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samedi, mars 04, 2023

CHANTS D'OMBRE - FEMME NOIRE

CHANTS D'OMBRE - FEMME NOIRE
                     INTRODUCTION
Pendant les conférences, la question a souvent été : « Pourquoi Senghor, marié à une femme blanche, chante-t-il la femme noire ? ». 

Imaginez cette question dans la bouche d''univers-itaires ! Nous pensons sérieusement que toute personne posant cette question devrait, contrairement à ce qu’elle pense, se faire un « hara-kiri » intellectuel.

La mère de Senghor, Gnilane Bakhoum, n’était-elle pas Sérère et, partant, parmi les races les plus foncées du continent africain ? Senghor, même marié à dix mille blanches, devrait-il être aveugle ou hypocrite et dire catégoriquement que la femme africaine n’a aucune valeur, aucune beauté, aucun mérite esthétique ou de reconnaissance ? N’est-il pas lui-même Noir ? Bien avant Colette, n’y avait-il pas Ginette Eboué, mère de Francis Arfang et de Guy Waly Senghor ?

Mais nous ne prendrons pas cette voie vôtre, car ce poème n’est pas une chanson de bikinis, de soutien-gorges, ni de « Dial-diali ». Ce poème n’est pas fils de la plume d’un coureur de jupons : il est d’un amour platonique vrai, pur et innocent poussé si loin qu’on peut y entrevoir un trait de complexe œdipien, car Senghor expose simultanément maman et bien-aimée : il chante la femme, et cette chanson est destinée à la porteuse de vie de sa race, de l’humanité. Elle est mère avant d’être sœur, cousine et puis aimée. Senghor chante le symbole de la vie, cette vie qui toujours resurgira, éternelle, au bout de l’existence selon sa conception cyclique du monde : « Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie ». Conception cyclique, disons-nous car pour Sédar, la vie une fois à son apogée, replonge toujours vers un recommencement perpétuel comme dans Congo : « … Et la mort sur la crête de l’exultation, à l’appel irrécusable du gouffre… Mais la pirogue renaîtra par les nénuphars de l’écume, surnagera la douceur des bambous au matin transparent du monde ».

Que faites-vous donc de cette dimension maternelle du poème : « … J’ai grandi à ton ombre, la douceur de tes mains me bandait les yeux … » ? Ici, nous retrouvons aussi bien Gnilane que sa nourrice Ngâ, Ngâ la poétesse, sur les genoux de qui il « repose sa tête bourdonnant au galop guerrier des dyoung-dyoungs , au grand galop de son sang de pur sang… » ?

Youssou Ndour, Ndiaga Mbaye, Mbaye Ndiaye, Simon Sène,Thione Seck, sont-ils mieux placés que Senghor pour chanter la femme noire ? Sur quels critères ? Qu’avons-nous donc de plus nègre par rapport à Senghor ? Effaçons-nous Gnilane Bakhoum et Ngâ la poétesse de son existence, de sa reconnaissance ? Effacez-vous de ses yeux, de sa mémoire, toute beauté si la muse est nègre parce qu’il épousa Colette Hubert, enfant de la Famille Cahour ?

Nous ne voyons qu’une seule situation presque logiquement acceptable pour recevoir une critique, parce que la jalousie n’est pas toujours raisonnable : celle où l’élégante Colette ferait des reproches à Senghor et bouderait en lisant ce poème… Et si c’était une chanson de bikinis, peut-être devriez-vous, dans votre racisme cinglant, jubiler plutôt qu’un nègre ayant marié une blanche sache encore jubiler à la pensée de la femme noire, échec de votre propre fils prodigue revenant à la maison ! Mais que la critique soit possible laisse croire que la pensée serait revenue avec un maigre fagot de bois morts.

La poésie Sérère va de l'homme pour revenir vers lui comme un boumerang, nous l'avons déjà dit en d'autres circonstances dans les textes de ce blog. Critiquer Senghor à cause de ce poème prouve une ignorance qui fait pâlir : Reposant sur ce caractère de notre culture, surtout la Wolove, la plupart de nos chanteurws ne font qu'égrener des noms de personnes, à travers le woyaan ou le Samba mbayaan. Eloges innombrables d'hommes artistes mariés pour des femmes, éloges de femmes artistes mariées pour des hommes... Voilà le ridicule dans lequel nous ne cessons de baigner. Notre propre culture musicale est fortement élégiaque. Puisque j'en perds la raison, donnons un autre exemple : mariée, Mère Yandé Codou chante bien d'autes hommes; marié, Youssou Ndour chante d'autres femmes, Omar Pene pareil, pareil Ismaïla Lo. Et voilà Senghor quin écrit un poème foncièrement symbolique et, sans comprendre, peut-être même sans l'avoir lu, nous agitons les stridents du Diable et les flammes de l'enfer à son encontre comme lorsque Dieu se ceignit les reins pour faire face à Sodome et Gomorrhe...

Comme tout artiste, Senghor a droit à toutes les muses, d’autant plus que le poète n’est pas un journaliste : c’est un berger qui suit le troupeau de ses pensées, de ses rêves et qui, reprenant sa flûte au flanc des bêtes à la démarche lasse, nonchalante et harmonieuse, module des notes qui ricochent de colline à colline. Ces notes, dans leur passage, surplombent vallées et ravins, marigots et fleuves. Durant ce voyage au parcours sinueux, le vagabond qu’est son esprit glane tout ce que bon lui semble. Et plus la solitude sera poignante, plus le mur de la prison sera haut et étroit, disons-nous, plus grand sera le saut de l’âme pour s’en évader. C’est le royaume du Poète, univers de l’albatros à l’aile cassée :

       Le Poète est semblable au prince des nuées
       Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
       Exilé sur le sol au milieu des huées,
       Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Wolof, Sérère, Manjack, Diola ou Toucouleur et marié à une femme d’une autre ethnie veut donc dire qu’aucune fille de notre ethnie n’est digne de louange. Le sérère marié à une diola renie toute beauté féminine dans son ethnie, et la verrait-il, tout droit d’y faire allusion lui est défendu ! A bien vous comprendre, cela va jusqu’à dire que celle sous l’ombre de qui nous avons grandi, notre mère, n’a nul mérite ! La beauté, qui est dans les yeux de celui qui observe, aurait-elle donc conquis d’autres frontières basées sur le racisme ou l’éthnicisme ? Poussant votre raisonnement à l’extrême, la beauté s’effacerait de la face de la terre pour toute personne qui se marie !

Dommage si le chantre de la négritude devenait subitement aveugle à la beauté nègre, au mérite de la femme noire, même celui de sa propre mère ! Encore pis, si celui qui est nègre lui-même et qui a toujours vécu sur et par l’ordre et la méthode reniait toute logique, tout esprit à l’homme nègre et toute émotion aux Blancs. Que faites-vous donc de l’infirmière Emma Payelleville ?

