🇸🇳★ *LES LYCÉES DU SÉNÉGAL★* 🇸🇳 ★ *Présentation et objectifs*: Les lycées du Sénégal est un panel éducatif qui réunit la majeure partie des élèves, des étudiants, des enseignants ,des professionnels ... Cependant, nous mettons à la disposition de tout un chacun des documents sous format pdf,des vidéos et des explications des cours par audios qui peuvent vous permettre de comprendre en intégralité vos cours facilement et sans inquiétude.

dimanche, février 26, 2023

L’Amour dans Le Père Goriot d’Honoré de Balzac

 *L’Amour dans Le Père Goriot d’Honoré de Balzac


Introduction


Les sentiments gouvernent le monde, ce n'est un secret pour personne. Et l'amour sur quoi repose toute relation est l'un des plus présents et des plus importants. Le père Goriot en offre une exploitation intéressante, étant donné que c'est la problématique de l'histoire qui s'y déroule. Remarquons que le mot et ses dérivés est présent 214 fois, dont le verbe « aimer » conjugué 140 fois. « L'amour à Paris ne ressemble en rien aux autres amours », dit Eugène de Rastignac. Cette affirmation suffit pour montrer l'importance de ce thème dans le roman, et la nécessité de l'étudier pour comprendre le roman. Le travail d'exploitation que nous proposons s'intéressera dès lors aux types d'amours qui se manifestent dans le roman, au rôle qu'il joue, à la conception de l'amour au 19ème de l'auteur et à l'écriture de ce thème.


I. Les types d'amour


1. L'amour filial


Il s'agira surtout de cet amour que se vouent les personnages ayant des liens de parenté. L'amour est fondement de la famille, nul ne peut en douter, et cela justement en partie le fait que le père Goriot a toujours ce mot « amour » au bout des lèvres. En effet, l'amour de Goriot pour ses filles est légendaire, car il ne vit que pour et par cet amour. Cet amour paternel est même, à la limite, bizarre, puisque les personnages de la pension sont allés jusqu'à croire que ses filles étaient ses copines. Encore qu'on peut même soupçonner le père Goriot d'inceste « refoulé ». Aussi le narrateur peut-il dire que « Le dévouement irréfléchi, l'amour ombrageux et délicat que portait Goriot à ses filles était si connu ». Et aussi « Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour ». Cet amour est permissif, il pardonne tout, aussi occasionne-t-il l'exploitation, la ruse, la tricherie et la trahison. L'amour qu'il portait à sa fille est ainsi la cause de ruine, et pire le père n'a jamais eu en retour l'amour qu'il avait offert.

Eugène a de la chance, en sera-t-il de même pour ses sœurs ? En tout cas, elles ont de l'amour, sincère pour leur frère, car elle sacrifie leur argent pour lui, pour son bonheur, pour lui sauver la vie. Elles lui témoignent donc leur amour par le geste mais également par la parole. Dans la lettre de Laure de Rastignac, on peut en juger : « Adieu, cher frère, jamais lettre n'a porté tant de voeux faits pour ton bonheur, ni tant d'amour satisfait » et « Ta soeur qui t'aime », lui dit sa sœur. Au passage, on notera que autant l'amour que se portent mutuellement les sœurs d'Eugène, Laure et Agathe, est constructif et harmonieux, autant celui qui lie Anastasie de Restaud et sa sœur Delphine de Nucingen est empreint de rivalité, d'animosité. La raison, elle est résumée dans ce passage : « Restaud a de la naissance, sa femme a été adoptée, elle a été présentée ; mais sa soeur, sa riche soeur, la belle madame Delphine de Nucingen, femme d'un homme d'argent, meurt de chagrin ; la jalousie la dévore, elle est à cent lieues de sa soeur ; sa soeur n'est plus sa soeur ; ces deux femmes se renient entre elles comme elles renient leur père. Aussi, madame de Nucingen laperait−elle toute la boue qu'il y a entre la rue Saint−Lazare et la rue de Grenelle pour entrer dans mon salon. »

Le prix que l'être qui vous aime vous donne apparaît dans le mot « cher » qui accompagne le nom de la personne aimée. Ainsi se mesure souvent la sincérité du sentiment. Laure dira « cher frère » et dans la lettre de sa mère les expressions suivantes structurent le texte : « Mon cher enfant », « Mon cher fils », « cher enfant », « Adieu, cher enfant ». Et à sa cousine la Vicomtesse de Beauséant, Eugène retrouve l'assistance d'une parente, et sa reconnaissance n'a pas tardé : « Ma chère cousine, dit Eugène, vous m'avez déjà bien protégé ».

Madame de Couture marque aussi ainsi l'amour qu'elle porte à sa nièce Victorine Taillefer. Elle lui dit dans un élan de protection : « − Remontons, ma chère petite, dit madame Couture, ces affaires−là ne nous regardent pas »

Cette astuce est utilisée par Vautrin et par le père Goriot à l'endroit de Rastignac pour tisser une relation équivoque d'amour paternel. Vautrin lui prodiguant ses conseils dit : « La vertu, mon cher étudiant, ne se scinde pas ».

Au total, on peut constater que cet amour là est surtout protecteur et constructif. Qu'en est-il de l'amour charnel ?


