridicule et ironique d’une mulâtresse qui renie ses origines africaines.

I - PRESENTATION DE L’AUTEUR
Né en 1910 à Rufisque, Abdoulaye Sadji est fils de marabout. Il fréquente d’abord l’école coranique à partir de 4 ans avant de fréquenter l’école primaire à l’âge de 11 ans. Après 3 ans d’études, il obtient le Certificat de Fin d’Etude Elémentaire. Il fut alors affecté au lycée Faidherbe de St-Louis, puis à la prestigieuse Ecole Normale William-Ponty d’où il sort comme instituteur en 1929 à l’âge de 19 ans. Tout en enseignant, il continuera ses études et obtiendra son bac en 1939.

Il enseigna successivement à Ziguinchor, à Thiès, à Kaolack, à St-Louis, à Dagana, à Louga, à Sédhiou et encore à Louga. Il passera quelques temps en France (1948 à 1949) plus précisément à l’Ecole Normale de St-Cloud prés de Paris pour compléter sa formation professionnelle. Ainsi il devient inspecteur de l’enseignement Elémentaire.

Parallèlement à sa vie professionnelle, Abdoulaye Sadji mène une activité d’écrivain. Son roman Nini, la mulâtresse du Sénégal parut d’abord en feuilleton dans la revue Présence Africaine entre 1947 et 1948 et sera édité en 1948 par Présence Africaine. En plus de ce roman, Sadji a écrit Tounka (nouvelle) en 1952, Maimouna en 1953, Un rappel de solde en 1957, Tragique hyménée en 1958 et Modou Fatim en 1960. Il a aussi écrit en collaboration avec Léopold Sédar Senghor un recueil de conte : La Belle histoire de Leuk-le-lièvre. A titre posthume paraîtra son essai Ce que dit la musique africaine en 1985. On notera aussi qu’il a écrit beaucoup d’articles dans différentes revues culturelles de son époque. Il meurt jeune en 1961.

II - L’ŒUVRE :
A – ANALYSE

Nini, la mulâtresse du Sénégal, appartient à une période qui se caractérise par la dénonciation de tous les maux de la colonisation. Cependant, avec Nini, Sadji ne s’arrête pas seulement à montrer le comportement ridicule et ironique d’une mulâtresse qui renie ses origines africaines mais pose aussi un problème d’éducation : l’insertion harmonieuse de la personne métisse dans son monde.

Dans la préface de ce roman, Abdoulaye Sadji écrit : « Nini est l’éternel portrait moral de la mulâtresse, qu’elle soit du Sénégal, des Antilles ou des deux Amériques. C’est le portrait de l’être physiquement et moralement hybride qui, dans l’inconscience de ses réactions les plus spontanées, cherche toujours à s’élever au dessus de la condition qui lui est faite, c’est-à-dire, au dessus d’une humanité qu’il considère comme inférieure mais à laquelle un destin le lie inexorablement. »

B-RESUME

L’histoire du roman se passe dans l’ancienne capitale du Sénégal, Saint-Louis, et durant l’époque coloniale. Il s’agit d’une toute petite tranche de vie d’une mulâtresse Virginie Maerle, connue sous le diminutif Nini. Elle vit avec les seuls parents qui lui restent, sa tante Hortense et sa grand-mère Hélène, des mulâtresses elles aussi. Nini commence à sortir avec un collègue de bureau, le français Jean Martineau. Leur relation devient toujours plus intime, mais le rêve plusieurs fois répété de la jeune fille d’épouser un Blanc et partir avec lui en France va encore s’envoler. Au lendemain de Pacques, Nini reçoit une lettre dans laquelle N’diaye Matar, un noir, lui déclare un « amour passionné et sincère.» Ce fut le comble. Elle, une presque blanche, recevoir une lettre d’amour d’un noir ! Cela est inadmissible et intolérable. Martineau et son ami Perrin seront licenciés par la compagnie les «Entreprises Fluviales » et ils vont devoir rentrer en Europe. Une fois rentré, Martineau épouse une compatriote et retourne en Afrique Equatoriale Française avec elle. La grand-mère de Nini étant morte, pour fuir les mauvaises langues et les chahuts de ses amies, Nini part pour la France après avoir vendu l’immeuble qu’elle avait hérité de ses parents et qui lui fournissait un modeste revenu.

 C-STRUCTURE DU ROMAN

Le roman est constitué de deux grandes parties. La première va de la page 9 à la page 150. La deuxième de la page 151 à la fin. Toutefois, pour une compréhension plus aisée, nous considérerons différentes séquences qui se fondent sur des datent importantes qui coïncident d’ailleurs à des événements ou faits dans les six mois de la vie de l’héroïne, événements aussi qui rythment la vie des ndar-ndar ou saint-louisiens.

1ere séquence : Dès le début, dans le mois de février, le romancier raconte la vie monotone de Nini et son travail de routine au bureau, car elle est dactylographe.

2ème séquence : Il se produit un événement important : la lettre de Ndiaye Matar qui est comptable aux Travaux Publics, bouleverse momentanément la tranquillité de la mulâtresse. Elle se confie à Madou, son amie qui lui propose de se venger de cette déclaration d’amour du Noir. Et là Nini a peur de sa propre couleur, de ce que ce noir lui rappelle ce qu’elle est.

3ème séquence : Autre événement, celui du mariage de Dédée, une mulâtresse avec un Blanc, Monsieur Darrivey, le samedi 27 février. Ce mariage redonne de l’espoir à Nini.

4ème séquence : Sachant que le mariage d’une mulâtresse avec un Blanc est fort possible à Saint-Louis, la famille de Nini décide de prendre le taureau par les cornes. Et afin de réaliser leurs rêves de toujours à travers leur fille, c’est la grand-mère va voir un marabout avec l’aide d’une cousine Khady.

5ème séquence : C’est le 13 juillet, veille de la fête de l’indépendance de la France. Nini invite à dîner ses amis blancs Perrin et Martineau, pour faire manger à ce dernier la potion magique du marabout.

6ème séquence : Cette séquence est une sorte clôture, un dernier acte dans cette tranche de vie de Nini. C’est la fête du 14 juillet aussi. A la liquidation de la compagnie, les Blancs sont remerciés, et ils rentrent à l’hexagone. Nini aussi part pour la France, fuyant ainsi les commérages des ses amies.

D-LES PERSONNAGES

Les personnages principaux de Nini se divisent en trois catégories : les métisses, les blancs et les noirs.

1-Les mulâtresses

Nini : Son vrai nom est Virginie Maerle. C’est une mulâtresse très claire de peau, cheveux blonds et yeux bleus. C’est pourquoi elle se croit et se comporte comme une blanche. Elle concentre en elle seule toutes les contractions de cette « race ». Elle aime le paraitre (tennis, pique-nique, plage). Cependant, Nini est courageuse, lucide et volontaire. C’est pourquoi elle refuse l’aide d’un noir qui lui a trouvé du travail, et décide d’aller vivre en France.
Madou : De son vrai nom Madeleine de Meckey, Madou, contrairement à Nini, a des cheveux crépus, étant fille d’une négresse bon teint. C’est une amie de Nini, mais un peu jalouse d’elle.
Hélène : C’est la grand-mère de Nini. Elle assume ses origines nègres et sollicite sa parente Khady, chaque fois qu’elle a besoin d’elle. Elle aussi avait été aimée par des blancs qui sont partis sans revenir.
Hortense : C’est la tante de Nini, qui, avec Hélène constitue sa seule famille. Comme Hélène, Hortense est attachée à ses deux origines.
Dédée: Mulâtresse, épouse de Darivey
Il y a aussi la tante de Dédée, Sylvie. Elle tient à son gendre et est très jalouse de lui.
La population mulâtresse est constituée également d’autres comparses telles que Nana 76, Lia p. 171, Mimi, Nénée, Nénette, Titi. Elles sont des amies, autant dire des compagnons de Nini.
2- Les blancs

Jean Paul Martineau : Il travaille dans la même entreprise que Nini. Il est sérieux dans son travail, de nature réservé mais objectif dans son jugement. Il trouve Matar N’diaye « comme il faut », distingué. Sa relation avec Nini n’est qu’un passe temps, c’est pourquoi il se mariera en France et se fera affecter en E.F.
Perrin : Il est moins intelligent et moins rêveur que son ami Martineau. Il sort avec Madou l’amie de Nini. Il a un esprit libre et est très gai. C’est ce qui montre son amour de la vie.
Darivey: Européen, adjoint des services civils époux de la mulâtresse Dédée.
Campion : Blanc, sous directeur des travaux publics, ami des noirs
Roddin : Blanc, professeur au lycée Faidherbe, amis des noirs
Le docteur Finot: C’est un esprit ouvert qui n’a pas de préjugé pour la médecine des Noirs
Dru : Blanc, commissaire de police et amant de Nénée mulâtresse dactylographe. Il est présenté comme très méchant.
3 – Les Noirs :

Ndiaye Matar : Ndiaye Matar est « très élégant et correctement vêtu » p. 37 Il est très respectueux et très respecté par les Blancs surtout. D’ailleurs pour le saluer Martineau se lève et entend le titre de respect « monsieur ». C’est le type du civilisé sans perdre sa nature. On peut lire à la page 63 qu’il est « originaire de Dakar, il a été affecté à Saint-Louis, aux Travaux Publics après son succès à la première partie du baccalauréat… » Un peu révolutionnaire, il veut défendre les droits de ses congénères, mêmes ceux des métisses. Mais son vain combat est caricaturé par le narrateur qui le compare à Don Quichotte de la Manche, chevalier de la Triste figure p.66.
Son amour pour Nini est un coup de foudre p. 65. C’est un amour sincère, mais un peu une manière pour lui de sauver Nini de cette race blanche dont elle victime de rejet sans le savoir.

Bakary : le boy de la famille de Nini. Un vrai noir avec la couleur et la tradition. Il représente le type du boy esclave. A cause de lui, Perrin pense que Nini vit l’époque de l’esclavage, par la manière de celle de la traiter. Il est docile et candide. Son français petit nègre le caractérise p.12.
Mamadou : le planton dans le service où travail Nini. Il est le contraire de Bakary. Loin d’être soumis, souvent de mauvaise humeur et très rancunier, mais son travail comme il faut. Il représente le nègre rebelle. Il parle bien français, mais fait toujours exprès de parler wolof avec Nini, histoire de se moquer d’elle.
Khady, c’est la cousine de sa grand-mère Hélène p.119. C’est elle qui servira de relais entre grand-mère Hélène et sa tradition. Elle emmène cette dernière à un marabout manding.
Fatou Fall est une cousine noire de Nini. Elle est très belle, car les Blancs l’apprécient plus qu’à Nini. « Elle est rudement belle, la « djiguène », échappe à Perrin. Et cela est confirmé par son ami qui ajoute « follement séduisante » p.143, à croire que les Blancs en deviennent fous. D’ailleurs Nini en devient même jalouse devant les remarques de ses invités Martineau et Perrin. Durant cette soirée, elle est ainsi décrite par le narrateur : « Fatou Fall a pris sa camisole ajourée, blanche comme la vertu, et un pagne de même couleur travaillé par des rayures noires » p.137
Le marabout manding, représente à la fois l’islam et la religion africaine animiste.
Sylvie : Mère de Dédée
Cette étude des personnages révèle des vérités tues par le narrateur, mais qui peuvent se lire entre les lignes. On retiendra surtout une critique assez sévère vis-à-vis du comportement des mulâtresses qui refusent d’ouvrir les yeux pour voir la vérité en face. Mais on a l’impression qu’elles sont amendées par leur manque de culture, d’études poussées. Comme Nini, elles sont naïves. D’ailleurs tous les intellectuels du livre apprécient les Noirs. Ensuite elles sont le produit de cette race qu’elles détestent, et sont rejetées par celle-là même à laquelle elles aspirent.

E-LES THEMES

Les différents thèmes sont : la colonisation, le racisme, l’esclavage, l’exploitation, la civilisation, la tradition, la religion, l’amour. Le souci de brièveté nous impose de nous limiter à quelques thèmes, qui, de toute façon, englobent les autres thèmes.

L’histoire de la vie de Nini se déroule sur un décor de colonisation. Et c’est ce qui justifie quelque peu le complexe d’infériorité dont sont victimes les mulâtresses qui aspirent à une situation et un statut dont jouissent leurs parents blancs. La colonisation atteint son paroxysme avec la célébration de fête nationale de la puissance coloniale la France, le 14 juillet p.147. La colonisation se caractérise aussi par l’exploitation des ressources du pays. La forte communauté française est une sorte de machine pour piller les ressources africaines, même les filles ne sont pas épargnées, celles qui ont donné naissance à des Nini, Nana, Nenettes… Les « Entreprises Fluviales » qui emploient 42 agents est la preuve palpable de cette volonté de ponction sur les ressources du pays colonisé.