Dès le début du poème, Senghor dit « …j’ai grandi à ton ombre ». Cette ligne vous a-t-elle échappé ? Dans ce cas lisez et relisez Senghor, suivez ligne après ligne chaque poème et essayez, surtout essayez de le comprendre avant de tenter de le critiquer, de le condamner. Si de petites phrases comme celle-ci vous ont échappé, mieux vaut laisser les notes de la flûte de Pan flotter vers d’autres degrés. Vous lui devez beaucoup de demandes d'excuse, à genoux ! Dommage que nos critiques montrent plus le degré de notre abrutissement plutôt qu'une certaine lueur d'esprit ! Comme le Professuer Kesteloot l'a dit, il nous faut réellement le Brevet de négritude. Quand est-on un Nègre bon teint . Peut-être qu'alors aurons nous atteint notre salut !

FEMME NOIRE


Femme Noire ! Voilà donc le poème qui, pour certains, est devenu un gîte pour tant de critiques. Nous avons apporté notre lumière dans l’introduction et n’allons pas nous étendre plus sur ce sujet. Il est surprenant, vu la dimension de la symbolique, comment on peut s’attaquer à Senghor.

« Femme nue, femme noire, vêtue de la couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté ! J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux. »
Dimension maternelle de la femme noire. Qui n’entrevoit Mame Gnilane Bakhoum à travers ces lignes, ou bien Ngâ la poétesse qui lui faisait entendre le sabot des chevaux et la voix évasée des tam-tams royaux du Sine ?

Ici, pour la première fois, Senghor se livre à son racisme à rebours. En réalité, à travers ses poèmes, la couleur de la vie c’est le noir. Et blanche est la mort, l’ennui. En écrivant à son voisin de village, au Champion de Tyâné, dans « Hosties Noires », voilà ce qu’il dit : « Je t’écris parce que mes livres sont blancs comme l’ennui, comme la misère et comme la mort »

Dans « Neige Sur Paris », qui est dans « Chants d’ombre » il dit : « … parce qu’il devenait mesquin et mauvais, vous l’avez purifié par le froid incorruptible, par la mort blanche ».

Ici la mort blanche c’est bien sûr la neige. Senghor a choisi d’associer la mort à la couleur. Il va parler de neige dans le même poème, le ton se fait doux, positif : « le froid incorruptible », « votre froid qui brûle plus que sel », « la neige de votre paix ». Par contre la couleur des mains qui croulèrent les empires est blanche.


« Et voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi, je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné. Et ta beauté me foudroie en plein cœur comme l’éclair d’un aigle. »
L’image est empruntée de l’Ancien Testament. Moïse, à la tête du peuple d’Israël sorti de l’esclavage d’Egypte grimpa le mont Nébo, au sommet du Pisga sur l’ordre de l’Eternel. De là il put apercevoir la Terre Promise :

« …Galaad jusqu’à Dan, tout Nephtali, le pays d’Ephraïm et de Manassé, tout le pays de Juda jusqu’à la mer occidentale, le midi, les environs du Jourdain, la vallée de Jéricho, la ville des palmiers, jusqu’à Tour. L’Eternel lui dit : C’est là le pays que j’avais juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob en disant : Je le donnerai à ta postérité… »  

La femme est donc aperçue comme cette terre promise dont les traits se brodent à celui du continent. C’est le multidimensionnel des images de Senghor, qui flottent pour atteindre une dimension de l’universel et celle de la femme embrasse celle d’un continent. Cela n’est possible que dans la mesure où la femme est symbole, symbole de vie, symbole des origines. Et elle est drapée dans sa couleur qui est vie, sa forme qui est beauté.


« Femme nue, femme obscure, Fruit à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche, Savane aux horizons purs, savane qui frémit aux caresses ferventes du Vent d’Est, Tam-tam sculpté, tamtam tendu qui grondes sous les doigts du vainqueur, Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée. »
La cyclique des images est très belle et bien senghorienne : partant de l’être, celui-ci se transforme en objet, en paysage, qui, à son tour, reprendra la forme de l’être. Les images sont claires et ne nécessitent, à notre avis, aucun commentaire. Il faut toutefois faire attention, comme toujours, à la juxtaposition, à la contre position des comparaisons : le rythme s’élève pour le vainqueur, mais le tam-tam tendu gronde sous les doigts du batteur, du griot.


« Femme nue, femme obscure, huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali….A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux. … Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel avant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.»
Notion de vie cyclique, et nullement linéaire. Le poète dépose la beauté actuelle dans le coffre secret de l’Eternité avant la transformation qui doit fatalement suivre : la mort d’où ressortir une nouvelle vie.

Source : Banja.blog

CHANTS D'OMBRE - JOAL🇸🇳🇸🇳

CHANTS D'OMBRE - JOAL🇸🇳🇸🇳



                               JOAL
Joal, un des poèmes les plus plus connu de Léopold Sédar Senghor. Avec Femme noire et Nuit de Sine il ouvre et ferme le bal. Mais a-t-on idée que c'est la base d'assimiler sans être assimilé, de l'enracinement et ouverture ? Ici il y a la description de son Joal. Peintre muni du pinceau de ses souvenirs d'enfance, il remonte les larges étendues des tanns, les cours et les rues : les signares sont belles sous l'ombre des vérandas; les fastes du Couchant certainement côtoyés lors que le jeune paissait le troupeau en compagnons d'autres, surtout ses camarades parés des fleurs de la brousse, les festins funèbres pendant lesquels on égorgeait tant de boeufs, funérailles accompagnées par la rhapsodie des griots; funérailles durnt lesquels les hommes boivent la gueule pleine comme pour défier la mort; ivresse qui conduira à des batailles sporadiques. A un cerrtain moment donné, - il faut compter avec le catholicisme implanté - des choeurs vont se levaient en égrenant un Tantum ergo. C'est ce point qui est le noyau du poème comme nous le verrons tout à leur à travers la traduction de ce cantique : enracinement et ouverture !
« Joal ! Joal je me rappelle. Je me rappelle les signares à l’ombre verte des vérandas, les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève. »
En lisant Joal, nous sommes surpris de noter - remarque superficielle ? - que le premier souvenir se porte sur les signares. Nous ne devrions certainement pas nous agripper à des choses infimes et il se peut bien que Senghor les ait prises en compte dès le début pour s’en débarrasser le plus rapidement possible. Mais de l’autre côté cela peut avoir beaucoup d'importance et par conséquent ne produire aucune surprise si l'on prend en compte le cœur de l’enfant, déjà poète et donc ouvert à la beauté de l’univers. Dans un tel il est facilement compréhensible qu'il reste marqué par ces beautés qui étaient choisies pour bercer le séjour des Colons Blancs, bercé, disons-nous par ces femmes source du métissage qu'il prônera plus tard. Quelle que soit la réalité, les voilà, beautés paressant paresseuseement à l’ombre des vérandas aux ombres vertes, vertes parce que Senghor juxtapose la couleur des feuillages qui les surplombent.

« Je me rappelle les fastes du Couchant où Coumba Ndoffène voulait faire tailler son manteau royal. Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux ; Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots »
Disons en passant que le roi du Sine, Coumba Ndoffène Fa Maak Diouf, Fa Maak veut dire Sénior, fut assassiné à Joal par les Français en août 1871. alors qu'il était venu exercer son autorité sur la gestion de cette cité.