2. L'amour charnel


Cet amour est le fondement de l'œuvre, du moment qu'il lie des personnages qui n'ont aucun lien de parenté. Cet amour-là qui débouche sur une satisfaction d'un désir charnel, sensuel. Cet amour est trop fort du moment qu'il a comme but un plaisir et surtout un désir satisfaire. Et souvent une fois le désir satisfait, cet amour a tendance à mourir causant ainsi les pires désagréments, et les pires désespoirs, si ce n'est la mort. Dans Paris, le désir est suscité par la coquetterie des femmes et non par l'amour. Le jeune provincial va donc entrer dans le monde de la passion et, d'emblée juge la première beauté de Anastasie ainsi : « Mais pour Rastignac, madame Anastasie de Restaud fut la femme désirable » et la description qu'il en fait est digne des femmes du conte des Mille et une nuits et montre déjà qu'il succombe sous le charme de la parisienne : « Eugène sentit donc la fraîcheur épanouie des mains de cette femme sans avoir besoin d'y toucher. Il voyait, à travers le cachemire, les teintes rosées du corsage que le peignoir, légèrement entrouvert, laissait parfois à nu, et sur lequel son regard s'étalait. Les ressources du busc étaient inutiles à la comtesse, la ceinture marquait seule sa taille flexible, son cou invitait à l'amour, ses pieds étaient jolis dans les pantoufles. »

Sur ce plan, Eugène n'est pas très différent de Goriot, qu'il a eu ses moments d'amour charnel, et « Sa femme (...) fut pour lui l'objet d'une admiration religieuse, d'un amour sans bornes. Goriot avait admiré en elle une nature frêle et forte, sensible et jolie, qui contrastait vigoureusement avec la sienne »

Et Eugène en a saisi l'essentiel, par ce qu'il vient de découvrir c'est-à-dire qu' « En possédant cette femme, Eugène s'aperçut que jusqu'alors il ne l'avait que désirée, il ne l'aima qu'au lendemain du bonheur : l'amour n'est peut−être que la reconnaissance du plaisir ». C'est le cas pour sa copine Delphine qui « aimait Rastignac autant que Tantale aurait aimé l'ange qui serait venu satisfaire sa faim, ou étancher la soif de son gosier desséché.

Mais aussitôt les premiers élans de bonheur passés, il compris que sa vie ne sera plus comme avant, c'est-à-dire sans souci : « Il n'est plus aujourd'hui qu'une seule crainte, un seul malheur pour moi, c'est de perdre l'amour qui m'a fait sentir le plaisir de vivre ».

Dans le roman, cet amour occupe une place privilégiée, et il est à l'origine de comportements aussi bizarres que vicieux.


3. L'amour fraternel


On comprend dans cette partie l'amitié, et même la camaraderie, qu'elle soit passagère ou durable, le voisinage. La rareté d'un tel amour montre à quel point les gens de la société parisienne sont égoïstes et intéressés. Un tel amour ne se rencontre qu'avec les deux étudiants, Rastignac et son ami le docteur Bianchon. Au moment où il est inquiet, c'est à Bianchon qu'Eugène va se confier. Aussi lui avoue-t-il son souci ainsi : « − Eh bien ! Bianchon, je suis fou, guéris−moi. J'ai deux soeurs qui sont des anges de beauté, de candeur, et je veux qu'elles soient heureuses. Où prendre deux cent mille francs pour leur dot d'ici à cinq ans ? ». Aussi la confession est d'une telle sincérité qu'il lui répète : « − Merci, tu m'as fait du bien, Bianchon ! nous serons toujours amis »

L'amitié est recherchée par tous les personnages qui sont autour de Rastignac. Le père Goriot, et Vautrin qui pense que le seul réel sentiment est « une amitié d'homme à homme » et il lui dit qu'une fois en Amérique « Je vous enverrai les cigares de l'amitié »


II. Le rôle de l'amour


1. L'amour et l'argent


L'amour est le moyen souvent utilisé pour avoir de l'argent. La technique se trouve résumer dans la citation suivante : « Une nuit, après quelques singeries, vous déclarerez, entre deux baisers, deux cent mille francs de dettes à votre femme, en lui disant : " Mon amour ! " Ce vaudeville est joué tous les jours par les jeunes gens les plus distingués. Une jeune femme ne refuse pas sa bourse à celui qui lui prend le coeur. ». Aussi Quand Rastignac dit qu'il va réussir il parle aussi bien en amour qu'en argent. Mais Vautrin l'avertit : « Vous irez coqueter chez quelque jolie femme et vous recevrez de l'argent. Vous y avez pensé ! dit Vautrin ; car, comment réussirez−vous, si vous n'escomptez pas votre amour ? ». Ce qui est remarquable dans cette société, c'est qu'il y presque impossible d'avoir les deux. C'est comme courir deux lapins à la fois. « Rastignac résolut d'ouvrir deux tranchées parallèles pour arriver à la fortune, de s'appuyer sur la science et sur l'amour (...). Il était encore bien enfant ! Ces deux lignes sont des asymptotes qui ne peuvent jamais se rejoindre. »

Mais lui il est un victime de ce diable de Vautrin qui le forme sournoisement et répète dans ses oreilles la formule : « Or et amour à flots ! »

L'argent est ainsi le seul moyen de plaire semble dire Delphine à Rastignac : « Si je sens le bonheur d'être riche, c'est pour mieux vous plaire. ».

L'amour et l'argent sont tellement liés dans ce roman que Victorine Taillefer « héritera de l'amour et de la fortune de son père » en même temps, si son frère venait à mourir, ce frère qui ne l'aime pas.


2. L'amour et le mariage


Le mariage qui normalement est l'aboutissement des liens d'amour est synonyme de souffrance, de désespoir, de trahison.