Quant au racisme, il s’organise naturellement, dans la ville de Saint Louis, avec un système de classes hiérarchisées. En effet l’ordre d’importance des races s’établit comme suit : d’abord il y a les Blancs, ensuite les métisses et les Noirs en dernier dans l’échelle sociale. Il faut remarquer quand bien même qu’ « il y a des cloisonnements étanches » p.42 entre les mulâtres, on a trois classes chez les mulâtresses : les presque blanches, les basanées, les peaux foncées, donc plus proches de la couleur noire. Entre ces différentes couleurs, règne une ségrégation mortelle.

La civilisation occidentale est très présente ici avec leur culture du cinéma, des boîtes de nuits, et autres lunchs (ou soupers), etc. Et le narrateur ironise souvent quand il parle « mission civilisatrice » des Blancs. Mission qui se résumerait dès par une débauche sans pudeur, accompagnée de « l’usage effréné de l’alcool et de stupéfiants » p.49

En marge de tout cela, se vit une culture, autant dire une tradition africaine très digne. Ainsi à côté des danses occidentales telles que la valse, monotone. Le narrateur y fait ressortir les oppositions des deux civilisations : « La biguine et la rumba sont les deux modes d’une même réaction pour accepter tout en la repoussant la danse européenne, la civilisation européenne… » p.59

A travers le personnage de Bakary, tout un pan de la tradition africaine est mis à nu. Une tradition faite de croyances mais aussi de superstitions. Il faut lire les nombreuses allusions à la conception nègre de l’univers dans les pages de 113 à 117. Vers la fin de sa vie la grand-mère Hélène va d’ailleurs réclamer les «Tours », ses ancêtres (p.181)

Les religions sont ici présentées comme des moyens auxquels on recourt après déception. La grand-mère Hélène et tante Hortense se sont tournées vers la religion chrétienne après maintes déceptions. Maintenant elles sont abonnées à la messe p.11. Une façon pour elles de faire leur deuil d’illusions de jeunesse. Quand elle a voulu que le Blanc épouse sa petite fille, la vieille ira aussi solliciter l’aide d’un marabout manding, mais au final, c’est elle qui profitera des services du serigne. Ce qui est caractéristique, c’est le syncrétisme religion que vit cette population, aussi bien noire que mulâtre. Même Nini, dans le désespoir accepte les gris-gris (p.122) du marabout tout en louant Jésus Christ. Ce cocktail religieux se retrouve partout surtout chez les Noirs dont Nini blâme la conduite en ces termes : « Ils profitent de toutes les fêtes : la Tabaski et le Ramadan […] les fêtes chrétiennes ou républicaines » p.139. Même les blancs sont tentés par ce syncrétisme, et à l’invocation du muezzin, Martineau et Perrin faillirent faire un signe de croix p. 22.

Le thème de l’amour est le ressort du roman. Chez Nini l’amour ne signifie rien. Ainsi s’interroge-t-elle sur l’amour prescrit par la religion « Aimez-vous les uns les autres ». On dit d’elle que « L’amour, pour elle, reste un simple sport » (p.176). Ce qui fait que le seul vrai amour dans l’histoire est peut-être que celui Ndiaye Matar éprouve pour Nini. Ce coup de foudre dont il est victime lorsqu’il a vu pour la première fois Nini au bureau où elle travail. Mais cet amour est quelque peu faussé parle le désire du Noir de venger la mulâtresse de ces aventuriers blancs. Qui parle d’amour parle de beauté. La beauté est souvent louée dans le roman. De toute façon métisse rime souvent avec beauté. La fausse et naïve question de Nini « Peut-on parler de beauté chez la négresse ? » (p.145) ne doit occulter la beauté de la femme africaine. Se référer au poème « Femme nue femme noire » de L. S. Senghor dans Chants d’ombre publié en 1945

F-LE STYLE

L’écriture du romancier est simple, très dense parfois et accessible à tout lecteur, ce qui dénote son programme de toucher le plus grand nombre de lecteurs. Sa technique réside dans sa manière d’explorer l’inconscient collectif des mulâtresses, à travers l’écriture d’une fiction où dominent le rêve et le cauchemar. Il donne à son texte, dans divers endroits, une orientation double : le Noir et le Blanc ; la nuit et le jour. Et Nini est entre les deux, elle est la mulâtresse, elle est aussi l’aube, aussi aime-t-elle cette heure jusqu’à se lever sans avoir quelque chose de particulier à faire. (Cela justifie sa crainte du Noir, et même de la nuit. Elle fait des cauchemars et, elle a hâte de voir le lever du jour pour rêver) Nini fait un cauchemar quand elle rêve d’un Noir (p.13), et le songe est un simple rêve s’il s’agit d’un Blanc. Ces deux tendances traduisent ces deux appartenances. Le vocabulaire utilisé par le narrateur est très édifiant, car le chant lexical du rêve domine largement : « illuminé » (p.13), « réflexions », « torpeur » (p.48), « illusion » (p.71), « chimères » (p.176).

A la page 33, on voit que même éveillée, Nini rêve : « Nini rêve au lieu de lire ». Le rêve de Nini (il s’agit de Martineau) s’envole avec l’avion d’Air France p.252.

Au travers de l’exploitation de la technique du rêve et du cauchemar, on note une écriture très caricaturale, humoristique et même comique.

Et le narrateur toujours exploite le personnage de Nini et de sa clique. Prenons le cas des répétitions des noms presque cocasses des mulâtresses qui ponctuent le texte : Nini, Mimi, Nénée et Nénette. Une analyse onomastique montre que respectivement ni blanche ni noire ; mi blanche mi noire, née blanche née noire ; Nénette est une petite Nénée. « Les Ninis, Nanas, Nénées… » p.95 insiste sur le caractère naïf de ses métisses. A la page 56, « les Ninis, les Riris, les Loulous, les Nanas et Nénettes… ». La plume du romancier on le voit très satirique à l’égard des mulâtresses. Et souvent dans cette volonté délibérée de se moquer de cette race intermédiaire, il se fait complice des Blancs pour la railler (lire pour cela la page de 39). Lorsque Perrin traite Madou et Nini d’ « entraîneuses » et de « vedettes », le narrateur renchérit par une comparaison avec « Joséphine », peut-être Joséphine Baker* (p.83). Lire aussi la page 175.

Parfois même le narrateur utilise la naïveté de Nini pour glisser sa moquerie. La lettre de déclaration d’amour de Ndiaye Matar produit un effet tel que le narrateur saute sur l’occasion pour faire une comparaison avec l’effet que produirait le « passage des météores, des comètes… » (p.62). Il fait une parodie du théâtre et alors l’héroïne est une actrice d’une réalité théâtralisée ; ou encore une actrice de cinéma. Comme qui dirait que Nini et Madou « fait du cinéma », du moins tel est l’avis de leurs camarades qui «se réjouissent à l’idée que cette effervescence tapageuse marque la fin d’un film » (p.175)

CONCLUSION
Nini est un roman très critique. Abdoulaye Sadji y multiplie les coups de boutoir avec des attaques à la grande famille mulâtresse, mais aussi au système colonial dont les enfants, biologiques et psychologiques, sont ici vitupérés. La qualité du récit réside dans l’illusion dans laquelle vivent les personnages et la purge dont l’éventuel lecteur pourrait bénéficier. Pour réussir ce coup de force, le romancier use de beaucoup de moyens que lui offre la langue française, mais aussi la culture africaine, sénégalaise.

Même si on a pu dire que l’auteur a écrit ce roman en réaction à une déception causée par une mulâtresse, il n’en demeure pas moins que c’est la réalité d’une époque qui se lit dans ce roman. Son humour et son ironie permettent de l classer parmi les grands écrivains africains de la littérature coloniale.

GERMINAL PAR ÉMILE ZOLA

Germinal
EMILE ZOLA, GERMINAL, 1885
INTRODUCTION
Germinal :Roman de la lutte des classes, Germinal, en ayant soulevé des thèmes sensibles comme la question sociale, est devenu le symbole du roman politique dans la littérature française. Puissant, poignant, émouvant…, Germinal a marqué des générations de lecteurs et de militants. De plus, grâce à sa véracité (Emile Zola s’est documenté dans les mines) il se veut également un document important sur les rebellions et l’arrivée de marxisme en France.

I - PRESENTATION DE L’AUTEUR
 A – BIOGRAPHIE

Né à Paris en 1840, ZOLA fait ses études dans le Sud de la France à Aix en Provence (où il est condisciple de Cézanne) et à Paris. Après son échec au baccalauréat, il entre à la librairie Hachette pour ficeler les paquets. Remarqué pour son intelligence, on lui confie le service de la publicité, ce qui lui permet de côtoyer les célébrités littéraires de l’époque. Il se lance dans le journalisme en écrivant des articles sur l’art et la politique. En 1898, dans le journal l’Aurore, il publie « j’accuse », lettre ouverte au président de la République, dans laquelle il prend la défense d’Alfred Dreyfus, officier juif accusé à tort de trahison. Cette intervention aura un grand ralentissement et sera déterminante pour la réhabilitation de Dreyfus. Condamné pour diffamation à un an de prison, ZOLA s’exile en Angleterre (1898-1899). Il meurt le 29 septembre 1902 à Paris, asphyxié dans des conditions mystérieuses : accidents, agissement criminels ? Le cinq octobre, Emile Zola est enterré au cimetière Mont Martre accompagné par une foule immense. En 1908, les cendres d’Emile Zola seront transférées au Panthéon.

 B – BIBLIOGRAPHIE

 Auteur prolixe, Emile Zola a produit plusieurs œuvres naturalistes comme :

1864, Les contes de Ninon (recueil de nouvelles) ; 1865 : La confession de Claude (roman, autobiographie) ; 1867 : Thérèse Rouquin ; 1868 : Madeleine Férat ; 1870 : La fortune des Rougon Macquart ; 1871 : La curée ; 1873 : Le ventre de Paris ; 1874 : La conquête de Plassans ; 1875 : La faute de l’abbé Mouret ; 1876 : Son excellence Eugène Rougon ; 1877 : l’Assommoir ; 1878 : Une page d’amour ; 1880 : Nana et les soirées de Medan ; 1882 : Pot bouille et le capitaine Burle ; 1883 : Au bonheur des dames ; 1884 : Naïs Micoulin et la joie de vivre ; 1885 : Germinal ; 1886 : L’œuvre ; 1887 : La terre ; 1888 : Le rêve ; 1890 : La bête humaine ; 1891 : L’argent ; 1892 : la Débâcle ; 1893 : Docteur Pascal, dernier volume des Rougon Macquart ; 1894 : Lourdes ; 1896 : Rome ; 1898 : Paris ; 1899 : Fécondité ; 1900 : Travail ; 1901 : La vérité en marche ; 1903 : Publication posthume de vérité

II – ETUDE DE L’OEUVRE
 A – CONTEXTE HISTORIQUE DE GERMINAL

L’action dans Germinal commence vers 1865 en plein Empire autoritaire.

En 1865 est fondée l’Internationale (I) en France mais elle est dissoute en 1867, suite à un procès intenté par l’Empire. C’est dès cette époque que se créent les mouvements socialistes et qu’éclatent des grèves. Cependant le second Empire ne réprimera violemment une grève qu’en 1868. C’est sous la 3ème République, époque à laquelle Zola écrit, que les soldats tirent. Il ne faut tout de même pas cacher que si les mineurs et ouvriers n’ont pas bronché avant 1872, c’est parce qu’ils avaient peur d’une répression sévère de la part de l’empereur puis du gouvernement des Versaillais, répressions qu’ils vont tout de même rencontrer sous la IIIe République. Si elle répond ainsi aux grèves, c’est parce que les Républicains ont peur que son statut encore faible ne s’effondre.

B – COMPOSITION DE L’OEUVRE

GERMINAL est un roman de 503 pages constitué de 7 parties formées chacune de 5 à 7 chapitres.

1ère partie : « Arrivée d’Etienne au voreu et vie quotidienne des mineurs » (Page 7 à 72.)

2ème partie : « La vie des bourgeois). (Page 73 à 130)

3ème partie : « Amitié d’Etienne et de Catherine et genèse de la grève. » (Page 131 à 190)

4ème partie : « éclatement de la grève ». (Page 191 à 280)

5ème partie : « Manifestations de la grève suivies des drames » (page 281 à 354).

6ème partie : « Amplification des drames » (Page 355 à 415).