Les festins funèbres : c’est un événement très important en pays sérère, surtout lors du décès d’une personne très âgée. Ce sont des festins qui pouvaient durer une semaine dans l’ancien temps. Des dizaines, voire des vingtaines de bœufs peuvent être tués, dépendant du nombre de fils et petits et bien sûr de la postérité de la famille. Il faut se souvenir que chez les Sérères, les devoirs et responsabilités dans de tels évènements sont partagés entre deux familles : la lignée paternelle et la lignée maternelle.

Lors de ces fêtes, il n’est pas rare qu’il y ait des batailles qui peuvent provenir de plusieurs sources : ivresse, désaccord entre les membres de la même famille (paternelle ou maternelle), entre les deux branches ou bien à cause d’un « étranger », quelqu’un n’ayant pas de responsabilité, et par conséquence pas concerné par les évènements et qui veut gâcher leur bon déroulement. Cela peut provenir aussi d’un échauffement à cause de la rhapsodie des griots. Lorsque les cantatrices atteignent certaines fibres, la personne peut tomber en transe. Il faudra alors la faire sortir du cercle, ce qui n’est pas toujours facile. Il peut résister, ou bien une personne plus proche d’elle en termes de parenté peut dire qu’on l’a bousculée sans respect. Innombrables sont les raisons qui mènent aux querelles dont parle le poète.

« Je me rappelle les voix païennes rythmant le Tantum Ergo et les processions et les palmes et les arcs de triomphe. »
Au Sénégal, Joal-Fadiouth se compte parmi les premiers endroits convertis au christianisme. Et il n’est pas surprenant de voir un Senghor qui parle d’assimilation sans être assimilé, du métissage des cultures. En réalité, à cause de sa conception du monde, le Sérère a une capacité réceptrice sans limite. Cette vision du monde fait, par exemple, qu’il ne peut pas être surpris quand on lui dit que « le Christ est né du Saint Esprit, d’une vierge ». Cette capacité réceptrice, cette capacité d’assimilation et l’étendue de sa conception font qu’il perdra rarement ses croyances fondamentales. Les autres viennent s’y ajouter sans les noyer.

Voilà donc des voix païennes, qui certainement vont faire le tour traditionnel de la tombe lors des évènements funéraires, qui s’adonnent au « Tantum Ergo », une chanson chrétienne qui exhorte les choses anciennes à faire place aux nouvelles. On ne dit pas remplacent, la différence est importante. Assimiler sans être assimilé ? C'est le métissage, qui ne veut pas dire la noyade de l’une au détriment de l’autre ! Nous vous donnons ici l’hymne eucharistique Tantum Ergo et sa version française :

Tantum ergo sacramentum
Veneremur cernui :
Et antiquum documentum
Novo cedat ritui :
Praestet fides supplementum
Sensuum defectui.
Genitori, genitoque
Laus et jubilatio, Salus, honor,
virtus quoque
Sir et benedicto ;
Procedenti abutroque
Compar sit laudatio
Amen Un si grand sacrement
Adorons-le prosternés
Que les vieilles cérémonies
Fassent place au nouveau rite
Que la foi de nos cœurs supplée
Aux faiblesses de nos sens.
Au Père et à son Fils unique,
Louange et vibrant triomphe !
Gloire, honneur et toute puissance !
Bénissons-les à jamais !
A l’Esprit procédant des deux
Egale adoration.
Amen

« Je me rappelle la danse des filles nubiles, les chants de lutte – oh ! la danse finale des jeunes hommes, buste penché élancé, et le pur cri d’amour des femmes – Kor Siga ! »
Kor Siga ! Kor Sanou ! Cri d’éloge pour l’athlète, le héros. « Kor » veut dire « mari », et est suivi du nom de la sœur. En réalité c’est un choix judicieux et rarement la sœur dans la conception européenne est prise : il s’agit toujours d’une cousine, la fille du frère de son père ou bien, dans le cas des familles polygames, le nom de la demi-sœur. S’il y a plusieurs sœurs, c’est le nom de l’aînée qui est pris en compte. Cela ne veut pas dire qu’il y ait de l’inceste. C’est qu’il y a une structure sérère qui va au-delà d’une certaine conception et c’est dommage que nous, intellectuels africains, ne maîtrisions pas toujours ce patrimoine. C’est à cause de cela que nous embrassons toutes les tendances qui nous viennent d’outre-mer.

Prenons par exemple la tendance féministe : comment expliqueront certaines de ces adeptes l’appellation « faap-o-tew », qui, littéralement, veut dire « père-qui-est-femme » ou simplement « père-femme » ? Si nous avons expliqué qu’il n’y a pas idée d’inceste, c’est uniquement parce que nous savons certaines explications qui ont été faites à tort sur le Kor-Sanou de Senghor, pensant que quelque part en Afrique se cachait une maîtresse, comme dans le cas d’Isabelle et de Soukeyna dans « Que m’accompagnent koras et balafon »

« Je me rappelle, je me rappelle… Ma tête rythmant quelle marche lasse le long des jours d’Europe où parfois apparaît un jazz orphelin qui sanglote, sanglote, sanglote »
Tant de souvenirs d’enfance, tant de souvenirs du royaume d’enfance, où viennent se greffer ceux du cursus en Europe. Une longue marche avec le mirage des charniers, des orphelins, des massacres. Le poète a traversé l’Europe de bout en bout. Le long de cette route, il a rencontré l’Esprit, la Raison, justement cette raison hellène. Il a connu le goût de la liberté et de la fraternité sur les pages régissant la République. Il a subi la guerre, la prison, la famine, le froid et la solitude, autant de partitions que se relaie un orchestre étrangement triste.

COMPRENDRE L'OMBRE VERTE DES VERANDAS
Dans les poèmes de Senghor il y parfois un point qu'il faut aller chercher en s'appuyant forcément sur la culture sérère et, par conséquent, la culture négro-africaine. Il en a donné un exemple et nous nous étendrons plus amplement sur ce point le moment venu. Ce que nous voulons expliquer ici, c'est un petit exercice d'ensembles et d'intersections concernant son Ombre verte des vérandas à travers un diagramme.