Tous les deux mariages des filles Goriot sont des échecs, et elles en souffrent énormément. C'est souvent une déception, un martyre, jamais un bonheur. Et même si le mariage au début réussit, il n'y a aucune chance dans cette ville qu'il en soit ainsi éternellement. C'est la raison pour laquelle le père Goriot s'en prend à l'institution du mariage en ces termes : « Pères, dites aux Chambres de faire une loi sur le mariage ! Enfin, ne mariez pas vos filles si vous les aimez. Le gendre est un scélérat qui gâte tout chez une fille, il souille tout. Plus de mariages ! ». Il a raison, car sa fille Delphine dit qu'elle a subi, dans son ménage, la violence et la brutalité, c'est pourquoi elle dit : « Le mariage est pour moi la plus horrible des déceptions ».

Le mariage à Paris est souvent un contrat, une transaction commerciale et voilà que « Sur soixante beaux mariages qui ont lieu dans Paris, il y en a quarante−sept qui donnent lieu à des marchés semblables. »


3. L'amour, un pouvoir de domination


L'amour est comme un « empire », il permet de commander l'autre. « Toutes les passions des hommes sont bien certainement excitées ou entretenues par l'une ou l'autre de ces deux causes, qui divisent l'empire amoureux »

Le narrateur semble dire que les sentiments finissent toujours par devenir un moyen de domination, ce à quoi échappe le père Goriot, puisque sa femme meurt avant ce stade, ce qui explique que ses propres filles se soient chargées de terminer l'œuvre de leur mère : « Goriot, malheureusement pour lui, perdit sa femme ; elle commençait à prendre de l'empire sur lui, en dehors de la sphère des sentiments. »

Anastasie contrôle son mari et lui soutire tout son argent, mais elle est à son tour trompée par son amant Monsieur de Trailles qui la ruine, elle et son père : « Il a fallu être amoureux fou, comme l'était Restaud, pour s'être enfariné de mademoiselle Anastasie. Oh ! il n'en sera pas le bon marchand ! Elle est entre les mains de monsieur de Trailles, qui la perdra »

Ce pouvoir, Eugène voulait l'avoir sur Anastasie : « Cette femme, évidemment amoureuse de Maxime ; cette femme, maîtresse de son mari, liée secrètement au vieux vermicellier, lui semblait tout un mystère. Il voulait pénétrer ce mystère, espérant ainsi pouvoir régner en souverain sur cette femme si éminemment Parisienne. »


III. L'amour au 19ème siècle


IV. L'écriture de l'amour


Le romancier est fidèle à sa technique du réalisme. En effet, pour mieux faire voir la réalité, il use souvent de figures de style, surtout la comparaison et la métaphore. Le thème l'amour est par ces moyens toujours présents. « Dieu est amour » dit la religion chrétienne, et Balzac ne se prive pas la Parole, quand il dit « Dieu n'aime le monde, parce que le monde n'est pas si beau que Dieu ». De la comparaison telle « L'amour et l'église veulent de belles nappes sur leurs autels », le narrateur file la métaphore de la religion par le biais d'un champ lexical de la religion très abondant. Citons cet exemple : « En s'initiant aux secrets domestiques de monsieur et madame de Nucingen, il s'était aperçu que, pour convertir l'amour en instrument de fortune, il fallait avoir bu toute honte, et renoncer aux nobles idées qui sont l'absolution des fautes de la jeunesse ». Parfois quand Eugène parle de l'amour que le père Goriot porte à ses filles on a l'impression qu'il parle de l'amour que Dieu, le Seigneur a pour les hommes. « Eugène ne pouvait pas se dissimuler que l'amour du père, qu'aucun intérêt personnel n'entachait, écrasait le sien par sa persistance et par son étendue. L'idole était toujours pure et belle pour le père, et son adoration s'accroissait de tout le passé comme de l'avenir ». Et le narrateur l'affirme clairement que l'amour « est une religion, et son culte doit coûter plus cher que celui de toutes les autres religions ».

La technique de la répétition qui donne au roman des allures de roman d'amour fait partie de l'écriture de Balzac. Le roman est ainsi une sorte de parodie du roman à l'eau de rose, sauf qu'ici le dénouement est loin de celui des vrais romans d'amour qui se termine toujours, comme le fait remarquer Vautrin ironisant sur Victorine à il demandait de veiller sur Eugène qu'elle aime « ils furent considérés dans tout le pays, vécurent heureux, et eurent beaucoup d'enfants. » Avant d'ajouter « Voilà comment finissent tous les romans d'amour ».


Conclusion


L'amour tue comme le poison. Quand, bien sûr il n'est pas réciproque, ou quand il n'est pas partagé. Le père Goriot en est mort pour ses deux filles, mais il aura donné avant de partir quelques conseils à Rastignac. « J'avais trop d'amour pour elles pour qu'elles en eussent pour moi » dit-il. Une façon pour lui de dire qu'il faut toujours garder une partie de son amour pour soi-même. Aussi se culpabilise-t-il : « Moi seul suis coupable, mais coupable par amour », parce que « L'argent ne devient quelque chose qu'au moment où le sentiment n'est plus. ». Par ailleurs, Rastignac lui-même a lu quelque chose comme cela dans la lettre que sa maman lui a écrite et il en tremblait de terreur, c'est l'amour que lui porte sa mère. La grande philosophie que les personnages du roman devait comprendre était la suivante : « Le véritable amour payait pour le mauvais » amour.