7ème partie : « Eboulement du voreux et départ d’Etienne pour Paris ». (Page 417 à 503)

C – RESUME DE L’ŒUVRE

Un jeune chômeur, Etienne Lantier, se fait embaucher aux mines de Montsou, dans le Nord de la France. Il fait la connaissance d’une famille de Mineurs, les Maheu, et tombe amoureux de leur fille Catherine. Mais celle-ci qui n’est pas insensible à Etienne, est ma maîtresse d’un ouvrier brutal, Chaval.
Etienne est révolté par les misérables conditions de vie des mineurs et quand la compagnie des mines, alléguant la crise économique, décide de baisser les salaires ; sa révolte s’exaspère. Rêvant d’une société juste, il propage des idées révolutionnaires et pousse les mineurs à la grève.

Les semaines s’écoulent. Les grévistes affamé se déchaînent en une bande enragée aux cris de : « du pain ! Du pain ! ».

Mais l’armée intervient, et les mineurs se résignent à reprendre le travail. C’est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste, sabote la mine. Les galeries inondées s’effondrent. De nombreux mineurs périssent. Etienne se trouve bloqué avec Catherine et Chaval. Ce dernier le provoque. Etienne le tue et devient l’amant de Catherine qui meurt d’épuisement dans ses bras.

Etienne, sauvé, part pour Paris. Il a perdu ses illusions mais a le cœur plein d’espoir. Il sait qu’un jour viendra où la force ouvrière, encore en germination, s’organisera pour venir à bout des injustices. 

D – ETUDE DES PERSONNAGES

1 – « PARTIE ROUGE » LES OUVRIERS

1-1-LE HEROS : ETIENNE LANTIER

C’est avec lui que s’ouvre et se ferme le roman. Né en 1846, il est le fils de Gervaise Macquart et de son amant Auguste Lantier. Dès l’âge de 12 ans, il travail comme apprenti dans une fabrique de boulons. Par suite, il est envoyé à Lille et devient mécanicien. Au début de Germinal, Etienne a 21 ans. Il est un jeune garçon très brun, joli homme, l’air fort, malgré ses membres menus. Catherine le trouve joli avec son visage fin et ses moustaches noires. Dernier enfant d’une race alcoolique, il est possédé par un mal héréditaire. Il souffre dans sa chair de toute cette ascendance trempée et détraquée d’alcool. Il devient méchant et même a envie de tuer quand il boit. Lorsqu’il arrive à Montsou, il est naïf, timide et n’a guère l’expérience des femmes.

1-2- PERSONNAGES PRINCIPAUX

 CATHERINE : C’est une jeune fille de 15 ans, glette aux cheveux roux, le teint blême de son visage était déjà gâté par les continuels lavages au savon noir. Elle a de grands yeux, d’une limpidité verdâtre d’eau de source dont le visage noir creusait encore le cristal. Courageuse, elle se levait à 4 heures du matin pour préparer le maigre déjeuner de la famille. Elle est l’objet de rivalité entre Etienne et Chaval, un homme jaloux et violant.

 CHAVAL : De son vrai nom Antoine, il est grand, maigre, osseux et âgé de 25 ans. Ses moustaches et sa barbiche rouge flambait dans son visage noir au grands nez en bec d’aigle. Par contraste, Chaval est le rival entreprenant d’Etienne. D’abord triomphant, il sera vaincu par Etienne. C’est aussi le « traître », le jeune qui refuse de participer à la grève et qui trahi par ambition pour devenir porion. Chaval se caractérise par ses revirements, son instabilité affective : d’abord hostile à la grève, puis décide à y participer lors de la réunion du plan des dames, il est rallié à la cause patronale, sous l’influence de Denneulin, se révèle provocateur et briseur de grève.

 SOUVARINE : Machineur au voreux, il est logé chez Rasseneur dans la chambre voisine d’Etienne. Il devait avoir une trentaine d’année mince, blond, avec une figure fine encadrée de grands cheveux avec une barbe légère. Il aimait échanger avec Etienne. Cependant, il était anarchiste et sa philosophie était de tout détruire et voir un nouveau monde émergé. Il sera responsable de l’inondation de la mine.

 1-3- PERSONNAGES SECONDAIRES

 MAHEU (TOUSSAINT) : c’est un bon ouvrier, consciencieux qui travaille dur dans les difficiles conditions de la mine. Il fut trouvé digne d’être le médiateur lors de la rencontre avec Monsieur Hennebeau. Il est âgé de 40 ans et père de 7 enfants.

 LA MAHEUDE (CONSTANCE MAHEU) : C’est l’épouse de Maheu. Elle est une brave femme compréhensive. Elle est âgée de 39 ans et mère de 7 enfants (Zacharie, Catherine, Jeanlin, Alzire, Henri, Léonore et Estelle). Elle prend la tête du cortège des grévistes et pousse son mari à jeter des briques aux soldats qui gardent la fosse.

JEANLIN : il est petit aux membres grêles, les yeux verts et de larges oreilles. Il est galibot dans la mine. Malicieux, rusé, brutal, il est toujours à la recherche de ce qu’il pourrait faire comme mal. Il a 11 ans 

BONNEMORT : de son vrai nom Vincent Maheu, c’est le grand-père de la famille Maheu. Dès l’âge de 8 ans, il est galibot, puis herscheur à 18 ans et enfin, il va être charretier. Il est âgé de 58 ans.

 2 – « PARTI BLEU » LES BOURGEOIS

PHILIPE HENNEBEAU : il est le directeur général des mines de Montsou. Issu d’une famille pauvre, orphelin, il a fait l’école des mines pour devenir ingénieur. Il a épousé la fille d’un riche filateur d’Arras, mais époux malheureux, trahi par sa femme qui le trompe avec son propre neveu Négrel. Il connaît une autre forme de misère que celle des mineurs, la misère morale.

LEON GREGOIRE : Il est âgé de 60 ans, et il est entièrement actionnaire de la compagnie de Montsou. La grève ne l’inquiète pas et il refuse à admettre que la situation est grave. Pour se donner bonne conscience il fait quelques aumônes.

 E – ETUDES THEMATIQUES 

1 – LES THEMES PRINCIPAUX

 1-1-LA GREVE :

La misère des ouvriers, les mauvaises conditions de vie et de travail, la baisse des salaires sera les causes principales de déclenchement de la grève. Les mineurs espéraient avoir gain de causes en optant pour une grève pacifique avec refus de redescendre dans les mines. Mais, ils vont très vite se rendre à l’évidence que le patronat ne les écoutait pas. Ils vont alors entamer des séries de marches et de sabotages des installations des mines afin de forcer la main du patronat et d’empêcher ceux qui veulent descendre de le faire. Ces marches vont parfois dégénérer à des affrontements contre les soldats. Lors d’une marche, les soldats vont tirer sur les mineurs, ce qui va causer la mort de plusieurs mineurs. Cette marche va aussi déterminer l’arrêt de la grève et le retour des mineurs dans les fosses (début de la grève page 179, violence de la grève page 306-350.)

 1-2-LA MISERE :

La misère des ouvriers est largement commentée durant tout le long de l’œuvre. Tout d’abord avant la grève, on peut constater cette misère à travers les conditions de logements des mineurs. Ils vivaient dans de petites maisons, très petites pour le nombre de personne dans la famille. Par exemple chez les Maheu, ils étaient au nombre de dix (10) et ils étaient obligés de se coincer de telle sorte qu’a l’intérieur il fasse chaud qu’à l’extérieur de la maison il faisait très froid. Leur maisons étaient aussi coincées ce qui fait que l’on pouvait savoir ce qui se passe chez les voisins. Pendant la grève cette misère va aller en accroissant, les mineurs n’auront plus de quoi se soigner. Ils seront obligés de vendre leurs biens pour pouvoir acheter un peu de pain. Les femmes allaient mendier s’endetter auprès de Maigrat pour nourrir leur famille. (Illustration à la page 17/ début de la misère pendant la grève page 167-248)

1-3-LA VIOLENCE :

Germinal se caractérise par la violence qui tient une grande place dans son déroulement. C’est l’une des principales raisons pour laquelle la grève échoue. Tout au long du roman, on remarque une progression de cette violence. La montée de la violence est pour une part due à une sorte de réaction des mineurs face à leur impuissance. Cette première manifestation de violence, on la trouve dans la première partie, chapitre IV lorsque Zola écrit « ce matin là, une goutte s’acharnait dans son œil, le faisait juré ».Ici on voit Maheu en prise avec des éléments, il lutte contre la mine. Il refuse de céder aux éléments, alors il réagit avec violence. On le voit par son geste « il donnait de grands coups » (page 41)

La montée de la grève est, d’autre part, due à l’aggravation de la situation. C’est surtout au cours de la troisième partie qu’on voit nettement la progression de la violence. Tout d’abord, l’ingénieur Négrel se fâche à cause des boisages mal faits et leur dit que la compagnie prendra des mesures si le travail est bâclé. En effet, le jour de la paie arrivée, il y a une affiche qui annonce que le boisage sera payé à part. De plus la paie se révèle être très mauvaise. Le nouveau mode de paiement ne satisfait donc personne, car c’est une façon déguisé pour la compagnie de faire des économies sur le dos des mineurs. C’est l’une des principales sources de mécontentement.

On note essentiellement deux sortes de violences : les violences collectives et les violences individuelles.

Les violences individuelles : elles se situent vers le milieu et la fin du roman. On retrouve plusieurs fois Chaval qui bat Catherine et devient de plus en plus violent avec elle au fur et à mesure. La violence individuelle, la plus importante et qui domine presque tout le livre est la haine entre Etienne LANTIER et Chaval. Leur premier regard est rempli de haine, et on les voit se battre à plusieurs reprises. Etienne fini même par tuer Chaval dans la mine. Bonnemort, a fait preuve de violence en étranglant Cécile la fille de Grégoire, venu rendre visite aux Maheu et leur apporter des provisions.
Les violences collectives : elles se manifestent surtout lors des réunions qui sont les moments forts de la violence. Dans la quatrième partie, chapitre 7, on assiste à la réunion dans la forêt près de Montsou. C’est la plus violente car il y a beaucoup plus de monde qu’à la première et aussi parce que les femmes et les enfants y assistent et y participent activement. Pour illustrer cette violence qui éclate, Zola utilise un vocabulaire de phénomènes naturels violents « grondement pareille à un vent d’orage, d’ouragan etc »
La deuxième principale violence collective est lorsque les mineurs de Montsou vont détruire les mines des environs tour à tour et qu’ils s’en prennent aussi aux hommes. Là aussi les femmes et les enfants sont aussi de la partie, ce ne sont pas les moins violents, bien au contraire, ce sont même les pires à certains moments. Par exemple, lorsqu’ils détruisent la salle des machines (la plus importante des violences collectives). En effet, dans la sixième partie les mineurs ont commencé à lancer des pierres à l’armée : la tension monte des deux côtés. L’armée riposte en tirant sur la foule. Les femmes, les enfants, les hommes tombèrent sous les balles. Cet acte de violence sonnera le glas de la grève. C’est ici qu’on voit qu’elle est un véritable échec à cause de la violence qui l’a caractérisé de son début jusqu’à la fin.

2 – THEMES SECONDAIRES

2-1-L’AMOUR :

L’éducation sentimentale d’Etienne se poursuit en même temps que son apprentissage. Maheu lui avait appris son nouveau métier, sa fille Catherine va lui révéler progressivement l’amour. L’aîné des Maheu (Zacharie) se mariant, Etienne se voit proposer la possibilité de loger chez eux. Il accepte. Il est désormais plus souvent avec Catherine et sa forte amitié pour elle se transforme peu à peu en désir ardent. Ce désir est réciproque, mais rien ne se passe. Entre temps elle sera mise avec Chaval dès sa quinzième année. Elle s’unira a Etienne après le meurtre de Chaval quelques instants avant de mourir elle-même. Elle meurt à 16 ans et connaît presque en même temps l’amour et la mort. (Illustration page 488.)

2-2-LA TRAHISON :

C’est au plan des dames, une « vaste clairière qu’une coupe venait d’ouvrir » que les organisateurs de la grève ont choisit de situer la réunion clandestine. Chaval n’est plus écouté, Rasseneur n’intéresse personne, Etienne s’impose comme meneur incontesté. Les mineurs le suivent en partageant ses opinions. La reconduction de la grève est décidée et les mécontents décident de se rendre le lendemain à la fosse Jean Bart encore en activité pour saccager les installations des «traîtres». Chaval tente de sauver sa popularité en les y entraînant : « venez demain à jean Bart et vous verrez si je travail ».