Source : Banja blog

CHANTS D'OMBRE -« NUIT DE SINE★🇸🇳

CHANTS D'OMBRE -« NUIT DE SINE★🇸🇳

                        NUIT DE SINE.                         
Ne pas chanter la femme noire ? Comme il le murmure à Abdoulaye Ly dans « Camp 1940 », Senghor « n’est-il pas libre de la liberté du destin ? » Il prend la liberté de partager cette nuit du Sine avec une femme complice. Non, n’allez pas chercher des couleuvres et des mambas sous le lit : comme le directeur de la pièce au théâtre, il choisit son décor. Il n’est pas journaliste, son esprit, à la manière des dieux, comme celui de tous les artistes, est de créer le monde dans lequel il évolue ou dans lequel il veut évoluer : « … Or donc, pour Homère et les Grecs de son époque, le poète est visité, habité par un dieu, qui lui donne la force de l’inspiration. Pour quoi on le qualifiait de theios, « divin », on l’appelait aoïdos « chanteur », et pas encore poïetes, « fabricant ». Possédé par une divinité, la Muse, le poète-récepteur modulait le chant que lui chantait celle-ci, mais non sans y apporter sa marque, c’est-à-dire sa propre forme : sa technê … Il a le droit d’ériger des paysages dignes extraits d’un kaléidoscope fictif où les arbres sont bleus ou rouges. Il n’a pas besoin d’avoir une maîtresse en chair et en os pour cette complicité qui donne une autre dimension au poème.
« Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains douces plus que fourrure. Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne à peine. Pas même la chanson d’une nourrice. »
La valeur de ces vers est une initiation à une nuit dans le Sine. Pour « sentir » sa plénitude, il faut la passer dans un village du Sine entouré de hauts rôniers, par exemple à Yayème ou à Doudam, notre village natal, et écouter le bruissement des palmes dans la brise libérée de la nuit percale.

Senghor, encore une fois, se livre, comme cela revient toujours, à sa comparaison juxtaposée : « Les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne. » Ce n’est pas la brise qui est haute, mais les palmes qui sont suspendues dans cette brise, car il veut nous aider à en mesurer la dimension sans la toucher du doigt.

La nuit est intime, et le poème lui rend ce caractère particulier en mettant en scène une femme aux mains balsamiques, des mains plus douces que fourrure. Que serait le poème sans cette complicité, sans cette complice à qui l’on peut parler, faisant franchir au lecteur une limite au-delà de laquelle, complice à son tour ou victime, il participe à un entretien qui semble ne pas lui être décerné ? D’emblée, comme sans le vouloir, il assiste à la scène, écoute et entend des propos, comme quelqu’un qui écoute derrière les portes. Et parfois il tend l’oreille, redouble d’effort pour ne pas perdre une seule sentence murmurée entre ce couple. Il se laisse bercer, voyeur dans le paroxysme de l’acte de l’esprit.  

« Qu’il nous berce, le silence rythmé. Ecoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons battre le pouls profond de l’Afrique dans la brume des villages perdus »
Le silence de la nuit. Pas même la chanson d’une nourrice. Le poète, comme l’hypnotiseur invite à l’abandon, à l’adossement au silence rythmé. Car, dans ce silence, il y a le battement du cœur dans le jeu de l’intime, il y a le pouls, le rythme profond de l’Afrique, le rythme de l’Afrique profonde. Juxtaposition de l’image, comme dans la suite du vers : « La brume des villages perdus ». En réalité ce sont les villages qui sont couverts par la brume. Savoir lire Senghor, c’est savoir ne pas succomber sous la structure bicéphale de ces comparaisons. Elles reviennent si souvent que si nous les suivons, nous allons nous noyer dans une spirale de répétitions galactiques.

« Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale, voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère, voici que les pieds des danseurs s’alourdissent, que s’alourdit la langue des chœurs alternés. »
Allitération double, formée de consonnes liquides et de suintantes : Les « l » et les « s » se succèdent pour perpétuer le bruissement des palmes et le pas régulier de la lune lasse, lilas par les tanns célestes. A celles-ci s’ajoute la syncope des « alvéolaires », succession de « t » et « d » qui rythment, entrecoupés à leur tour par le retour des liquides, la tête de l’enfant suivant la cadence lorsque la maman se lance dans le cercle au rythme des tam-tams. Et le vers fume et flambe pour s’éclairer définitivement à la fin « des chœurs alternés ».

Il y a ici une apparence de la problématique du silence. Le poète dit : « pas même la chanson d’une nourrice ». Puis : « Ecoutons le silence rythmé », et plus tard, il y a « les conteurs, les pieds des danseurs et les chœurs alternés » ! Ce serait se méprendre sur le « silence rythmé » et « le pouls profond de l’Afrique dans la brume des villages perdus ». C’est que, comme le zéro absolu, le silence absolu est difficile à trouver en Afrique, pour ne pas dire impossible. En réalité le silence est rythmé par le bruissement des palmes dans la haute brume. Le pouls de l’Afrique, c’est l’écho des veillées de contrées voisines et celui de tam-tams provenant des villages lointains, villages réels ou de la troisième dimension, ceux des esprits qui reprennent les espaces désertés des hommes dans le tard de la nuit. Cette interprétation est supportée par la présence de la lune qui, dans la vieillesse de l’heure, se retire, elle aussi, « vers son lit de mer étale ».

« C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe s’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait. Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ? Dedans, le foyer s’éteint dans l’intimité d’odeurs âcres et douces. »
D’autres habitants, célestes, continuent la veillée au-dessus du village. Ce sont les étoiles et la nuit qui, comme un vieillard, songe, le coude sur une colline ou un coussin de nuages. Elle est drapée dans un pagne blanc, son pagne en coton, son pagne de lait, qui n’est autre que la clarté éclatée de la lune. Les toits, seuls avec ces nouveaux compagnons à la retraite des hommes, se dressent, baignés par cette clarté. Ils tiennent des palabres dans le secret de l’heure, comme les anciens sous les kaïcédrats.

Ici le souffle de la muse est parfait. Senghor prend les objets célestes pour en faire un tableau vivant de la vie villageoise au cœur du Sine. La nuit est comme l’aïeule qui, tard dans la soirée, reste seule sur sa natte. Les petits-fils qui se serraient contre elle comme des poussins sont partis se coucher. Elle a le temps de se retirer dans son monde de songes. Elle a toujours une couverture, un pagne en coton. Couchée, parfois la tête dressée, retenue par la main, le coude sur un oreiller, elle peut écouter ce que se disent les autres, intervenir, s’associer à la discussion.

Les toits sont plus impressionnants dans la nuit. La paille, au fil des années, des pluies et de la poussière est noir foncé. Ils prennent l’allure majestueuse de patriarche, détenteur de la sagesse, du secret et donc aptes à tenir des palabres. Comme les villageois d’un certain âge ! C’est justement ce qu’ils font. Et les interlocuteurs sont les habitants d’un autre village, d’un autre monde : Les étoiles.

Mais le couple est dans l’intimité de la chambre. Le feu de bois allumé dès la tombée de la nuit maintenant s’éteint. C’est que le bois est entièrement consumé ou bien n’a pas été régulièrement ravivé.

« Femme, allume la lampe au beurre clair, que causent autour de nous les Ancêtres comme les parents, les enfants au lit »
Le poète introduit une autre lumière propice au retour des Ancêtres, des Pangools. Il veut qu’ils viennent leur parler, leur donner des conseils, leur transmettre la sagesse, comme les parents au chevet de l’enfant avant que le sommeil ne s’interpose.