L'ARGENT DANS LE PÈRE GORIOT D'HONORÉ DE BALZAC

 *L'ARGENT DANS LE PÈRE GORIOT D'HONORÉ DE BALZAC*    

  Introduction

Dans Le Père Goriot, l'argent se décline en or, monnaie, pièce, sou, richesse, fortune, capital, brevet, banque, avoirs, valeurs, intérêt, reconnaissances, etc. Tous ces termes aussi commerciaux que banals sont utilisés selon les projets des personnages dans leur rapport avec l'argent. Le mot « argent » apparaît quatre-vingt-trois fois et le mot « fortune », soixante-quinze fois. L'occurrence de ces mots montrent à quel point le thème de l'argent est pertinent pour comprendre ce roman de Balzac, et ainsi la société parisienne dans la première moitié du 19ème siècle. Afin de saisir le rôle de l'argent dans ce texte, nous nous proposons d'étudier le pouvoir de l'argent et les conséquences qu'il entraîne.


I. Le pouvoir de l'argent


1. La signification de l'argent


Celui qui le plus connaît la signification de l'argent est le père Goriot, aussi quand il affirme que « l'argent, c'est la vie » p.208, on ne peut que vraiment y souscrire. Et dans ce roman, l'argent est synonyme beaucoup trop de choses qui sont les fondements de la vie. Et même Rastignac ne peut s'empêcher de répéter la boutade de Vautrin « Vautrin a raison, la fortune est la vertu ! » p. 89. L'argent permet de s'établir, mais aussi de manger ; et c'est pourquoi avoir du pain quotidien veut dire avoir de l'argent. Cette métaphore se retrouve dans la bouche Vautrin, qui porte parfois la voix du narrateur : « Je ne suis pas à plaindre, j'ai sur la planche du pain de cuit pour longtemps », il parle ici de la fortune dont il dispose pour être à l'abri du besoin pour le restant de sa vie. Et même le père Goriot ne fait pas la distinction entre les deux parlant du mari de sa fille, Delphine : « Croit-il que je puisse supporter pendant deux jours l'idée de te laisser sans fortune, sans pain ? ». L'argent donc signifie pour ces personnages noblesse, beauté, amour, respectabilité, bonheur.

Mais également, l'argent est souvent source de conflits, il est Satan, et on peut reprendre le proverbe « L'argent est le nerf de la guerre ». On verra que le roman en est une sorte d'illustration. Cela, les sages sœurs de Rastignac l'ont bien compris, et la lettre de leur frère, en les débarrassant de ce démon surnommé « argent » les fait exulter de gaieté : « Ta lettre est venue bien à propos, cher frère. Agathe et moi nous voulions employer notre argent de tant de manières différentes, que nous ne savions plus à quel achat nous résoudre. Tu as fait comme le domestique du roi d'Espagne quand il a renversé les montres de son maître, tu nous as mises d'accord. Vraiment, nous étions constamment en querelle pour celui de nos désirs " auquel nous donnerions la préférence, et nous n'avions pas deviné, mon bon Eugène, l'emploi qui comprenait tous nos désirs. Agathe a sauté de joie.»


2. L'importance de l'argent dans la société


L'argent est le fil d'Ariane qui relie tous les personnages. D'abord le père Goriot ne voit ces filles que lorsqu'elles ont besoin d'argent ; et lui-même le confirme, car à chaque fois qu'il les voit il leur demande si elles ont des problèmes d'argent. C'est que, en fait, il les a mariées de manière morganatique (un mariage réalisé avec une personne de rang inférieur). L'allemand Nucingen est devenu baron en épousant la baronne Delphine. Et « Delphine aimait l'argent : elle épousa Nucingen, banquier d'origine allemande qui devint baron du Saint−Empire. ». Aussi les filles de Goriot se cherchent-elles des amants d'occasion ; Maxime de Trailles pour Anastasie de Restaud, Eugène de Rastignac pour Delphine de Nucingen. Autant le premier est sans scrupule, autant Rastignac est plein d'humanité. Et Madame Vauquer ne voit en ces pensionnaires que des sous, tandiq que Vautrin se lie à Rastignac pour lui faire parvenir dans cette jungle parisienne, il représente le « diable », le « tentateur ». A ce couple, on ajoute Victorine Taillefer qui estime Vautrin car sachant que son santé financière viendra de lui.

Au fond, chez Goriot, l'argent est synonyme de ses enfants, aussi regrette-t-il de ne plus en avoir, car cela est synonyme d'abandon. « L'argent donne tout, même des filles. Oh ! mon argent, où est−il ? Si j'avais des trésors à laisser, elles me panseraient, elles me soigneraient ; je les entendrais ; je les verrais. »

L'argent permet de se bien placer sur l'échelle sociale. Cet ascenseur social utilisé par les filles Goriot est le même qui a décliné la famille d'Eugène de Rastignac qui explique qu'ils ont perdu leur titre de chevalier de Rastignac le jour où le roi a fait perdre la fortune à la famille.

L'argent permet de se blanchir, de devenir ce que l'on veut, qui l'on veut. Il ennoblit. « Si je réussis, personne ne me demandera : Qui es-tu? Je serais monsieur Quatre-Millions, citoyen des Etats-Unis », affirme Vautrin.


II. L'impact de l'argent


1. La recherche de profit


Etudier la recherche du profit équivaut à reconsidérer la vie de Vautrin, cet homme d'expérience qui s'est, semble-t-il, essayé à tous les moyens avant de devenir riche, car il dit souvent « ça me connaît ». Et c'est lui qui lance les deux slogans qui résument comment il faut être et ce qu'il faut pour s'enrichir dans cette boue parisienne : « L'honnêteté ne sert à rien » et « La corruption est en force, le talent est rare », avance-t-il.