Denneulin apprend que sa fosse se met en grève et tente de convaincre les mineurs de descendre. Il sait que si la grève éclate chez lui, la compagnie avalera sa mine. Il a l’ingénieuse idée de corrompre Chaval. Il voit en lui le meneur et lui propose un poste de chef si la grève est évitée. Personnage égoïste et avide de pouvoir, Chaval accepte et met un terme à la révolte : il trahit Etienne et les mineurs de Montsou.

2-3-LA DEBAUCHE :

L’acte sexuel était dépourvu de sens. Le soir venu ça et là dans les herbes, des couples de défoulaient sans être inquietés de personnes. Dans les maisons, les femmes avaient deux hommes, un la nuit et un autre la journée. (Illustration de la Débauche page 248, 327)

2-4-LA SOUFFRANCE :

L’angoisse, la tristesse et le deuil sont là, les sentiments qui envahissent le cœur des mineurs. Dans l’œuvre, celle qui va le plus souffrir c’est sans conteste la Maheude. Elle va perdre son mari, Catherine, Zacharie et la petite Alzire. Elle va être obligée malgré tout cela de retourner à la mine pour pouvoir nourrir le reste de la famille. (Illustration de souffrance page 248.)

 2-5-LA SOLIDARITE :

Grâce à la révolte, il va se manifester un sentiment de fraternité et de solidarité entre les mineurs. En effet, nous pouvons le remarquer tout d’abord avec la création de la caisse de prévoyance, l’adhésion à l’international qui devait financer et soutenir la grève. De plus, ils se retrouvent pour discuter et partager leurs idées sur le déroulement de la grève. Enfin, ils se soutenaient mutuellement en partageant leurs nourritures avec ceux qui n’en n’avaient pas. Ainsi cette grève va susciter un sentiment qui n’existait pas ou très peu au niveau des mineurs. (Illustration de la solidarité page 207.)

F – LOCALISATION DE L’ESPACE ET DU TEMPS

On a pu se demander comment Zola en était arrivé à fixer son action dans l’espace et le temps.

 1 – L’ESPACE

L’écrivain a visiblement choisi le Nord, en particulier la région de Valenciennes. C’est surtout dans les plaines du Nord que les phénomènes de concentration ont atteint le plus grand développement. La multiplicité des puits de mine et la variété des lieux ont pu amener Zola à choisir de préférence le bassin d’Anzin pour le cadre de son roman.

2 – LE TEMPS

Pour la date, Zola était guidé par de nombreuses raisons. Tout d’abord son personnage central, Etienne était né en 1846.Il était difficile de lui donner moins de 20 ans « il aurait 19 à 21 ans pendant tout Germinal qui doit se passer rapidement en 1865 ».Il fallait aussi à Zola une période critique qui pu s’insérer dans sa chronologie : quoi de mieux que la période de la guerre du Mexique (1861 à 1867) et l’épidémie du choléra en 1865 ? Finalement Zola opta pour les années 1866-1867.Mais s’y ajoute une autre, beaucoup plus simple : « il y ‘a eu une grève momentané dans le bassin d’Azin du 22 au 27 octobre 1866.Vingt huit mineurs furent arrêté, puis jugés et condamnés, (14-15 novembre 1866).Elle a pu servir de catalyseur pour le choix définitif, sinon du lieu, du moins de la date ».

C’est ainsi que l’on peut dater le roman de la façon suivante : première et deuxième partie : premier lundi de mars 1866 ; troisième partie : mars- fin novembre, l’été étant passé sous silence ; quatrième partie : décembre 1866 ; cinquième à septième partie : janvier – février 1867, la dernière page annonçant avril. Tout s’est donc déroulé en 1 an à peu près.

 G – LE STYLE DE L’AUTEUR

En général « si Zola compose bien, il n’écrit pas ».Il abuse semble t-il des lieux communs, des auxiliaires des verbes faibles, utilise trop les « on », les « ça », lie à bon compte de ces phrases, d’une façon souvent monotone. « Il n’a pas la religion de l’élégance formelle. Il n’a pas la religion du mot juste ». Mais Zola va plus loin et n’hésite pas à créer des mots nouveaux en –ment tels » envolement » « et dansement ». L’écriture même si elle est artistique, reste cependant épaisse, le vocabulaire peut se révéler pauvre et doit souvent une partie de se variété à la technique et aux catalogues. Pourtant, il faut bien le reconnaître, c’est cette pauvreté, ce relâchement dans la syntaxe, cette monotonie des constructions, cet emploi de formule toute faite (on, ça, c’est) qui ont fait la réussite de Germinal. Zola a saisi le langage du mineur dans sa portée générale.

Il parle de briquet du mineur. Ce terme est probablement le diminutif de « Brique ».Il parle aussi de lichette. C’est avec de pareils emprunts que Zola nous donne l’expression d’une langue propre aux mineurs. Il a d’ailleurs déclaré (dans le matin 07 mars 1885) : si j’avais écrit le roman dans le patois du nord, je doute que personne n’ait jamais consenti à me lire. »

CONCLUSION
L’œuvre d’Emile Zola montre particulièrement les conditions déplorables des mineurs. C’est avec des larmes aux yeux que l’on suit le déroulement de cette histoire. Mépris, c’est le mot qui peut exprimer le sentiment à l’égard des bourgeois. Espoir, c’est ce qu’on peut retenir de Germinal.

Nous recommandons ce livre à tous car il est plein d’émotions. Pour finir nous pouvons dire que GERMINAL est « Les Bouts De Bois De Dieu » français.

GUSTAVE FLAUBERT, DE MADAME BOVARY

GUSTAVE FLAUBERT, MADAME BOVARY, 1857
INTRODUCTION
Madame Bovary est la peinture psychologique d’une jeune fille nourrit d’illusions romantiques et romanesques. Flaubert s’appuiera sur son héroïne pour présenter en même temps, avec un réalisme plus que pointu, la société de son époque.

Pour Flaubert, le réalisme consistera à observer les hommes selon une parfaite objectivité afin d’imaginer avec le maximum de vraisemblance les idées, les sentiments, le langage même des personnages. Dans le cas d’Emma Bovary, Flaubert s’est attaché à marquer l’influence des impressions d’enfance et de jeunesse, puis des événements extérieurs sur l’évolution des sentiments de son héroïne. Tout au long du roman, en vertu d’une sorte de déterminisme, elle glisse comme sur une pente vers l’ennui, le mensonge, l’infidélité et enfin le suicide.

I - PRESENTATION DE L’AUTEUR
Gustave Flaubert est né le 12 Décembre 1821 à Rouen. Il passe son enfance à l’Hôtel-Dieu de Rouen où son père chirurgien était le médecin chef. C’est là qu’il a probablement puisé dès l’enfance un fond de tristesse et de pessimisme et sans doute aussi le gout de la science, de l’observation méticuleuse et objective.

Imprégné de littérature romantique, il prend conscience de sa vocation d’écrivain, et, c’est à contrecœur qu’il poursuit à Paris ses études de droit. En 1836, il fait à Paris la connaissance de l’unique amour de sa vie, Elisa Schlésinger, qui lui inspirera le personnage de Madame Arnoux dans l’Education sentimentale (1869). Il se lie d’amitié avec Victor Hugo qu’il admire beaucoup.

Terrassé par une maladie nerveuse, Flaubert se retire dans sa propriété de Croisset, non loin de Rouen où il se consacrera uniquement à l’écriture et aux voyages. Flaubert meurt épuisé par la fatigue et les soucis en 1880.

Outre son roman Madame Bovary (1957), Flaubert a écrit d’autre roman réaliste comme : Salammbô (1862), L’éducation sentimentale (1869), La Tentation de St-Antoine (1874), Saint Julien l’Hospitalier (1876), Hériodas (1976), Un cœur simple (1876), Les Trois contes (1877) et en fin Buvard et Pécuchet (inachevé) – Le Candidat (théâtre, 1874).

II - FLAUBERT ET LE REALISME
Ayant fait sa jeunesse dans un milieu médical où l’observation rigoureuse des phénomènes était de règle et où s’affirmait déjà la croyance au déterminisme physiologique, la documentation est donc devenue la condition parfois écrasante du labeur d’écrivain de Flaubert.

Puisque ses romans s’inspirent, pour la plupart, d’événements réels contemporains ou historiques, il se livre à de vastes enquêtes : il recherche ce qu’étaient ses personnages, leur hérédité, leur conduite, les lieux où ils ont vécu, et il reste généralement aussi prés de la réalité que son art de romancier lui permet.

Ce souci de l’exactitude documentaire était devenu pour Flaubert une hantise. Par exemple avant de décrire l’empoisonnement de Madame Bovary ou les effets de la faim sur les Mercenaires dans Salammbô, il consulte plusieurs traités médicaux. Dans l’Education sentimentale au prix de recherches écrasantes, il reconstitue l’atmosphère parisienne entre 1840 et 1851, et en particulier les journées révolutionnaires avec une précision qui a provoqué l’admiration des historiens. Avec Salammbô, Flaubert s’est imposé des recherches historiques énormes car l’espace où se déroule l’action est une ville du IVe siècle avant J.C mise à jour par l’archéologie.

Par la documentation, il se proposait d’acquérir « ce coup d’œil médical de la vie, cette vue du vrai qui est le seul moyen d’arriver à de grands effets d’émotions. » Encore, le romancier doit-il opérer un choix dans ses documents pour « rester dans les généralités probables » c’est-à-dire dépouiller les faits de leur caractère accidentel et leur donner une valeur de vérité universelle.

III - MADAME BOVARY
A – ANALYSE

Pour écrire Madame Bovary, Flaubert s’est inspiré d’un fait divers réel : l’histoire d’un ancien élève de son père Eugène Delmare, médecin à Ry, dont la femme infidèle avait fini par s’empoisonner et qui lui-même mourra de chagrin. Dans le récit de Flaubert, sous le nom de Yonville, c’est la bourgade de Ry qui nous est minutieusement décrite, dans sa banalité : la pharmacie, l’auberge du Lion d’or, la diligence l’Hirondelle ont réellement existé. La même vérité se retrouve dans les personnages : Bovary est le portrait exact de Delmare, et Madame Bovary ressemble par bien des traits à Madame Delmare. Pour les autres personnages leur portrait est composite mais également tiré du réel.

B – COMPOSITION

La rédaction de Madame Bovary, composée de 3 parties, prendra cinq (5) ans (1851 à 1856) à Flaubert.

1 – Première partie : 9 chapitres

Le roman s’ouvre par une présentation de Charles Bovary, (élève, étudiant puis médecin très médiocre) installé à Tostes marié en première noce à une femme de 45 ans, laide, mais riche.

A la suite d’un accident du père Rouault, un paysan qui parait aisé, Charles Bovary est appelé à la ferme des Bertaux pour le soigner. Il y rencontra Emma Rouault, la fille de ce dernier dont il tomba amoureux. A la mort de sa femme, Charles épousera Emma. Leur vie de couple devient rapidement une déception pour Emma, qui, influencé par ses lectures romantiques découvre que son mari n’était pas l’homme qu’elle s’imaginait. Par contre, Charles découvre en Emma, une femme accomplie, qui sait bien conduire son ménage. L’ennui s’installe alors dans le couple.

Invités au château de la Vaubyessard, Emma découvre, émerveillée, un autre monde différent du sien. Les rêves, les regrets ne la quittent plus. Un an et demi après cette soirée au château, Emma tomba malade et Charles dut quitter Tostes après 4 ans pour déménager à Yonville. Emma était alors enceinte quand le couple déménage à Yonville.

2 – Deuxième partie : 15 chapitres

Le couple arrive à Yonville dans la même diligence que Lheureux, le marchand d’étoffes. Ils dinent au Lion d’or en compagnie de Homais le pharmacien et de Léon Dupuis Clerc de notaire, qui engage avec Emma une discussion romantique. Ils deviennent ainsi amis.

A la naissance de Berthe, fille d’Emma, elle sera mise en nourrice chez Madame Rollet. La vie monotone de Yonville fait découvrir à Emma son amour pour Léon. Elle guette chaque jour le passage de celui-ci. Cependant, Léon très timide n’ose pas avouer son amour à Emma qui de son coté désire rester vertueuse malgré sa passion pour Léon et sa haine pour son mari. Léon finit par partir pour Paris et ce départ chagrine profondément Emma.