« Ecoutons la voix des Anciens d’Elissa. Comme nous exilés, ils n’ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal. »
Senghor remonte à Elissa du Gabou. C’est une place d’où il tire ses origines. Nous savons, selon les recherches, qu’il y a deux souches quant à l’origine des Sérères : le groupe mandé, venu du Mali en traversant la Guinée Bissau, la Casamance puis la Gambie pour s’installer le long de la Petite Côte avant de remonter vers l’intérieur du pays, avec Mbissel de Mansa Waly Mané comme point de départ et d’instituer la royauté des Guelwars dans le Sine. Quelques recherches basées sur la linguistique historique rattachent cette période d’implantation mandingue aux noms de localité le long de la Petite Côte. Il y a une haute fréquence de la syllabe « Fa » au début des noms, le « Fa » venant probablement du mandingue et voulant dire « Père » : Fadiouth, Faoye, Fayil, Fayako, Faboura, Fassakhor, etc. Une autre souche viendrait du Nord du fleuve Sénégal.

Mais la relation Senghor - Elissa est particulière. Cette place revient plus de deux fois dans ses poèmes, et toujours pour décrire une situation qui, interprétée selon la tradition et la croyance sérère, peut donner des frissons. Nous allons voir pourquoi : « Ecoutons la voix des Anciens d’Elissa. Comme nous exilés, ils n’ont pas voulu mourir, que se perdît par les sables leur torrent séminal ».

Si Senghor avait écrit ces lignes actuellement, nous aurions dit qu’il regarde trop la télévision, et qu’il devrait suivre moins « Highlander » . Senghor a une souche à Elissa. Là-bas, une chose terrible s’est passée, une guerre, et plusieurs des siens y sont restés : des gens qui ne voulaient pas mourir. Des gens qui ne voulaient pas disparaître sans laisser de trace. Ce Senghor donc, et cette femme dans la chambre… Cette femme est-elle réellement une complice du poète ou une compagne qui s’est relevée comme lui du milieu des corps décimés d’Elissa ? Dans « Que m’accompagnent koras et balafon », sixième strophe, voici ce qu’il dit : « J’étais moi-même le grand-père de mon grand-père. J’étais son âme et son ascendance, le chef de la maison d’Elissa du Gabou droit dressé. En face, le Fouta-Djalon et l’Almamy du Fouta. »

Nous avons aussi dit que le poète n’est pas un journaliste. Il a la liberté et la force du dieu créateur. Toute considération faite, nous pouvons nous demander : Et si c’était réalité, ancré comme il est dans sa culture, plus imprégné d’elle que ceux qui veulent lui interdire de chanter la femme noire ? N’a-t-il pas dit, dans « Comme les lamantins vont boire à la source » : « …J’ai donc vécu en ce royaume, vu de mes yeux, de mes oreilles entendu les êtres fabuleux par-delà les choses : les Kouss dans les tamariniers, les Crocodiles, gardiens des fontaines, les Lamantins, qui chantaient dans la rivière, les Morts du village et les Ancêtres (les Pangools), qui me parlaient, m’initiant aux vérités alternées de la nuit et du midi. Il m’a donc suffi de nommer ces choses, les éléments de mon univers enfantin, pour prophétiser la Cité de demain, qui renaîtra des cendres de l’ancienne, ce qui est la raison d’être du Poète. »

Comme le Saltiki ! Relevé d’entre les cadavres de Gabou, le voilà exilé. Et il ne veut pas mourir, que ne se perdît par les sables le torrent séminal. Exactement comme à Elissa, Senghor évoque le moment propice de la procréation, de la régénérescence. P

our le Sérère, il y a « a ciiƭ ». Pour ne pas aller dans une trop longue explication, nous dirons que c’est un esprit en quête d’issue pour regagner le monde, se réincarner. C’est de ce moment-là qu’il parle : « La case enfumée que visite un reflet d’âmes propices »

C’est le moment de l’union pour ouvrir l’issue pour ces âmes, exactement comme sur le champ de bataille d’Elissa du Gabou : « Dormez, les héros, en ce soir accoucheur de vie, en cette nuit grave de grandeur. » Pour pouvoir transcender, se propulser et regagner des issues, les héros sur le champ de bataille doivent dormir profondément, mourir. C’est uniquement alors que la transition est possible. Le soir d’Elissa, comme cette nuit du Sine, dans la case aux odeurs âcres et douces, le moment est propice. Le poète veut s’unir à la complice pour permettre aux âmes propices de se réincarner, comme les morts d’Elissa devaient plonger plus profondément et transcender avec toute leur grandeur de héros. Il se décrit comme l’un d’eux, mais un qui aura la chance de se relever, d’être sauvé : « Mais sauvée la Chantante, ma sève païenne qui monte et qui piaffe et qui danse, mes deux filles aux chevilles délicates, les princesses cerclées de lourds bracelets de peine comme des paysannes. Des paysans les escortent pour être leurs seigneurs et leurs sujets et parmi elles, la mère de Siga Badial transcrit en sérère : Siga Ɓaƈal, fondatrice de royaume qui sera le sel des Sérères, qui seront le sel des peuples salés. »

De ce charnier il y aura des rescapés : pas en chair et en os, mais sous forme de sève, de torrent séminal. Trois personnes de marque exactement : une représentation de Senghor et deux princesses dont l’une est la mère de Siga Badial, qui est connue comme étant la première femme fondatrice de royaume, ce qui lui permettra de dire « J’étais moi-même le grand père de mon grand-père ». Puis une foule de paysans dont certains seront plus tard des seigneurs, ce qui s’est réellement passé dans le Sine, si les Guelwars, originaires d’Elissa du Gabou se sont soudés à un peuple autochtone pour l’assimiler de l’intérieur et perpétuer leur royauté, comme le veut le Père Henry Gravrand dans « Cosaan ».

Se peut-il que parmi le reflet des âmes propices il y ait justement ceux d’Elissa, qui n’ont pas voulu mourir ? Voilà l’énigme que nous laisse Senghor sur eux et sur lui-même. Highlander sérère, « saltiki » qui a su se réadapter dans le monde moderne et briller sur d’autres degrés, avec la splendeur que nous lui connaissons ! Mythe répété ou réalité sérère, le moment de l’union est choisi pour permettre à des Esprits vagabonds qui aspirent à la renaissance de renaître au monde, comme les trois flammes qui se lèveront du champ de bataille d’Elissa pour la refonte d’un nouveau royaume.

« Que j’écoute, dans la case enfumée que visite un reflet d’âmes propices ma tête sur ton sein chaud comme un dang au sortir du feu et fumant. »
Il faut aller au paroxysme de l’intimité. Le sein de la femme est chaud comme un dang. Le « ɗαŋ », qui vient du sérère, est un morceau de couscous cuit à la vapeur que l’on donne aux enfants (et aux adultes parfois) pour casser une petite faim en attendant le repas du soir.

« Que je respire l’odeur de nos Morts, que je recueille et redise leur voix vivante, que j’apprenne à vivre avant de descendre, au delà du plongeur, dans les hautes profondeurs du sommeil »
Senghor veut perpétuer les morts, les héros tombés sur le champ de bataille à Elissa du Gabou dans « Que m'accompagnent kôras et balafong », redonner vie à leur voix, leur donner une occasion pour la réincarnation en s’unissant à la femme, mais aussi amasser leur sagesse avant de replonger dans les profondeurs de la mort, ces hautes profondeurs du sommeil.