Tous les moyens, semble-t-il, sont bons pour avoir de l'argent. Presque tous moyens de recherche de profit se rencontrent dans la ville de Paris. Mais le plus courant, et le moins coupable paraît être la spéculation, méthode qui a fait la fortune du père Goriot. « Oui, ce Moriot a été président de sa section pendant la Révolution ; il a été dans le secret de la fameuse disette, et a commencé sa fortune par vendre dans ce temps−là des farines dix fois plus qu'elles ne lui coûtaient. Il en a eu tant qu'il en a voulu. L'intendant de ma grand−mère lui en a vendu pour des sommes immenses. », dit madame de Langeais.

Toutefois, cette habileté n'est pas donnée à tout le monde, aussi faut-il d'autres voies pour les autres personnages, mais des voies souvent trop malhonnêtes de telle sorte que le Père Goriot est devenu un saint devant tous ces « chasseurs » comme aime à le dire Vautrin.

Prêteur sur gage, tel est le métier du marquis d'Ajuda et du comte de Trailles. Et Vautrin aussi connaissait le système, puisqu'il voulait y entraîner le jeune Rastignac qui s'en est tiré de justesse, grâce à un autre moyen, le jeu. En effet, la roue de la fortune, c'est également le jeu de hasard. Et de la chance, le héros en a, car il y gagna sept milles francs. Aussi en profita-t-il pour envoyer de l'argent à sa mère et ses sœurs qui lui ont envoyé de l'argent pour le soutenir, pour dire au moins la vertu qui habite le jeune Rastignac.

Le vol, peut-être le premier métier de Vautrin, parce qu'il est recherché comme receleur d'un groupe de voleur surnommé « la Société des Dix Mille », « une association de hauts voleurs, de gens qui travaillent en grand, et ne se mêlent pas d'une affaire où il n'y a pas dix mille francs à gagner » selon les renseignement du chef de la police M. Gondureau.

La délation Mademoiselle Michonneau et M. Poiret ne seront pas en reste dans cette course à la richesse. Eux, ils ont choisi leur formule, dénoncer Vautrin alias Jean Collin ou Trompe-la-Mort pour empocher la mise promise à celui qui aidera à confondre le bandit. Il fallait s'y attendre de la part de la vieille demoiselle Michonneau d'autant plus que le narrateur l'avait soupçonnée d'avidité dès le début de l'histoire.

Le père Goriot est victime du chantage affectif de ses propres filles. Aussi ne se doutait-il à aucun moment de leur amour, et s'appauvrissait pour le compte de leurs maris et amants.

Le chantage amoureux, c'est l'expédient utilisé par le mari de Delphine ainsi que l'amant d'Anastasie, Maxime de Trailles dont le dernier coût réussi à merveilles lui permit de disparaître de la vie de cette dernière. «Monsieur de Trailles est parti, laissant ici des dettes énormes, et j'ai su qu'il me trompait » finit par comprendre trop tard Anastasie. Voilà ce que Vautrin propose aussi à Rastignac s'il veut s'enrichir, par le biais d'un mariage avec Victorine Taillefer qui héritera de son père si son frère venait à mourir. Et partant, le crime est suggéré par Vautrin, sauf qu'il avoue même que d'autres façons l'ont remplacé aujourd'hui. Aussi va-t-il orchestrer la mort du frère de Victorine.

Le concubinage, la prostitution et l'adultère semblent être banalisés, tolérés dans ce monde où seul le gain importe. Toutes les allusions sur le passé de Mme Vauquer tendent à la désigner comme quelqu'une qui s'est enrichie dans le juteux marché de la prostitution, ce qui justifierait qu'elle se cache d'être riche.

Le seul moyen catholique pour se procurer honnêtement de l'argent reste, comme toujours bien sûr, le travail. Mais dans cette société où le travail n'offre que le minimum pour subsister, Vautrin est certain qu'il faut d'autres moyens, et il dit à Rastignac « Le travail, compris comme vous le comprenez en ce moment, donne, dans les vieux jours, un appartement chez maman Vauquer à des gars de la force de Poiret. ». Et Rastignac le sait bien.


2. L'argent, l'amour et la mort


L'obsession de l'argent. L'argent devient pour les habitants de Paris une fixation. Et le récit s'offre ainsi comme une longue complainte dont le refrain est « Si j'étais riche ». Rastignac, au moment de faire ses premiers pas dans la société parisienne lance ce souhait « Si j'étais riche, se dit−il en changeant une pièce de trente sous qu'il avait prise en cas de malheur, je serais allé en voiture, j'aurais pu penser à mon aise.» En plus, à chaque fois, cette idée revient comme une hantise « − Et de l'argent ! lui criait sa conscience, où donc en prendras−tu ?». Rastignac maintenant « se demandait où et comment il se procurerait de l'argent. »

Le père Goriot aussi le sait bien quand il dit « ? Si j'avais des trésors à laisser, elles me panseraient, elles me soigneraient ; je les entendrais ; je les verrais. » Voilà ce qui fait que la réduction de la fortune est annonciatrice de mort et fait chaque demande d'argent équivaut chez Goriot à « un coup de hache » ou à « une noyade ». La mort du père Goriot ne coïncide-t-elle pas avec la fin de sa richesse ?

L'absence de fortune est aussi synonyme de perte d'amour. Les filles de Goriot se ruinent pour se faire aimer : Anastasie est escroquée par Maxime de Trailles et le baron de Nucingen vole Delphine. Pour Eugène de Rastignac, il compte d'abord trouver une femme, et s'enrichir. Mais son seul problème est qu'il a des scrupules, de sorte que le père Goriot dit de lui :« monsieur de Rastignac est un jeune homme incapable de ruiner sa maîtresse ». C'est la raison pour laquelle Vautrin le met en garde que les deux s'excluent, et qu'il faudra choisir.