A l’occasion de la fête pour la solennité des comices agricoles, Emma rencontre Rodolphe Boulanger, le nouveau châtelain de La Huchette, grand coureur de jupons, qui la séduit. C’est avec Rodolphe qu’Emma trompât pour la première fois son mari. Leurs rencontres se multiplient et leur amour se solidifie. Ils projettent même de s’enfuir. Mais, à la veille de leur départ, Rodolphe annonce à Emma, dans une lettre, qu’il ne peut plus partir avec elle. Cette lettre à la main, Emma est désemparée et veut se suicider. Elle restera malade de chagrin durant un long moment. Par ailleurs, Emma s’est endettée pour faire des cadeaux à son amant par l’intermédiaire de Lheureux, le marchand d’étoffes et usurier.

A la suite de cette déception, Emma, pendant quelques temps, sombre dans la dévotion. Elle veut devenir une sainte. Malheureusement, pour la distraire au moment de sa convalescence, Bovary l’amène au théâtre à Rouen où le hasard la remet en présence de Léon.

3 – Troisième partie : 11 chapitres

Emma noue une relation amoureuse avec Léon. C’est alors la descente aux enfers. Elle passera trois jours entiers à Rouen en compagnie de celui-ci. C’était une véritable lune de miel. Leurs rencontres se multiplient et Emma, prétextant prendre des leçons de piano, se rend chaque jeudi à Rouen retrouver son amant. Elle y passera même une nuit et Charles désemparé s’y rend et ne la retrouvera qu’à l’aube.

Ayant surpris Emma au bras de Léon, Lheureux l’oblige à vendre une propriété lui appartenant. Après lui avoir demandé de payer toutes ses dettes, il la pousse à s’endetter d’avantage. N’ayant plus d’argent, Emma se fait payer les factures de son mari, vend de vieilles choses, emprunte à tout le monde. C’est la ruine des Bovary. Au même moment, Léon, qui doit devenir premier clerc, s’ennuie d’Emma.

Un soir, en rentrant à Yonville, après une nuit passée au bal masqué de mi-carême, elle apprend la nouvelle de la saisie de ses meubles. Madame Bovary se sent traquée. Personne, parmi ses amants, ne lui viendra en aide. Elle va chez le pharmacien Homais y avale du poison puis rentre tranquillement chez elle. Elle meurt la nuit même dans d’atroces souffrances.

La douleur de Charles est immense et malgré la mort de sa femme, tous les créanciers s’acharnent sur lui. Sa bonne le quitte en emportant la garde-robe d’Emma. Léon se marie. Charles découvre par hasard une lettre de Rodolphe, ensuite toutes les lettres de Léon. Il ne peut plus douter des causes de son malheur. Quelques temps après, il rencontre fortuitement Rodolphe qui l’invite à boire au Cabaret. Charles lui pardonne sa relation avec sa femme. Le lendemain, sa fille Berthe le retrouve mort sur le banc du jardin. Quant à Homais il est comblé, il vient de recevoir la médaille de la croix d’honneur.

C – RESUME

Emma Rouault, jeune fille provinciale nourrit de littérature romantique, est donnée en mariage à un médecin de campagne fort bon, mais assez médiocre, Charles Bovary.

Emma est partagée entre ses longues journées d’ennui, la conversation pédante du pharmacien Homais ou de son mari, et ses rêves exaltés. Elle finit par tromper son mari avec un châtelain de province, Rodolphe, puis avec un clerc de notaire, Léon, pour qui elle se couvre de dettes. Elle finit par se suicider à l’arsenic.

D – LES PERSONNAGES

Les personnages de Madame Bovary n’ont pas la même importance dans le déroulement de l’histoire, ni dans l’évolution du drame. Cependant, les personnages principaux représentent leurs origines sociales ce qui a permis à Flaubert, tout en faisant leur portrait, de dénoncer aussi en même temps certains   comportements qui laissent à désirer.

Emma : Elle est de tempérament sentimental. Elle s’est créée un monde à travers ses lectures, ce qui va conditionner sa vie entière. Son attitude (rêveuse, exaltée par ses lectures) trahit déjà son déséquilibre. Elle n’aime la littérature que pour ses « excitations passionnelles » et l’église que « pour ses fleurs». Cette éducation inadaptée sera la cause principale de ses actes durant son mariage. Emma vit de sentiments faux et de mensonge romantique. Elle n’accorde de réalité qu’aux êtres de ses fictions, plus beaux, plus grands. Son mari n’existe plus pour elle dès qu’il apparait contraire à ses modèles.  Elle est en plus excessive en tout. Mais cet excès révèle plutôt le déséquilibre d’Emma. Elle est mal exaltée, mal religieuse, mal généreuse. Et en fin de compte, la médiocrité l’emporte sur la noblesse des grands gestes et des grands sentiments rêves.
Charles : Le roman s’ouvre et se ferme sur lui. C’est un paysan dont l’éducation est négligée par ses parents. D’ailleurs c’est la cause de sa médiocrité. Charles est un homme sans caractère qui apparait d’abord comme faible, destiné à être dominé par les femmes : sa mère, sa première épouse et Emma qui le mènent à leur volonté. Il est décrit aussi comme un lourdaud, sans initiative et incapable. Cependant c’est un homme qui aime sincèrement et passionnément sa femme, mais d’un amour très maladroit. C’est aussi un mari bafoué qui a causé lui-même son infortune : il a poussé sa femme dans les bras de Rodolphe en lui écrivant une lettre où il la mettait à sa disposition et comptait sur sa complaisance (p.259).
Léon : Emma trouva Léon charmant surtout comparé à son mari. Il sait dire des mots doux, « poétiques » et romantiques. C’est le deuxième amant d’Emma. Il est décrit comme économe à l’excès, prosaïque et modéré. Dans sa relation avec Emma, il est mou, et se laisse complètement dominé par elle. Il l’aimait passionnément, mais se lasse d’elle et l’abandonne. Aussi, il n’a pas pu l’aider au moment de la saisie de ses meubles, si l’on sait qu’elle s’est ruinée pour lui.
Rodolphe : C’est un châtelain de 34 ans, célibataire, coureur de jupons, ayant une expérience des femmes. Pour un bourgeois comme lui, l’amour est une question de blagues et la conquête d’une femme, une simple affaire de stratégie. Pourtant Rodolphe et Emma se sont aimés, mais l’exaltation d’Emma l’effraie et craignant de s’engager trop, il l’abandonne après une promesse de fuite. Emma tombera malade très longtemps après sa rupture avec Rodolphe. Après la mort d’Emma, Charles lui pardonnera sa relation avec sa femme et dira tout simplement que « c’est la faute de la fatalité» (p. 500).
Lheureux : C’est un marchand d’étoffes et un usurier redoutable. Chaque fois qu’il voit Emma en compagnie d’un autre homme que son mari, il la précipite dans la ruine en lui faisant signer des billets de reconnaissance de dette. Il est à l’origine de l’hypothèque et de la saisie des biens des Bovary.
Homais : C’est un pharmacien, membre de plusieurs associations de Yonville et de la région. C’est un correspondant du journal Le Fanal de Rouen. Il est sans gêne et ses amitiés se basent sur l’intérêt. A la mort d’Emma il interdit à ses enfants de fréquenter la fille des Bovary vu la différence de leur condition de vie. Il se prend pour un ami de l’humanité (philanthrope), jouit des faveurs de l’autorité et de l’opinion publique.
E – L’ESPACE ET LE TEMPS

L’espace décrit dans ce roman est la région de Normandie (au Nord-Ouest de la France à 150 km de Paris) que Flaubert connaissait bien, pour y être né et y avoir vécu. Dans Madame Bovary, le territoire est assez limité. Flaubert a essentiellement évoqué Tostes où les Bovary s’étaient installés au début de leur ménage, Yonville l’Abbaye et en fin Rouen, où Emma se rendait régulièrement pour retrouver son amant Léon. En plus de ses espaces géographiques, il ya aussi la description de la maison de Charles à Tostes et à Yonville, l’auberge du Lion d’or, la maison du pharmacien, le château de la Vaubyessard, le château de La Huchette, la chambre de Rouen… bref tous les espaces intérieurs ou extérieurs qu’Emma fréquentait.

L’histoire de Madame Bovary se passe dans la première moitié du XIXe siècle caractérisé principalement par la mode du Romantisme sur le plan artistique. Ce courant, nous l’avons vu, appelle à une révolte, à une rupture avec ce qui existait. Donc cette époque se caractérise surtout par une décadence notoire de la morale et une volonté de vivre sa vie selon le précepte du Romantisme.

F – LES THEMES

La thématique dans Madame Bovary est riche et variée. Flaubert, dans ce roman n’a fait que décrire réellement les mœurs de la société du début du XIXe siècle, à travers les personnages principaux. Ainsi, ces personnages sont des types qui véhiculent chacun une vision réaliste de son milieu : la paysannerie, la bourgeoisie, l’aristocratie. Cependant à notre niveau, on peut relever les thèmes transversaux suivants :

L’adultère
Le drame de l’usure
Les mœurs de province
La satire de la bourgeoisie
L’éducation
Le romantisme (critique)
CONCLUSION
Emma Bovary est surtout victime des illusions romantiques, romanesques et des aspirations qui ne s’accordent pas avec sa situation de petite bourgeoise sentimentale. Madame Bovary est une critique du romantisme féminin liée à l’époque où se situe le roman. Mais, de manière générale, il s’agit d’un travers profondément humain que Flaubert avait étudié sur lui-même (« Madame Bovary c’est moi »). Quand il écrivait : « ma pauvre Bovary souffre et pleure dans 20 villages de France », il sentait qu’en observant un cas individuel il avait fait de son héroïne un type universel. Cette tendance des hommes à se croire tels qu’ils voudraient être et à rêver de bonheurs illusoires qui leur sont inaccessibles que Flaubert dénonce dans la plupart de ses romans comme la source principale de leurs maux a reçu le nom désormais traditionnel de bovarysme.

Même si la peinture était vraie, n’était-il pas dangereux de présenter comme naturel, l’enchainement en quelque sorte fatal qui faisait de Madame Bovary une mauvaise épouse, une mauvaise mère et la précipitait dans des fautes que l’auteur ne craignait pas d’évoquer ? C’est là tout le problème de la vérité et de la moralité dans cette œuvre remarquable.

UNE SI LONGUE LETTRE DE MARIAMA BA

Une si longue lettre
MARIAMA BA, UNE SI LONGUE LETTRE, 1979
1.PRÉSENTATION DE L’AUTEUR
Une si longue lettre :Mariama Bâ est née en 1929 au Sénégal. Elevée dans un milieu musulman traditionnel par ses grands-parents maternels, après la mort de sa mère, elle fut scolarisée à l’école française et entra à l’Ecole Normale de Rufisque en 1943 avec des résultats d’examens brillants. Elle y obtint son diplôme d’institutrice en 1947. Elle enseigna pendant douze ans puis, pour des raisons de santé, demanda son affectation à l’Inspection régionale de l’enseignement du Sénégal. Mère de 9 enfants, divorcée, elle fut l’épouse du député Obèye Diop.

Mariama Bâ est l’une des figures les plus remarquables de la littérature sénégalaise .C’est la lumière d’un continent, le porte flambeau d’une Afrique qui se réveille au sortir des indépendances. Consciente de son rôle de femme et d’éducatrice dans une société emportée par le modernisme, Mariama Bâ signale une pensée dense et éclairée. Dans ses œuvres, Une Si longue lettre (1979) et un chant écarlate (1981), elle ne cessera de montrer d’une façon ironique et frappante l’état de la société sénégalaise.

Militante pour la défense des droits de la femme sans pour autant être féministe, Mariama Ba cherche à construire une société plus juste où les femmes et les éducateurs ont une place de choix.

Elle est morte en 1981, peu avant la parution de son second ouvrage. Un Lycée de Dakar (Gorée), la Maison d’éducation Mariama Bâ, porte aujourd’hui son nom.

2.ETUDE DE L’ŒUVRE
2.1 Analyse
Traduit en 17 langues (2000), lauréat du prix Noma en 1980 à Franckfort en Allemagne, lue et commentée dans le monde entier, une si longue lettre, est une œuvre majeure qui signale au premier abord une pensée nourrit d’africanité. Enracinée dans la tradition sans pour autant refuser la modernité, l’œuvre de Mariama Ba établit un dialogue des consciences par l’intermédiaire de personnages marquants pour esquisser ou dessiner la société idéale à bâtir.

Dès le titre l’auteur révèle le contenu du roman. L’article indéfini « une » semble indiquer que l’histoire n’est pas seulement destinée à une seule personne mais à toutes les femmes du monde. L’adverbe d’intensité « si » nous renvoie au degré de souffrance contenu dans la lettre. De même, l’adjectif « longue » ne donne pas seulement une idée de la longueur de la lettre, mais aussi, une idée de la souffrance interminable vécue par les personnages féminins du roman. Enfin, le terme « lettre », qui a un contenu épistolaire s’adresse à un destinataire connu : Aissatou.