Source: Banja blog

dimanche, février 26, 2023

EXPOSE : *L’APOLOGIE DE SOCRATE* : SECONDE PARTIE

LES LYCÉES DU SÉNÉGAL

EXPOSE : *L’APOLOGIE DE SOCRATE* : SECONDE PARTIE

PLAN 
INTRODUCTION
I. AUTEUR 
1.BIOGRAPHIE
2.BIBLIOGRAPHIE
II. L’ŒUVRE
1.L’APOLOGIE DE SOCRATE : RAPPEL SUR LA 
PREMIERE PARTIE
2.ETUDE DE LA SECONDE PARTIE DE L’ŒUVRE
a. LE PROCES ATHENIENS
b.LES ACTEURS DU PROCES
c. LE CHOIX DE LA SENTENCE APRÈS LA 
CONDAMNATION
CONCLUSION .

INTRODUCTION



Dans son sens originel, l’apologie est un genre littéraire visant à argumenter en défense contre les 
attaques visant une personne ou une doctrine. Dans l’Apologie de Socrate, qui est un exemple du 
genre, Platon rapporte les plaidoyers de Socrate lors de son procès en -399 qui déboucha sur sa 
condamnation à la mort. La défense se déroule en trois parties, toutes en lien direct avec la mort. 
Socrate se défend devant toute la cité d’Athènes. Il répond aux trois chefs d’accusation déposés 
contre lui : corruption de la jeunesse, non-reconnaissance de l’existence des dieux traditionnels 
athéniens, et introduction de nouvelles divinités dans la Cité. Dans notre exposé nous nous 
intéresserons à la seconde partie de l’apologie.
I. AUTEUR
1. Biographie
Platon est né en 424 ou 423 avant J.C à Athènes ou à Egine, au moment de la toute-puissance du 
monde grec. A la fin de sa vie, Platon en verra le déclin.
Il est issu d’une famille aristocratique aisée et puissante sur le plan politique. Il s’essaiera lui –même, 
à plusieurs reprises, à la vie politique, mais y renoncera par rejet de la part de ses employeurs puis 
par dégout de sa propre part.
Jeune, il pratiquera la gymnastique, la poésie, la musique, les mathématiques, la dramaturgie. Il 
écrira de nombreuses pièces de théâtre.
A vingt ans, il rencontre Socrate. C’est le tournant de sa vie…
Il brule toutes ses pièces de théâtres pour écrire d’autres pièces bases sur un questionnement 
philosophique et il devint le plus fidèle disciple de Socrate.
A la mort de celui-ci, neuf ans plus tard, il décide de voyager (Egypte, Lybie, Italie, Sicile, - là il 
proposera des idées d’organisation politique qui le conduiront en prison-) 
Rentré à Athènes, il ouvre une école (« l’académie ») pour poursuivre l’enseignement de Socrate en 
le reprenant à son compte (tout ce qu’on connait de Socrate a été écrit par Platon, principalement 
dans des dialogues). Sa vision personnelle tend à analyser ce qui propose idées et choses réelles (les
philosophes pré-socratiques peuvent tous être considérés comme des « philosophes de le nature »). 
Il y enseignera une quarantaine d’années.
Ses élèves les plus célèbres sont Aristote et Démosthène.
Il meurt à 81 ans. 
2. Bibliographie
Platon a écrit de nombreuses œuvres. Parmi ces œuvres nous avons : 
CHARMIDE 
MENON
PHEDRE
LE BANQUET
APOLOGIE DE SOCRATE…II. L’APOLOGIE DE SOCRATE : présentation
Socrate n’a rien écrit et son enseignement fut dans la cité Athénienne, purement oral. Nous le 
connaissons surtout par les textes de Platon, qui fut son » disciple «, textes comme La République, 
Le Gorgias, Le Phédon, Le Banquet, etc.…, qui mettent en scène un Socrate questionnant, 
interrogeant ses concitoyens sur des sujets de toutes sortes et donnant naissance ainsi à la 
rationalité philosophique en Occident. En effet, Socrate dans ses discours, s’oppose à la méthode 
relativiste des sophistes, professeurs d’éloquence, beaux parleurs et habiles à raisonner, qui 
prétendent enseigner, contre rémunération, l’art de bien discourir, l’art de persuader, par tous les 
moyens, une assemblée, quelle que soit la théorie défendue : les sophistes n’ont donc pas d’abord le 
souci de la vérité mais se préoccupent surtout du pouvoir des mots, de l’art de persuader autrui, de 
l’efficacité d’un discours. Socrate au contraire, prétend ne rien savoir, et cherche avant tout la vérité 
et la justice, par un travail critique des opinions, en examinant le manque de solidité des croyances 
des hommes de son temps. Dès le premier paragraphe de l’Apologie, Socrate veut d’ailleurs redire 
qu’il n’est pas comme les sophistes un habile discoureur : » je suis un orateur mais pas à leur 
manière » (17a). Socrate se pense en effet investi d’une » mission divine «, l’oracle de Delphes 
ayant déclaré qu’il était le plus sage des hommes (voir en 21a). En quoi consiste cette sagesse ? C’est 
que la plupart des hommes pensent posséder des connaissances bien établies alors qu’ils sont 
surtout enfermés dans leur certitude et leurs préjugés qui se révèlent discutables après examen. 
L’ignorance se présente comme sûre d’elle même alors que la reconnaissance de son ignorance 
marque le début de la sagesse… Se savoir ignorant c’est au fond la condition qui nous permet de 
nous rendre disponible au travail critique de la pensée et donc à la recherche de la vérité, du bien, de
la vertu, de la justice. Socrate reste un philo-sophe (philia-sophia), un amoureux de la vérité, plus 
qu’un propriétaire de cette vérité, dont la pensée ne s’est pas figée dans une doctrine mais qui reste 
une quête permanente. Socrate nie être un maître penseur (23c et 33a). À cela deux raisons : d’une 
part il ne fait jamais payer son enseignement (19d-e, 33a-b) et d’autre part, il ne dispose d’aucun 
savoir positif, d’aucune doctrine, qu’il serait susceptible d’enseigner (19d, et surtout 20b). Il insiste :« Moi qui ne sais rien, je ne vais pas m’imaginer que je sais quelque chose. » (21d) – phrase qui a 
souvent été reformulée par les commentateurs de cette façon : « Tout ce que je sais, c’est que je ne 
sais rien. » C’est ce travail critique et philosophique de remise en cause des croyances que Socrate 
inaugure avec les Athéniens. D’où la méthode socratique qui est fondée sur l’ironie et qui vise par 
interrogations successives, à amener un interlocuteur, par le jeu des questions réponses, tout en 
faisant semblant au départ d’admettre son point de vue, à ses propres contradictions, pour lui faire 
reconnaître son ignorance c’est-à-dire l’insuffisance de ses réponses sur tel ou tel sujet , ce qui lui 
attire bien entendu souvent l’antipathie de ceux sur lesquels il se livre à cet exercice et qui 
n’apprécient guère qu’on démontre la faiblesse de leur pensée en public. C’est pourquoi la plupart 
des dialogues écrits par Platon sont des textes qui posent la question de l’essence d’une chose 
(qu’est-ce que le beau, le courage, la vertu ?… etc.) sans forcément d’ailleurs trouver de réponse 
(dialogue aporétique). Cependant une telle pratique critique à l’égard des croyances de son temps 