Les sentiments d'amour et l'argent ne font pas bon ménage. En effet pour avoir la fortune, il ne faut pas aimer ou bien il ne faut pas le découvrir, tel est le conseil que la vicomtesse de Beauséant donne à son neveu Rastignac : « Voyez−vous, vous ne serez rien ici si vous n'avez pas une femme qui s'intéresse à vous. Il vous la faut jeune, riche, élégante. Mais si vous avez un sentiment vrai, cachez−le comme un trésor ; ne le laissez jamais soupçonner, vous seriez perdu. Vous ne seriez plus le bourreau, vous deviendriez la victime. ».

On voit bien que l'amour, la vie, la mort et l'argent sont inséparables. Même l'amour familial est ici abîme par l'argent « Ce père avait tout donné. Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour ; il avait donné sa fortune en un jour », remarque madame de Langeais. Et quand Rastignac qui sait la situation de sa famille écrit des lettres pour leur demander de l'argent, il sait que sa vie est en jeu, ce qu'il exprime en ces termes : « si je n'avais pas cet argent, je serais en proie à un désespoir qui me conduirait à me brûler la cervelle. ». Ces quelques exemples montrent combien l'argent est source de vie dans ce roman.


Conclusion


De l'argent honnêtement gagné est souvent bien dépensé. C'est au fond ce que nous apprend la mère de Rastignac qui lui dit après lui avoir envoyé de l'argent : « Fais un bon emploi de cet argent ». Dans un monde où l'argent règne comme un roi, il serait sacrilège d' « être sur la paille », comme le dit le père Goriot. On aura été, au moins le temps d'une lecture, des analystes commerciaux, et qu'on aura compris les rouages de la spéculation pour ne pas « déposer son bilan ». Qu'est-ce qu'on aura pas appris dès lors dans Le Père Goriot? Sachant tous les dégâts occasionnés par l'argent, ne faut-il pas jubiler à la manière d'Agathe si sa perte nous ôte de nos soucis ? Nous soumettons cette interrogation à la méditation de chacun, et enfin conseillons la lecture des deux lettres de la mère d'Eugène et de ses deux sœurs, comme si elles nous étaient adressées.


Vocabulaire difficile :


Expédient : moyen, parfois peu honnête ou peu régulier, de résoudre momentanément une difficulté

Obsession : ce qui occupe l'esprit de manière régulière, involontaire

Spéculation : opération qui consiste à tenter d'anticiper les variations du prix d'un bien économique pour tirer profit de sa vente ou de son achat

Délation : trahison et dénonciation malveillantes

Chantage : moyen de pression exercé pour soutirer de l'argent

Bourreau : personne chargée d'exécuter une victime.

Brevet (d'invention) : titre pour un inventeur de pouvoir gagner de l'argent sur ce qu'il a inventé.

Reconnaissance (de dettes) : document écrit par lequel une personne se déclare emprunteur d'une somme d'argent envers une autre personne.

Déposer son bilan : état des biens et des dettes (d'une entreprise) au terme d'un exercice comptable. Ici c'est faire faillite, dans le contexte du père Goriot.

Etre sur la paille : être dans la misère, ne plus avoir de l'argent.

Rouage : moyen


Extraits :


La lettre de la mère d'Eugène


« Vers la fin de cette première semaine du mois de décembre, Rastignac reçut deux lettres, l'une de sa mère, l'autre de sa soeur aînée. Ces écritures si connues le firent à la fois palpiter d'aise et trembler de terreur. Ces deux frêles papiers contenaient un arrêt de vie ou de mort sur ses espérances. S'il concevait quelque terreur en se rappelant la détresse de ses parents, il avait trop bien éprouvé leur prédilection pour ne pas craindre d'avoir aspiré leurs dernières gouttes de sang. La lettre de sa mère était ainsi conçue. "Mon cher enfant, je t'envoie ce que tu m'as demandé. Fais un bon emploi de cet argent, je ne pourrais, quand il s'agirait de te sauver la vie, trouver une seconde fois une somme si considérable sans que ton père en fût instruit, ce qui troublerait l'harmonie de notre ménage. Pour nous la procurer, nous serions obligés de donner des garanties sur notre terre. Il m'est impossible de juger le mérite de projets que je ne connais pas ; mais de quelle nature sont−ils donc pour te faire craindre de me les confier ? Cette explication ne demandait pas des volumes, il ne nous faut qu'un mot à nous autres mères, et ce mot m'aurait évité les angoisses de l'incertitude. Je ne saurais te cacher l'impression douloureuse que ta lettre m'a causée. Mon cher fils, quel est donc le sentiment qui t'a contraint à jeter un tel effroi dans mon coeur ? tu as dû bien souffrir en m'écrivant, car j'ai bien souffert en te lisant. Dans quelle carrière t'engages−tu donc ? Ta vie, ton bonheur seraient attachés à paraître ce que tu n'es pas, à voir un monde où tu ne saurais aller sans faire des dépenses d'argent que tu ne peux soutenir, sans perdre un temps précieux pour tes études ? Mon bon Eugène, crois−en le cœur de ta mère, les voies tortueuses ne mènent à rien de grand. La patience et la résignation doivent être les vertus des jeunes gens qui sont dans ta position. Je ne te gronde pas, je ne voudrais communiquer à notre offrande aucune amertume. Mes paroles sont celles d'une mère aussi confiante que prévoyante. Si tu sais quelles sont tes obligations, je sais, moi, combien ton coeur est pur, combien tes intentions sont excellentes. Aussi puis−je te dire sans crainte : Va, mon bien−aimé, marche ! Je tremble parce que je suis mère ; mais chacun de tes pas sera tendrement accompagné de nos voeux et de nos bénédictions. Sois prudent, cher enfant. Tu dois être sage comme un homme, les destinées de cinq personnes qui te sont chères reposent sur ta tête. Oui, toutes nos fortunes sont en toi, comme ton bonheur est le nôtre. »