Nous pouvons donc retenir qu’une si longue lettre est un roman épistolaire qui parle de la souffrance interminable que la femme rencontre toute sa vie durant. En plus cette lettre n’est pas seulement adressée à Aissatou, mais à tout le monde, particulièrement aux femmes.

2.2 Structure
Une si longue lettre est un roman qui retrace la vie de deux amies : Ramatoulaye (celle qui écrit la lettre) et Aissatou (celle à qui elle écrit). A travers leurs deux vies que raconte Ramatoulaye, c’est la sensibilité de deux femmes qui n’ont pas le même tempéramment qui se dessine.

L’auteur d’Une si longue lettre exploite en profondeur l’art épistolaire qui avait fait la fortune et la gloire de Madame de Sévigné (17e siècle) de Jean Jacques Rousseau (18e siècle) de Georges Sand et de Flaubert (19e siècle). La correspondance est un genre littéraire qui favorise l’épanchement volontiers des sentiments et l’expression libre des préoccupations. Elle s’appuie sur un ton familier (je, tu, moi).

Dans ce roman, Mariama Bâ met l’accent sur les déboires (déception, trahison, malheur, souffrance) des premières épouses dans les mariages polygames. Ce roman décrit avec sensibilité, la fragilité du statut de première femme chez les deux héroïnes : Aissatou et Ramatoulaye. Ces histoires, qui se répondent à travers la correspondance, sont extrêmement riche malgré une totale absence de dialogue. Tout est dit en peu de mots :

d’abord l’amour et le bonheur du mariage
ensuite l’influence de la famille et l’inconstance masculine qui pousse les maris à prendre une deuxième épouse.
enfin le drame : Aissatou divorce, Ramatoulaye est abandonnée à elle-même par son époux. Elle fait face aux difficultés d’argent, au problème d’éducation des enfants et pour combler le tout, au deuil. Elle termine néanmoins par pardonner à son mari qui l’a humiliée après la mort de celui-ci, tout en repoussant les nouveaux prétendants.
2.3 Composition et résume
Une si longue lettre est un récit original de 27 chapitres où la fin d’une vie permet de remonter au commencement des choses. La mort de Modou Fall provoque la remonté des souvenirs de joie ou de peine et permet ainsi le déroulement du récit en quatre temps :

Chapitre 1 à 5: La mort subite de Modou Fall entraine toutes les cérémonies liées à cette disparition : enterrement, condoléances, cérémonies du 3e Le partage de l’héritage « mirasss » permettra à la narratrice de connaitre la véritable identité de Modou Fall.
Chapitre 6 à 17: Dans cette partie, la narratrice rappelle sa première rencontre avec Modou Fall, leur vie de couple jusqu’à l’intrusion de Binetou dans leur vie. Parallélement, elle rappelle aussi la vie du couple Aissatou-Maodo jusqu’à leur divorce. En plus, il ya aussi l’histoire du couple Samba Diack-Jacqueline.
Chapitre 18 à 21: La narratrice relate dans cette partie la cérémonie du 40e jour, mais aussi les candidatures de Tamsir et de Daouda à sa main ; candidatures qu’elle va catégoriquement refuser.
Chapitre 22 à 27: S’étant libérer de ses nouveaux prétendants, Ramatoulaye est désormais seule face à l’éducation de ses enfants. Les difficultés rencontrées sont multiples : probléme entre Mawdo et son professeur de Français, la grossesse d’Aissatou, le tio qui fument… Dans cette partie, on note surtout une volonté de la narratrice à reprendre sa vie en main.
2.4 L’espace et le temps
Le cadre spatiale du récit est la région de Dakar. La narratrice a mentionné les noms de lieux comme Ouakam, Ngor, Sébikotane, Grand-Dakar, Almadies, Rufisque… En plus de ce cadre, beaucoup de scènes se déroulent dans la consession de la narratice, dans la rue ou dans tous les lieux fréquentés par les personnages. On note aussi la référence au Sine, à Diakhao où est originaire tante Nabou. L’existence de ces lieux permet à l’auteur de donner non seulement un cadre à son histoire, mais aussi et surtout de relier les différents personnages à leur milieu.

L’histoire d’une si longue lettre se déroule après les indépendances. Quant au récit, il se divise en deux périodes : avant la mort de Modou Fall et après sa mort. C’est ce qui explique aussi le fait que la narratrice entremêle volontairement passé, présent et avenir à l’intérieur du texte.

2.5 Les personnages
Tous les personnages sont vus décrits à travers le regard, les yeux de Ramatoulaye, la narratrice. Elle est aussi connue à travers son propre récit. Ces personnages décrits, gravitent tous autour d’elle. Ainsi leur importance dépend du drame qu’elle traverse.

Pour l’étude de ses personnages, nous allons successivement voir :

les personnages des deux couples mis en scène
les enfants de l’héroïne
les prétendants
les coépouses
2.5.1 Les personnages des deux couples
Ramatoulaye : C’est la narratrice. Son nom apparait très tardivement dans le récit. Elle est originaire d’une grande famille et croyante (musulmane).

Comme épouse, Ramatoulaye est une maitresse de maison énergique. Elle attache de l’importance à la propreté corporelle comme à celle de la maison et à la gestion du budget familiale. Bien qu’elle considère Modou comme un traitre, elle avoue cependant l’avoir aimé passionnément, avec une assurance tranquille, en dépit de sa mère qui lui préférait Daouda Dieng. Elle a été toute dévouée à son époux, a devancé ses désirs et affirme rester fidèle à l’amour de sa jeunesse. Elle est lucide dans son jugement car accepte de chercher sa part de responsabilité dans l’échec de leur couple et de regarder en face son vieillissement physique. C’est ainsi qu’elle acquiert de la sagesse et semble renoncer à l’amour, préférant compter sur l’amitié. C’est pourquoi elle éconduit les prétendants de tous âges.

Comme mère elle est déchirée par deux sentiments contraires : la joie d’être mère et sa tristesse d’épouse abandonnée. Faute d’être aimée elle se dévoue à ses enfants, se réjouit de leurs résultats scolaires, les encourage, les soigne. Elle essaie d’être une mère aimante et compréhensive surtout à l’annonce de la grossesse de sa fille Aissatou. Cette compréhension se remarque aussi dans ses efforts pour admettre les courants du modernisme : cigarettes, pantalons et éducation sexuelle.

Comme femme, Ramatoulaye, depuis sa jeunesse a désiré un destin « hors du commun ». Elle se sait destinée à une mission émancipatrice. En plus, elle a une haute idée de sa fonction d’institutrice qui est pour elle un sacerdoce. Elle croit au rôle politique et même patriotique de la femme. Sa personnalité est elle-même un message : on peut d’ores et déjà définir cela comme un engagement féministe de l’auteur.

Modou : C’est le fils d’un homme simple et compréhensif. Il était beau dans sa jeunesse, parfait, séduisant, sensible, intelligent, tendre, prévenant et viril. C’est aussi un homme ambitieux, car après sa licence en droit, il est devenu conseiller technique au ministère de la Fonction Publique. Sa mère est fière de sa réussite. C’est aussi un syndicaliste clairvoyant, réaliste et pratique. Cependant, ce qui semble contradictoire chez cet homme, c’est sa trahison. Lorsqu’il s’est épris de Binetou, il s’est montré obstiné et tenace devant tous les obstacles. Il a trahi, abandonné sa famille. Malgré tout cela, à sa mort l’hypocrisie sociale louera tout de même en lui le bon père et le bon époux.

Aissatou : C’est la fille d’un bijoutier et épouse d’un « prince ». D’après Ramatoulaye, elle est belle et douce. Elle vit avec son mari une existence moderne car est habituée à la nappe et aux couverts. De son mariage avec Mawdo, elle aura 4 fils. Aissatou est décrite comme une femme naïve, car ne soupçonne pas la vengeance de sa belle-mère. En effet, celle-ci, n’ayant pas pu lui pardonner son origine de bijoutière, cherchera une autre épouse à son fils. Cependant, elle se montre digne en refusant tout compris imposé par la société quand son mari épousa la petite Nabou. Elle quitte son mari, préférant un amour sans partage. Elle ne s’arrête pas à son passé, mais se fixe un objectif et parvient à l’atteindre sans trop de difficulté. Sa générosité et sa grande amitié pour Ramatoulaye est matérialisé par le don de voiture qu’elle lui fit.

Mawdo : C’est le fils d’une princesse descendante du Bour-Sine et d’un Toucouleur. C’est un bon médecin et sa réputation est grande. Ramatoulaye gardera une grande confiance en ses capacités professionnelles car elle sait qu’on peut le réveiller à n’importe quelle heure. Ferme dans sa jeunesse, il admire les gens de valeur comme le père d’Aissatou. Il brava sa famille et l’opinion, provoque le reniement de sa mère en épousant une bijoutière. Moralement il est présenté comme faible car accepte la femme que lui impose sa mère au détriment de son premier mariage et son bonheur. Il est devenu triste, déboussolé car ayant perdu par sa propre faute la seule femme qu’il ait jamais aimé et qu’il continue encore d’aimer. Il assistera son ami Modou, dans ses derniers moments, impuissant devant la mort.

Il est important de noter que ces deux couples ont vécu dans leur jeunesse le même idéal intellectuel, ils étaient pleins de nostalgie, mais résolument progressiste. Ils étaient pétris de rigueur, avec une conscience debout. Ils ont connu tous deux les bonheurs simples, mais aussi les bouderies et réconciliation des jeunes ménages. Tous deux ont cru échapper aux pressions sociales. Tous les deux couples ont été déchirés par le drame habituel des couples vieillissants.

Fermes dans leur jeunesse, les deux hommes principaux du roman se montrent faibles dans la maturité. Ainsi tout est permis à l’homme lassé d’une épouse flétrie : tel est le scandale que dénonce l’auteur.

2.5.2 Les enfants de l’héroïne
Daba : Elle est directement concernée par le drame qui touche sa mère. Amie de Bintou, elle est doublement atteinte lorsqu’elle apprend que son amie est la rivale de sa mère. Elle se monte contre son père et pousse sa mère à rompre. Cette attitude se retrouve dans presque tous ses raisonnements.

Jouant son rôle d’ainée, elle seconde sa mère dans l’éducation des petits. Dotée d’une forte personnalité, elle veut contribuer à rétablir la justice et remplace sa mère convoquée auprès des professeurs, en cas de besoin. Elle se marie à Abdou qui la traite avec respect. La tendresse de leur couple fait rêver Ramatoulaye. Daba semble illustrer la jeune fille moderne, consciente de ses devoirs, mais aussi de ses droits.

Mawdo : C’est l’homonyme de Mawdo Ba. Il est le cadet de Daba. Il est décrit comme quelqu’un qui a des dons littéraires remarquables. Il s’insurge et rouspète contre un professeur Blanc, raciste, qui privilégie un autre élève blanc à son détriment.

Aissatou : Elle est l’homonyme de la destinataire et prend la relève de Daba dans la marche de la maison. Elle fait la toilette des petits, se charge d’emmener son frère à l’hôpital lors de l’accident du cyclomoteur. Elle est décrite comme intelligente, car raisonne sur tout avec une clarté d’esprit remarquable. Elle est aussi franche car avoue sans fard sa rencontre avec Iba Sall, ce jeune séducteur qui l’a mise enceinte. Ce dernier deviendra un frère pour tous.

Aminata (Amy) et Awa : Ce sont deux jumelles. Elles se confondent physiquement, mais ont des caractères très différents. Awa travaille moins bien qu’Aminata.

Arame, Yacine, Dieynaba : C’est le trio inséparable. Elles fument de la cigarette et portent des pantalons ce qui provoque le courroux de leur mère. Elles condamnent l’acte d’Iba et le lui manifestent.

Alioune et Malick : Ils ont un accident de vélomoteur par leur faute et se plaignent de l’absence de terrains de jeux dans leur cité.

Oumar : Il est âgé de 8 ans

Ousmane : C’est le dernier né, âgé de 6 ans. Il semble gâté, mange du chocolat sans retenue. Il est l’ami de tante Aissatou dont il a le privilège d’apporter les lettres à sa mère.

2.5.3 Les prétendants
Tamsir : Il est le frère ainé de Modou et lui ressemble. C’est avec assurance qu’il déclare à Ramatoulaye son intention de l’épouser à la sortie du deuil : il essuie un échec.