dérange, inquiète les athéniens. L’enseignement de Socrate est en effet bien singulier puisqu’il ne 
défend pas de doctrine mais suscite l’embarras, le doute, l’étonnement en face des choses. Il 
perturbe les croyances par ses interrogations et s’attire des inimitiés de ceux dont il tente pourtant 
d’éveiller les consciences en leur faisant accéder à la pensée philosophique, de là l’agressivité des 
hommes politiques (21b-e), des poètes (21e–22C), des hommes de métiers (22C-e). Le personnage 
est inclassable et on le prend parfois pour un sophiste ou bien pour un cosmologue parlant du ciel et 
de la terre à la manière d’Anaxagore. Ainsi Socrate est-il accusé » d’impiété » (de ne pas respecter 
les dieux de la cité) et de » corruption de la jeunesse » par les athéniens. Ces accusations, sans 
véritable fondement, font surtout émerger le problème du rapport de la cité grecque avec la 
philosophie naissante. Et c’est donc injustement, après un procès expédié (une journée : Socrate à 
plusieurs reprises regrette cette rapidité par exemple en 19a, 24a et 37b), qu’en –399 Socrate fut 
condamné à mort (à boire la cigüe) par les athéniens qui en firent un martyr (il faut rappeler qu’une 
loi athénienne datant de –430 condamnait ceux qui ne croyaient pas aux dieux ou qui enseignaient 
des doctrines relatives aux phénomènes célestes (astronomie).C’est donc dans l’Apologie de Socrateque Platon prend la défense de son maître pour le faire connaître (le texte est rédigé une dizaine 
d’années après le procès) et même si on peut supposer qu’il ne reproduit pas exactement les paroles 
de Socrate, on peut supposer qu’il retrace l’essentiel de ce qui s’y est passé en nous donnant une 
image aussi exacte que possible de Socrate. Socrate a 7O ans lorsqu’il est accusé par Mélétos, jeune 
poète (qui représente les artistes), Anytos, chef de file du parti démocrate, qui lutta contre la 
tyrannie des Trentes et joua un rôle important dans le rétablissement de la démocratie en 403 (qui 
représente donc les politiques) et Lycon (un orateur) qui ont porté plainte contre lui (Socrate est jugé 
au tribunal populaire de l’Héliée devant 500 citoyens ordinaires qui sont ses juges, les héliastes : le 
tribunal fonctionne du lever jusqu’au coucher du soleil d’où son nom venant du grec » hélios 
« =soleil). L’ouvrage de Platon retrace le déroulement du procès (les procès sont choses très 
courantes à cette époque et beaucoup de litiges qui opposent des citoyens se règlent de cette 
façon): la coutume athénienne voulait que l’accusé prenne lui-même sa défense et c’est donc la 
parole de Socrate que nous entendons… A la fois document historique, évocation biographique, 
plaidoyer pour la philosophie, ce texte est d’abord une affaire judiciaire qui évoque la difficile 
reconnaissance de la libre pensée au moment de son apparition dans la Grèce antique ; la 
philosophie ici s’expose au jugement de l’opinion commune qui ne la comprends pas et la voit 
comme une menace, un risque de mise en cause des valeurs et de l’ordre de la cité.
Les propos de Socrate se scinde en trois partie séparées : d’abord, il plaide non-coupable ; ensuite, 
reconnu coupable, il propose une sentence alternative à la peine capitale ; enfin, il clôt le procès par 
une adresse informelle, ou péroraison. Dans l’exposé nous allons nous intéresser à la seconde partie. 
Mais pour une meilleure approche, nous ferons un rappel sur la première partie.
1. L’APOLOGIE DE SOCRATE : RAPPEL SUR LA PREMIERE PARTIE
Socrate tente de réfuter ses accusations par une défense : il dénonce l’habileté, les mensonges et les 
faussetés des discours de ses accusateurs et analyse les raisons des anciennes calomnies que l’on 
faisait circuler à son propos. Il explique le sens de » sa mission » reçue du dieu : réveiller lesconsciences de ses contemporains, et démontre qu’il y a consacré toute sa vie. Toute la première 
partie s’occupe de convaincre les juges athéniens de l’innocence de Socrate. Cette défense semble 
s’ordonner de manière cohérente : Socrate examine les reproches qu’on lui adresse, l’un après 
l’autre, et y répond point par point, montrant leur invraisemblance et finissant par mettre Mélétos 
devant ses propres contradictions à l’issue d’un contre-interrogatoire assez ironique. Cependant, 
cette défense présente plusieurs aspects atypiques : son caractère improvisé induit une structure 
d’apparence décousue, pendant que le refus systématique de recourir à des témoignages 
décrédibilise le propos. Peu convaincus, les juges rendront une sentence mitigée où la condamnation 
l’emporte à une faible majorité.
2. ETUDE DE LA SECOnDE PARTIE DE L’APOLOGIE DE SOCRATE
a. Le procès athénien (agôn) : quelques données juridiques
« Il n’aurait fallu que trois voix de plus pour que je fusse absous » déclare Socrate au moment où il 
apprend que les juges l’ont reconnu coupable. Cette traduction parait extrêmement contestable 
d’autant qu’elle porte sur un moment capital du procès : les traductions plus récentes évoquent
plutôt trente voix que trois.
Trente voix, Socrate parle d’une « faible majorité » : combien de juges siègent dans cette affaire ? Les 
recherches historiques permettent de retenir le chiffre de cinq cents magistrats (Socrate aurait donc 
été condamne par deux cents quatre-vingt voix contre deux cent vingt). Qui sont ces juges ? De 
simples citoyens volontaires, âgés d’au moins trente ans. Leur rémunération s’établit, nous apprend 
Aristophane dans les cavaliers, à trois oboles par journée d’audience, soit le salaire d’une demi-
journée de travail d’un ouvrier. Cette faible somme ne pouvait convenir qu’à d’es citoyens âgés, pour 
qui elle correspondait à une pension de retraite, ou à des jeunes gens désœuvrés ou inaptes au 
travail. Le cout pour l’administration athénienne n’en est pas moins considérable : ce procès revient 
à payer une journée de travail à deux cents cinquante ouvriers.
On n’aurait pas déployé un tel appareil, ni engage de telles dépenses, pour une affaire secondaire.Très grave, le procès de Socrate intéresse toute la Cité : c’est une affaire d’Etat. Les juges d’ailleurs, 
s’engagent sous serment formel à « voter conformément aux lois et aux décrets du peuple 
athénien » explique Démosthène dans son Contre Timocrate. Cette gravite manifeste n’empêche
cependant pas une procédure menée tambour battant : l’ensemble des débats devait être bouclé 
dans la journée (Socrate regrette d’ailleurs cette précipitation a de nombreuses reprises).
Chaque partie doit, du fait de cette brièveté, s’empresser de réfuter les allégations de l’adversaire. Le 