La lettre de ses sœurs


« dieu, cher enfant. Je ne dirai rien de tes soeurs : Laure t'écrit. Je lui laisse le plaisir de babiller sur les petits événements de la famille. Fasse le ciel que tu réussisses ! "Oh ! oui, réussis, mon Eugène, tu m'as fait connaître une douleur trop vive pour que je puisse la supporter une seconde fois. J'ai su ce que c'était d'être pauvre, en désirant la fortune pour la donner à mon enfant. Allons, adieu. Ne nous laisse pas sans nouvelles, et prends ici le baiser que ta mère t'envoie. "


Quand Eugène eut achevé cette lettre, il était en pleurs, il pensait au père Goriot tordant son vermeil et le vendant pour aller payer la lettre de change de sa fille. " Ta mère a tordu ses bijoux ! se disait−il. Ta tante a pleuré sans doute en vendant quelques−unes de ses reliques ! De quel droit maudirais−tu Anastasie ? Tu viens d'imiter pour l'égoïsme de ton avenir ce qu'elle a fait pour son amant ! Qui, d'elle ou de toi, vaut mieux ? " L'étudiant se sentit les entrailles rongées par une sensation de chaleur intolérable. Il voulait

renoncer au monde, il voulait ne pas prendre cet argent. Il éprouva ces nobles et beaux remords secrets dont le mérite est rarement apprécié par les hommes quand ils jugent leurs semblables...


« " Ta lettre est venue bien à propos, cher frère. Agathe et moi nous voulions employer notre argent de tant de manières différentes, que nous ne savions plus à quel achat nous résoudre. Tu as fait comme le domestique du roi d'Espagne quand il a renversé les montres de son maître, tu nous as mises d'accord. Vraiment, nous étions constamment en querelle pour celui de nos désirs " auquel nous donnerions la préférence, et nous n'avions pas deviné, mon bon Eugène, l'emploi qui comprenait tous nos désirs. Agathe a sauté de joie.»

Rastignac « − Oh ! oui, se dit Eugène, oui, la fortune à tout prix ! Des trésors ne payeraient pas ce dévouement. Je voudrais leur apporter tous les bonheurs ensemble. Quinze cent cinquante francs ! se dit−il après une pause. Il faut que chaque pièce porte coup ! Laure a raison. Nom d'une femme ! je n'ai que des chemises de grosse toile. Pour le bonheur d'un autre, une jeune fille devient rusée autant qu'un voleur. Innocente pour elle et prévoyante pour moi, elle est comme l'ange du ciel qui pardonne les fautes de la terre sans les comprendre. »

Etude des personnages dans Le père Goriot d’Honoré de Balzac

 *Etude des personnages dans Le père Goriot d’Honoré de Balzac* .


Introduction


Cette histoire est datée en automne 1819 à Paris. Les personnages de ce roman sont très cosmopolites. Ils viennent de partout et de presque toutes les couches sociales, en plus que toutes les ambitions s'y expriment. Dans la pension de cette douteuse tenancière qu'est Madame Vauquer, se côtoient des pensionnaires et des habitués du quartier qui ne viennent y prendre que le dîner. L'étude des personnages dans Le Père Goriot doit permettre donc de comprendre non seulement l'œuvre mais aussi les mentalités de la vie des parisiens dans la première moitié du 19ème siècle. Voici un tour d'horizon des personnages dans ce roman qui explore le problème de la réussite, par l'amour et par n'importe quel autre moyen, quel qu'en soit le prix qu'il en coûte.


I. La vie et l'œuvre de Balzac


1. La vie de l'auteur

2. Son œuvre


II. Les personnages du roman


1. Les personnages de la pension


a. Les pensionnaires internes

Le père Goriot : Nom inspiré d'un Goriot ayant réellement existé. Quand Balzac écrivait le roman vers 1828, là où il habitait il était voisin d'un mystérieux Goriot. Il existait un autre Goriot marchant de farine à Pontoise en France. Il représente la paternité. C'est un rentier de soixante neuf ans et aussi le plus ancien des pensionnaires depuis 1813. Sa fortune et ses revenus lui permettaient d'habiter au premier étage l'appartement le plus riche de la pension.

Eugène de Rastignac : Ce personnage fait sa première apparition dans La Peau de Chagrin où il fait la cour à une riche et jolie petite veuve. Dans Le Père Goriot, il est un jeune "ambitieux" qui sera initié par Mme de Beauséant, la duchesse de Langeais et Vautrin. Il a « un visage méridional, le teint blanc, des cheveux noirs, des yeux bleus... ». Son visage est séduisant et ses manières aristocratiques le rendent élégant. Voir le portrait (p.76). C'est un jeune provençal à Paris pour aire ses études de droit, et partant faire fortune. En vrai arriviste, il fréquente les salons parisiens, ses jeux et ses plaisirs. Il ne parvient pas à faire son choix entre Delphine qu'il aime et Victorine Taillefer qui est prête à se laisser conquérir. Il résistera à la proposition satanique de Vautrin, car il considère le travail comme le meilleur moyen de réussite. Il a du cœur contrairement aux filles du père Goriot, sur qui il va veiller jusqu'à sa mort.