Daouda Dieng : Premier prétendant de Ramatoulaye dans sa jeunesse, il est médecin. La mére de Ramatoulaye le préférait à Modou. Il a du charme, un rire franc, communicatif, de belles dents, l’œil intelligent et les lèvres volontaires. Il est bon époux. Son foyer est entouré de respectabilité. Député, il reste accessible. Il est sérieux dans son action et c’est un homme de droiture et un homme de devoir car continue d’exercer la médecine par pur sens civique. Il fait sa demande de mariage à Ramatoulaye en un discours délicat, en se montrant sincère, raisonnable, gêné. Mais il ne supporte pas que Ramatoulaye lui propose une simple amitié et lui répond : « tout ou rien »

2.5.4 Les coépouses
Binetou : Elle est la deuxième épouse de Modou Fall, dont elle a eu trois enfants. C’est aussi l’amie de classe de Daba. Au départ, elle est peinte comme une jeune fille frêle, jolie, timide, belle et enjouée. Elle se métamorphose sous l’effet du sérieux problème que lui pose le vieux qu’elle épouse sous la pression de sa mère. Pour Ramatoulaye, elle a immolé sa fraicheur dans son mariage. C’est un agneau immolé, victime de sa mère, vendue par elle.

Après quelques années de mariage, elle est devenue exigeante et se moque du vieillissement de Modou. Elle essaie de briller dans la société, de faire la grande dame en se pavanant dans une Alpha Roméo fréquemment changée. Sa mère jubile de fierté. Mais on remarque qu’elle est malheureuse et les retombées de son drame seront très dures pour elle et pour sa mère.

Nabou : Elle est la deuxième épouse de Mawdo Ba. Elle a eu deux enfants de lui. Elle est amenée tout enfant dans le ménage d’Aissatou et de Mawdo par les soins cruels de Tante Nabou (Seynabou) qui forge son caractère. Elle fréquente l’école française grâce à l’intervention de Ramatoulaye. Elle acquiert la notion de la grandeur de la race. Elle est décrite comme douce, généreuse, docile. Elle devient sage-femme. Pas plus que Mawdo, elle ne résiste à l’intrigue de Tante Nabou. Docile dans sa vie personnelle, elle est une battante dans sa vie professionnelle. Son métier lui donne des responsabilités. Elle l’aime, rentre harassée.

Notons en remarque qu’au départ, ces deux jeunes filles n’ont pas des personnalités très marquées, ce ne sont pas elles qui ont provoqué les hommes et cherché à détruire les foyers. Elles sont finalement présentées comme des victimes de la société : ce sont les hommes qui font le choix de l’union conjugale.

Ce qu’on remarque aussi, c’est que dans chacun des cas, c’est une femme âgée (une belle-mère) qui est l’instigatrice des nouvelles épousailles et provoque la catastrophe dans les foyers.

Pour conclure cette partie, nous pouvons dire que les personnages de ce roman sont plus porteurs d’une idéologie qu’intéressants comme individus. Ainsi les femmes sont avant tout des épouses trompées ou des proies de l’amour masculin. Les hommes sont responsables par leur faiblesse, d’immenses drames familiaux. Ce roman défend donc une thèse : c’est ce qui rend utile une étude thématique.

2.6 Les thèmes
Une si longue lettre traite des problèmes que posent l’éducation des enfants, les problémes du mariage, les cérémonies familiales, le poids de la tradition… En un mot, c’est la peinture de la société sénégalaise que nous présente l’auteur. On peut noter aussi en filigrane des thémes comme : le statut de l’homme, les conditions de la femme, le mariage, l’amour et l’amitié, la polygamie, les cérémonies familiales, les problèmes de caste, la critique des mœurs sociales, les belles familles…

CONCLUSION
Une si longue lettre peut se lire comme une lettre ouverte ou un manifeste où  l’auteur défend une thèse : celle du droit et du devoir de la femme à participer dans tous les secteurs du développement de son pays.

Dans ce roman, Mariama Bâ nous enseigne sur les mœurs de la société sénégalaise en mutation, mais aussi les conditions de la femme.

Tout au long du roman, c’est un cœur qui parle, mais c’est l’esprit qui prend l’écriture en charge. C’est une écriture simple, claire, qui refuse tout bavardage et le remplissage. Le ton pathétique (sentimental), ajouté à la poésie des amours ratées, donne au roman une allure à la fois bouleversante et attachante.

Les thèmes de la condition de la femme, de l’éducation des enfants (éducation sexuelle) et la place que doit occuper la femme sont plus qu’actuelle. Ils donnent ainsi au roman ce cachet moderne et actuel qui participe à l’éternité de cette œuvre remarquable.

VOL DE NUIT

VOL DE NUIT 1931
ANTOINE DE SAINT-EXUPERY, VOL DE NUIT, 1931
INTRODUCTION
VOL DE NUIT 1931 Le XXe siècle est celui de la rupture et du bouleversement dans le domaine de la science, de la littérature avec en toile de fond les deux grandes guerres mondiales à l’origine de millions de victimes et de mutilés. La conscience occidentale sort profondément traumatiser par la violence et les horreurs de la guerre. Le roman français de cette période révèle le tragique de l’homme en face de son destin.

Certains écrivains humanistes comme André Malraux et Antoine de Saint-Exupéry tirent l’histoire de leurs œuvres de l’expérience vécue. Ces écrivains s’engagèrent dans la résistance jusqu’à la libération de la France en 1945.

Antoine De Saint-Exupéry déteste la littérature qui ne prend pas en compte les aspirations de l’homme. Son projet est d’apporter le bonheur aux autres hommes. Il se veut un humaniste. L’écrivain à une responsabilité ; l’intellectuel une fonction, l’homme d’action une mission celle d’être au service de l’homme en ce dressant contre tous les périls qui guettent l’humanité. Saint-Exupéry expérimente dans ses œuvres la philosophie de l’action. C’est d’ailleurs la raison de vivre de ses personnages.

Ainsi son roman VOL DE NUIT 1931 pose le problème de la responsabilité et de l’engagement qui interpelle la jeunesse confrontée à certains défis comme le chômage, le sida, la violence…

VOL DE NUIT 1931 véhicule des valeurs de fraternité et d’amitié indispensables à la fonction de l’homme et des adolescents en particulier en ce début du troisième millénaire. Antoine De Saint-Exupéry met en scène un type de héros comme le pilote Fabien dont le mérite est d’accepter de s’engager dans l’aventure des vols de nuit jusqu’au sacrifice suprême.

Parallèlement le Chef de l’Aéropostale et ses quatre pilotes obéissent à un code d’honneur et à des vertus de courage, de générosité et de recherche permanente de la grandeur au service de la collectivité voir de l’humanité.

Le message de Saint-Exupéry dans Vol de nuit est très actuel vu que nous sommes dans un monde en proie à la violence, au terrorisme donc, la solidarité, l’amitié et la fraternité sont les derniers remparts pour freiner cette vague de catastrophes qui assaille le monde

1.PRESENTATION DE L’AUTEUR
Né à Lyon (Rhône) en 1900, Antoine de Saint-Exupéry est d’abord étudiant aux Beaux-Arts. Il passe son brevet de pilote et accompli son service militaire dans l’aviation. Il sera ensuite engagé comme pilote de ligne en 1926 par Didier Daurat directeur de la compagnie Latécoère (ancêtre d’air France). Il trouve dans cette compagnie deux légendes de l’aviation française : Mermoz et Guillaumet qui parcouraient la ligne aéropostale Toulouse-Dakar. S’inspirant des dangers et des plaisirs de son métier d’aviateur, il publie la même année, parrainé par Jean Prévost, une nouvelle, l’Aviateur. Il est muté à Dakar en 1927 et devient chef de l’aéroplace de Juby au Sahara. Saint-Ex, comme on le surnomme, y découvre l’isolement méditatif, le sens de la camaraderie et du devoir qui nourriront toute son œuvre, à commencer par Courrier sud (1928) qui évoque sur fond d’amour contrarié entre un aviateur et sa femme, les aléas du trajet Toulouse-Dakar.

En 1930, il est engagé à l’Aéroposta Argentina dont le siège se trouvait à Buenos Aires. C’est pendant cette période qu’il écrit ce roman Vol de Nuit qui relate ses propres expériences de pilotes dans cette zone montagneuse de l’Amérique latine.

En 1931, il interrompt ses missions pour devenir reporter et conférencier international (Paris-Soir et l’Intransigeant), et s’enrichit de nouvelles expériences dont Terre des hommes (1939, grand prix du roman de l’Académie française) portera les traces : il abandonne en effet la fiction pour rendre compte dans cet essai autobiographique de son expérience passée. Si Saint-Ex célèbre la grandeur de sa vie d’action en racontant Jean Mermoz, Henri Guillaumet, le désert, la peur et la beauté, il dénonce les travers de l’industrialisation qu’il accuse de sédentarisation, celle-ci rabaissant les idéaux de l’humanité.

Mobilisé comme pilote avant la Seconde Guerre mondiale, en 1937, il est engagé dans l’armée de l’air et basé en Algérie jusqu’en 1940, date à laquelle son âge lui vaut d’être démobilisé. Réfugié aux États-Unis, il publie Pilote de guerre (1942), reportage romancé sur les conséquences françaises de la « drôle de guerre » ainsi que les épisodes d’une mission arrageoise, Lettre à un otage, dédiée à son ami anarchiste Léon Werth, puis, pour honorer la commande d’un éditeur américain, le Petit Prince (1943). Cette parabole pour adultes qui allait rencontrer un succès universel, construite sur la quête allégorique de l’amour et de la fraternité, livre les considérations existentielles et sentimentales que son expérience d’aventurier de la vie lui inspire.

Ne pouvant se résoudre à la passivité, il rejoint dès 1943 les Forces françaises libres en Algérie. C’est dans des circonstances mystérieuses qu’il disparaît, probablement le 31 juillet 1944, au cours d’une mission de reconnaissance aérienne qu’il effectue dans le sud de la France. Il laisse une somme de carnets, dont les méditations philosophico-apologiques qui composeront Citadelle (posthume, 1948) et que l’on considère souvent comme une leçon d’individualisme et de sagesse humaniste. Suivront les publications posthumes des Carnets et des Lettres de jeunesse à l’amie inventée en 1953, des Lettres à sa mère en 1955, et enfin de Un sens à la vie en 1956.

2.ETUDE DE L’OEUVRE
VOL DE NUIT 1931  présente de façon alternée un pilote, Fabien, affrontant un terrible orage dans le ciel argentin, et Rivière, son patron, méditant à son bureau toulousain. Antoine de Saint-Exupéry l’écrivit à ses moments perdus en Argentine (il y était directeur de l’Aeroposta argentina). Enthousiasmé, Gide proposa d’en écrire la préface qu’il termine sur « l’exceptionnelle importance » du second ouvrage de l’aviateur écrivain. Le roman séduisit aussi, à n’en pas douter, les jurées du Femina qui le consacrèrent en décembre 1931. Saint-Exupéry abordait alors tout juste la trentaine (car né avec le siècle) tandis que Didier Daurat, le grand patron de l’Aéropostale à Toulouse, à qui il dédie ce roman, rentrait dans la Quarantaine.

2.1 Analyse
C’est à Buenos Aires où il est à la tète de la compagnie Aeroposta Argentina, qu’Antoine de Saint Exupéry écrit son roman Vol de Nuit. Préfacé par André Gide, ce roman obtient dés sa sortie (1931) le prix Femina. Dans ce roman, Saint Exupéry parle de l’héroïsme des pionniers de l’aviation qui ont établit la première ligne aérienne entre la France et l’Amérique du sud. Les événements racontés sont vrais, seuls les noms des personnages ont changés. Vol de Nuit est en fait une expérimentation des vols pendant la nuit, pour « lutter de vitesses avec les autres moyens de transports ».

VOL DE NUIT 1931 est également un texte sur l’univers exigeant du métier de pilote, qui impose aux êtres de repousser, au prix de leur vie, les limites de la liberté. Si ce livre, récit des expériences réellement vécues par l’auteur alors qu’il était responsable de la ligne Aeroposta Argentina, est un éloge de la discipline et du devoir, il est surtout une évocation poétique du plaisir de voler, métaphore exupérienne de l’ascèse vers laquelle tout être doit tendre pour s’accomplir.

2.2 Composition
Composé de 23 chapitres, Vol de Nuit expose dans une histoire simple, le récit des aventures de trois pilotes qui convoyaient le courrier de l’intérieur de l’Amérique du sud vers Buenos Aires ou se trouve le siège de la compagnie. Ainsi, le récit s’organise en quatre phases essentielles.