litige ne peut se résoudre qu’à l’avantage surtout des vraisemblances et surtout, il n’appelle aucun 
témoin a la barre : il se contente de mentionner des gens qui pourraient déposer en sa faveur. 
Curieux accusé que ce Socrate : il parait ignorer les ressorts de la procédure, alors qu’il joue sa tête ! 
Il commence même sa première plaidoirie en annonçant qu’il n’emploiera pas les « artifices du 
langage » mais au contraire qu’il utilisera « les termes qui se présenteront [a lui] les premiers » -
« des choses dites à l’improviste » traduit Luc Brisson. Dans une affaire d’Etat, une telle légèreté
scandalise. 
b. Les acteurs du procès
L’acte d’accusation est soutenu conjointement par trois citoyens, Lycon, Mélétos et Anytos. Des trois, 
Lycon est le moins connu. Mélétos qui a déposé officiellement la plainte, semble avoir été un poète. 
La majorité des commentateurs désignent Anytos comme l’instigateur du procès. Démocrate notoire, 
il avait apporté son soutien à Thrasybule lors de la révolte contre la Tyrannie des trente en 403. En 
399, Anytos était probablement considéré comme un héros national ; en tout cas, il devait s’agir d’un 
personnage influent.
Quant à Socrate, à soixante-dix ans, il n’a jamais comparu devant un tribunal, bien que les procès
n’aient pas été rares à Athènes. Il s’agit donc d’un citoyen discret, d’un ancien combattant qui ne se 
mêle pas des affaires publiques. Quel métier exerce-t-il ? Aucun. A quoi passe-t-il donc ses journées ? 
Il les consacre à « persuader » tout le monde « qu’avant le soin du corps et des richesses, avant tout 
autre soin, est celui de l’âme et de son perfectionnement ». Aussi s’emploie-t-il à examiner avecd’autres citoyens des notions morales : une de ces discussions est ainsi rapportée par Platon dans un 
dialogue, le Lachès, lequel voit Socrate aux prises avec le célèbre général Athénien Lachès. Lors de 
cette discussion, les protagonistes tentent de définir le courage. Lachès, pourtant bien placé pour 
savoir ce que désigne ce mot, propose plusieurs définitions successives qui, toutes, sont détruites par 
les questions de Socrate et distinctions conceptuelles qu’elles entrainent. Le dialogue s’achève sur un 
échec : les interlocuteurs se quittent sans avoir réussi à apporter une définition satisfaisante.
Les arguments du vieillard frappent l’entourage ; mais, bien conscient de la charge subversive de ses 
débats (prouver à un général qu’il ignore ce que signifie le mot « courage » parait assez 
inconvenant), Socrate, prudent n’a jamais rien écrit. On ne le connait que par l’intermédiaire d’une 
comédie d’Aristophane (Les Nuées), et par les travaux de deux de ses élèves : Xénophon (dans les 
Mémorables) et surtout Platon. Dans la mesure où ce fidèle disciple tient la plume, on peut 
interroger l’impartialité du rapport d’audience présente dans L’apologie de Platon.
c. Le choix de la sentence après la condamnation
Il s’agit d’un débat sur la peine encourue. Après avoir été condamné à mort par une courte majorité 
(trente voix) Socrate propose une peine alternative et estime que ses services pour la cité 
demandent une récompense et demande à être nourri au prytanée (établissement où logent à vie les 
plus grands bienfaiteurs de la cité). Une fois condamné, donc, Socrate change nettement de ton. En 
tout état de cause, Socrate prend ses interlocuteurs à contre-pied. La retraite dans le prytanée 
constituait la plus haute récompense qu’Athènes pouvait décerner à l’un de ses citoyens et il est 
évidemment hors de question qu’on l’accorde à un individu condamné par la justice. Pourtant, 
Socrate prétend mériter ce traitement parce qu’il est en effet le plus grand bienfaiteur de la Cité 
(36d). Cette proposition fut interprétée comme une provocation et le jury le condamne alors à mort 
par une majorité plus forte que lors du premier vote. Ils commettent l’irréparable ; mais à y regarder 
de plus près, le second discours s’ouvrait sur cet aveu assez étrange : « je m’attendais à ce qui est 
arrivé » (36a). A de nombreux égards, on a le sentiment que Socrate savait d’avance qu’il allait êtrecondamné : dès 19a, il signale qu’il n’a que très peu de temps (trop peu ?) pour se disculper des 
accusations les plus anciennes portées contre lui. Plus troublant encore : dans son discours final, 
(38c-39d) non seulement Socrate explique que cette sentence ne résoudra pas les problèmes 
d’Athènes, mais encore il prédit un sort terrible à ceux qui l’on condamné puisque, par leur faute, ils 
ont privé Athènes de celui qui pouvait vraiment rendre la Cité heureuse. Aux autres juges (qui l’ont 
acquitté), enfin, il annonce : « ce qui m’arrive est, selon toute vraisemblance, un bien; et nous nous 
trompons sans aucun doute, si nous pensons que la mort soit un mal. » (40b-c).
Conclusion
Sans doute peut-on voir en Socrate est-il un homme rusé, pour ne pas dire retors, qui abuse les juges 
d’Athènes, et en fait les instruments de son propre sacrifice. Mais ces critiques ne sont pas 
pertinentes si l’on comprend l’enseignement de Socrate. La justice est la valeur suprême qui peut 
justifier le sacrifice de notre propre vie. Seule la recherche de la justice constitue une vie acceptable. 
Aucune autre occupation ne présente un intérêt théorique ou pratique plus pressant, plus immédiat 
ni plus évident. Socrate ne peut pas changer de conduite, même sous la menace de la mort. Voilà 
comme un terrible avertissement : souvent, au bout de la route du juste, se dresse un échafaud ou 
une coupe de ciguë, un peloton d’exécution ou une guillotine. Ainsi l’enseignement de Socrate est de 
nous montrer que la loi n’est pas nécessairement la justice et que c’est le rôle du philosophe que de 
démontrer aux hommes de son temps cette différence. Si on peut dire sans exagération que 
l’Apologie de Socrate constitue l’œuvre inaugurale de la philosophie occidentale et qu’en lisant ce 
texte, les philosophes ou les apprentis philosophes remontent à la source originelle de leur discipline, 
c’est qu’avec elle, commence le chemin compliqué du rapport de la loi à la libre pensée et la 
réflexion sur la distance qui existe entre le légal et le légitime. En mourant Socrate témoignait de ses 
convictions et de la valeur de son témoignage Si l’on en croit Platon, il fallait que Socrate meure 
pour que vive la philosophie…

Cours SVT TL (S1,2;L2)
























































































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La littérature et ses fonctions












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