2.2.1 Première phase : (chapitre 1 et 2)
C’est la situation initiale. Le narrateur nous présente trois pilotes qui viennent respectivement de Patagonie (Fabien), du Chili (Pellerin) et du Paraguay et qui se dirigent vers Buenos Aires. C’est une situation initiale stable.

2.2.2 Deuxième phase : (chapitre 3, 4 et 5)
C’et l’arrivée du pilote Pellerin qui vient du Chili et le récit de son vol tourmenté car il était confronté au cyclone. La référence au cyclone constitue l’installation d’un déséquilibre qui va modifier le déroulement des activités.

2.2.3 Troisième phase : (chapitre 6 à 21)
C’est la phase la plus complexe du récit. Elle alterne l’inquiétude de l’équipe terrestre suite au retard des deux autres avions (chapitre 6, 8, 13, 14, 18, 19, 21) ; Les difficultés de Fabien pris dans le tourbillon du cyclone (7, 12, 15, 16, 17) qui entrainera sa mort (20) et, les préparatifs du courrier d’Europe (9, 10, 11).

2.2.4 Quatrième phase : (chapitre 22 et 23)
C’est l’arrivée du courrier d’Asunción (Paraguay) qui malgré le mauvais temps a pu réussir à s’en sortir. C’est une victoire sur les éléments déchainés de la nature malgré la disparition de Fabien. Le chef intransigeant décrète la poursuite des activités car pour lui, la réussite de ces vols est une question de vie ou de mort. Cette phase qui clôt le roman, est une victoire symbolique puisque le courrier d’Europe prend son envol.

2.4 Résumé
C’est un récit tragique de ces pilotes des avions postaux de la Patagonie, du Chili, du Paraguay du Sud, du Nord et de l’Est de Buenos Aires ; ces pilotes engagés la nuit dans les dangers des routes aériennes chargées de mystères et de surprises, à quoi s’ajoute l’angoisse de la nuit

Pour supporter la concurrence des moyens de transports, Rivière, le chef d’une compagnie d’aviation basée à Buenos Aires, prend le risque d’initier les vols de nuit. Ainsi, trois avions quitteront le Chili, le Paraguay et la Patagonie. Si l’avion piloté par Pellerin est arrivé à bon port, celui de Fabien connaitra des difficultés. En effet, après un départ paisible, il doit affronter un cyclone. C’est l’inquiétude de l’équipe terrestre sous la direction de Rivière, le chef du réseau. Au moment où Fabien lutte pour sa survie, l’équipe terrestre tente de gérer la situation à sa façon. Malgré sa volonté et son expérience, Fabien perdra la vie. Cette mort ne découragera point Rivière qui décide même le départ du courrier d’Europe car pour lui, tout manquement équivaudrait à une remise en question des vols de nuit.

2.5 L’espace et le temps
C’est l’histoire des événements survenus une certaine nuit sur le réseau en Amérique du Sud à une époque qui n’est pas précisée mais qu’on peut situer vers 1930, où les vols de nuit relevaient presque encore du domaine de l’aventure et où les pilotes étaient de vrais martyrs. Ils affrontaient d’énormes dangers et prenaient beaucoup de risques. André Gide disait à ce sujet qu’ « il y a pour l’aviation comme pour toute exploration de terres inconnues une période héroïque».

Saint-Exupery a choisi comme cadre de Vol de Nuit l’Amérique du Sud et la Cordillère des Andes, une chaine de montagnes dont les massifs peuvent atteindre 4500 m de hauteur. C’est dire tout le problème que rencontrent les pilotes pour les traverser si l’on sait que leurs avions sont archaïques.

Dans VOL DE NUIT 1931, il existe deux espaces : un espace terrestre et un espace aérien. Ces deux espaces sont occupés par des hommes et des avions. L’espace est parfois paisible comme le montre le début du roman, mais c’est un espace qui est généralement hostile aux hommes car les pilotes rencontrent dans le ciel des conditions météorologiques difficilement supportables.

:L’histoire de VOL DE NUIT 1931 se passe dans les années 1930, au début de l’aviation. Les actions dans ce roman ne se déroulent que les nuits car les jours sont consacrés au repos des pilotes. Quand à la durée du récit, elle se déroule en une nuit. L’histoire dans VOL DE NUIT 1931 commence au crépuscule et se termine avant l’aube (Il est deux heures. Le courrier d’Asuncion atterrira à deux heures dix. Faites décoller le courrier d’Europe à deux heures et quart.).

2.6 Les personnages
Les personnages de VOL DE NUIT 1931 ne sont pas décrits physiquement. Ces personnages illustrent l’humanisme de Saint-Exupéry, car ces personnages représentent des valeurs exaltées ou des modes de vie rejetés. On peut diviser ces personnages en deux catégories : les personnages navigants et les personnages au sol.

2.6.1 Les personnages navigants
Les pilotes : Ils sont quatre, mais seul deux sont nommés : Fabien et Pellerin. Ces pilotes sont tous engagés dans le combat pour la réussite des vols de nuit. Dans Vol de nuit, les pilotes ne sont pas décrits physiquement ; Ils sont tout simplement décrits par rapport au travail qu’ils effectuent. Ainsi les caractères qui sont mis en exergue sont : le courage, la volonté, l’amour du travail, le devoir et le défis de la réussite.

Pellerin : C’est l’un des pilotes qui a finalement atterri au prix d’énormes difficultés. Il a pu atterrir dans des conditions relativement difficiles et il raconte les péripéties de sa traversée. C’est un homme qui incarne les vertus de grandeur et de simplicité : grand parce qu’il place, comme Fabien, du reste, sa mission au-dessus de leur propre intérêt ; simple, parce que rien ne le distingue des autres hommes. Discret, il ne se vante pas en parlant de son métier. (p.34)

Fabien : Il ramène de l‘extrême sud vers Buenos Aires le courrier de Patagonie. Sur le chemin du retour, il éprouve énormément de plaisir, ce qui montre que malgré les risques et les dangers, il est un homme qui exalte la noblesse d’un métier.

Dans les airs, Fabien devait poursuivre sa croisade en direction de San Francisco. Cependant d’imprévisibles orages ont éclaté un peu partout. Par conséquent il lui fallait trouver un itinéraire qui le mettrait hors des zones de danger. Il tentait alors d’avoir des informations qui l’aideraient et se demandait s’il ne devait pas revenir en arrière. La réponse est sèche. « Commodoro, retour impossible. Tempête ». Il passa alors à San Antonio : « Ciel ¾ couvert » et Bahia Blanca : « Orage avant 20mn ». Trelew : « Ouragan 30m sud et rafales de pluie ». Il ne peut plus continuer à « naviguer » éternellement car dans 1 heure 40 minutes il n’aura plus d’essence. C’était dans cette nuit. Pourtant cette mort de Fabien, malgré son cortège de malheurs n’a pas brisé l’élan de Rivière qui, au même instant, a donné un nouveau départ pour l’Europe.

Les radio-navigants : Ils ne sont pas nommés. Ils sont tout juste le lien entre le pilote et la base au sol à travers les TSF.

2.6.2 Les personnages au sol
Riviere : Antoine de Saint-Exupéry nous présente les vols de nuit sur le réseau, les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les pilotes et fondamentalement l’occupation du personnel au sol. Tout ce réseau est centralisé par Rivière. Il surveille et veille sans repos (p. 28-58). C’est un conducteur d’hommes et son but principal est d’amener les hommes à se dépasser eux-mêmes. Rivière, précurseur des vols de nuit, met au premier plan la réussite de son entreprise. Il insuffle à ses pilotes les vertus du courage, de l’abnégation et exige d’eux le maximum, voire l’impossible.

C’est le chef du réseau de la compagnie aéropostale pour l’Amérique du Sud. C’est le prototype même du chef. Il a le sens du commandement et de la responsabilité. Il est sévère et intransigeant envers ses agents surtout ses pilotes. Rivière est aussi très humain car partage la douleur et la détresse de Simone l’épouse du pilote Fabien après la disparition de celui-ci. Il a un sens aigu de la solidarité et de la fraternité qui rapprochent les hommes quelques soient leurs origines et leurs différences. En fin, il est le personnage central du roman et le symbole de la rigueur dans le travail. C’est un homme d’action.

Sur le plan physique, on sait tout simplement qu’il a environ 50 ans, de petite taille et a des cheveux gris. Il a aussi une douleur au coté droit. Il s’est fait entourer d’un inspecteur Robineau qui ne connaît rien au monde de l’aviation. On lui demande simplement d’appliquer le règlement. Il lui est inutile de connaître les hommes.

Robineau : C’est un inspecteur qui ne connait rien en son travail et qui fait trop de zèle. Le narrateur nous révèle qu’il déteste l’orgueil, la vanité et préfère l’humilité et la simplicité. Sur le plan professionnel il est chargé de contrôler le travail du personnel et d’établir des rapports sur ses agents. Il est rigoureux et cherche toujours à s’imposer et à se faire respecter. Il admire Rivière, est tendre et chaleureux avec Pellerin qu’il invite même. En fin, c’est un homme qui cherche à partager la joie et le bonheur avec les autres hommes de son entourage.

Leroux : Il a passé 40 années de sa vie dans l’aviation. Leroux est un homme dont le travail est sa raison de vivre. Il joue le rôle de conseiller auprés de son chef Rivière et propose toujours des solutions raisonnées pour résoudre des problèmes dans Vol de Nuit.

Roblet : C’est un vieux ouvrier qui a participé au montage du premier avion en Argentine. Il sert à illustrer la théorie de Rivière à savoir qu’une entreprise d’avion se met en danger si la moindre erreur est tolérée. Avec le personnage de Roblet, St. Exupéry pose le problème de la justice et de l’injustice avec celui de la pitié.2.6.3 Les femmes

Elles sont deux dans VOL DE NUIT 1931 : Simone, l’épouse de Fabien et l’épouse de Pellerin. Toutes les deux femmes sont jeunes et sont au foyer. Il n’ya pas de détails sur le portrait physique des femmes sauf Simone dont on dit qu’elle est trés belle. En plus, toutes les deux sont nouvellement mariées et sont sans enfants.

Au sol, la femme de Fabien, qui connaissait les heures d’arrivée de son mari et qui ne le voyait pas venir, s’inquiétait et décida d’agir elle-même. Elle entre d’abord en contact avec le secrétaire, puis avec Rivière pour connaître les raisons de l’absence anormale de son mari mais n’obtint que de simples réponses courtes qui ne lui donnent pas de satisfaction : « très retardé en effet… vous savez par mauvais temps…etc. ».

La femme représente le bonheur du pilote au foyer.

2.7 Les thèmes
Vol de Nuit est un roman d’action qui regroupe quelques centres d’intérêt comme : la sublimation du moi, les échanges humains et les progrès du monde. Dans ce sens, du début à la fin du roman, beaucoup de thèmes sont abordés parmi lesquels on peut citer : Le courage (dépassement de soi, don de soi), la permanence de l’action, l’héroïsme, la responsabilité, le sens du devoir et du défi, la solidarité (fraternité), le sens de l’humilité, la solitude…

2.8 Le style
:Dans VOL DE NUIT 1931, Saint-Exupéry a employé des phrases brèves, simples et parfois très colorées. Il utilise un style télégraphique et s’appuie sur un registre familier pour faire passer son message. Beaucoup de mots appartiennent au vocabulaire de l’aviation comme TSF, radio, carlingue, gyroscope, manomètre… St. Exupéry se sert aussi de phrases à l’impératif surtout quand Rivière s’adresse à ses agents. Beaucoup de mots appartiennent à l’environnement climatique comme : ciel pur, pleine lune, vent nul, cyclone… La description du cadre ou de l’action est très représentée dans le roman comme la première partie du chapitre I, le ton est quelque fois tragique, triste voire pathétique.

CONCLUSION
En définitive nous pouvons dire que Vol de Nuit est un roman qui magnifie et expérimente chez les personnages des valeurs nouvelles comme le courage, la fraternité, l’honnêteté, la responsabilité, la solidarité, l’héroïsme et la recherche permanente de la grandeur en donnant un sens au devoir. C’est donc un roman attaché à la morale, à la philosophie de l’action. Ainsi cette œuvre est une représentation de la vie faite de joie, et de tristesse, d’échec et de victoires. Saint-Exupéry reste et restera pour la prospérité un des pionniers de l’aviation. En ce sens, Vol de nuit constitue une aventure mais ce n’est pas une aventure gratuite. Les pilotes ont une mission, celle d’ouvrir et d’assurer pour les générations futures les vols de nuit. Les risques qu’ils courent constituent leur participation à l’édifice des temps modernes et leur aventure montre la grandeur de l’homme.

*SUPPORT DE COURS* : _Les fonctions de la Poésie._

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