Mme Vauquer : Elle est âgée d'environ 50 ans. Elle est en harmonie avec la pension dont elle est la tenancière. Elle a un passé douteux. Pourquoi s'y connaît-elle en vigueur sexuelle et en stratégie amoureuse ? A-t-elle été une prostituée ? Que s'est-il passé avec son défunt mari? Elle semble vieille et elle est grassouillette.

Vautrin : Ce personnage aurait existé avec le nom de Carlos Herrara Vautrin. Donc Balzac s'est inspiré d'un homme vrai pour le créer. Vautrin, son nom c'est Jean Collin. Dans le roman, il est aussi surnommé « Trompe-la-mort ». Il a une quarantaine d'années. Il se fait passer pour un ancien commerçant et fouille dans le passé des gens alors qu'il semble avoir « au fond de sa vie un mystère soigneusement enfoui ». C'est un révolté qui fait confiance à sa force. Balzac le qualifie de Sphinx, une créature monstrueuse homme et bête à la fois comparé souvent à un fauve avec sa poitrine poilue comme le dos d'un ours, des griffes d'acier, des yeux comme ceux d'un chat sauvage.

Lui-même il traite les gens de bétail et pense qu'il faut se manger comme araignées.

Victorine Taillefer : Sa mère est morte depuis quatre ans, et son père l'a déshéritée. Caractérisée par la patience et la résignation. Elle fait partie des personnages à désirs spontanés, et elle la force des passions et désirs intrinsèques. Elle a un amour filial pour son père mais honni par lui, elle tente d'être aimée par Rastignac. Son désir est sublime, mais elle est impuissante à le réaliser. Elle souffre de ses beaux sentiments de loyauté et de noblesse de cœur, amis cela lui évite la déshumanisation.

Sa richesse éventuelle est le fruit des crimes de Taillefer, et du meurtre de son frère. Victorine est victime subjectivement, son innocence la rend objectivement coupable. Elle est la fille adoptive de Madame Couture.

Monsieur Poiret : Il est le type de l'Employer, de la bureaucratie judiciaire. Il était un être passionné et un peu stupide, aussi est-il comparé souvent à un « âne » ou un fruit, le poireau (un asperge du pauvre).

Pour les références des pages voir l'édition Hachette.

Mlle Michonneau : Cette fille dont le « regard blanc donne froid » et qui semble être quelque agent secret en faction, assistée de M. Poiret qui le complète.

Sylvie : Appelée familièrement la « grosse sylvie », elle est une domestique un peu aliénée sociale.

Christophe : Tout comme Sylvie, il est un domestique dans la pension. Son grand cœur fit qu'il eut pitié du père Goriot et lui prêtait même quelques sous.


b. Les pensionnaires externes

Bianchon : c'est le médecin de la Comédie humaine. Un personnage récurrent. Ici il est étudiant en médecine et est l'ami de Rastignac

Madame Couture : C'est également une des victimes de la société, mais elle représente la religion. On nous dit qu'elle avait une « blancheur maladive », de tristesse. Des cheveux blonds fauve, une taille mince et des yeux gris. (Voir p.76)


2. Les personnages de la vie parisienne


a. Mme Beauséant

N'ayant pas pu agir avec sauvagerie d'un animal dans ce monde parisien, elle a été vaincue par d'autres, moins scrupuleuse qu'elle. D'ailleurs elle est une parente éloignée, une cousine de Rastignac, qui prend celui-ci sous sa protection et décide de se charger de son éducation mondaine. Elle comble le vide avec le marquis d'Ajuda Pinto

b. Mme Anastasie Restaud

(Voir p.46) Elle est l'autre fille du père Goriot, l'aînée. Elle était mariée au Comte de Restaud. Elle a deux enfants adultérins Son amour absolu pour son amant, Maximes de Trailles la conduira à sa perte ; car à cause de lui, elle se compromet dans des dettes qu'elle ne peut honorer et cause ainsi la ruine de son père.


c. Mme Delphine de Nucingen

L'une des deux filles de Goriot, la cadette. C'est une pauvre créature accablée par les infortunes conjugales. Mariée au banquier Nucingen, elle sera une femme déçue, frustrée, car pour elle la vie c'était autre chose que la monotonie de chez papa, mais le plaisir de la toilette et de l'achat.


d. Les autres personnages: Le baron de Nucingen : « Cet homme est un porc », un monstre, un avare et il fait des spéculations. Il a une vie faite de profit, ce qui exclu la femme. (Voir p.302)

Gobseck : Il est le type accompli de l'usurier. Il est un juif.

Madame de Langeais : C'est l'amie de Madame Beauséant.

De Marsay appartient aux gentilshommes parisiens, il était l'amant de Mme Beauséant que Rastignac va lui débarrasser. La duchesse de Carigliano est une femme mondaine, elle organisera le bal où Rastignac va connaître le monde parisien. On a aussi le personnage de Gondureau, un responsable de la police, et c'est lui qui démasque Vautrin qui est en réalité un forçat qui s'est évadé de la prison de Toulon, où il avait le surnom de trompe-la-mort.


3. Les personnages de la campagne


a. Les sœurs de Rastignac

Laure et agathe : Les sœurs d'Eugène de Rastignac, respectivement âgées de dix-huit et dix-sept ans. Elles son issues de la petite noblesse pauvre et elles doivent, selon l'expression de Vautrin « faire comme elles peuvent ».


b. La mère de Rastignac

Leur mère a consentit a de lourds sacrifices pour envoyer à son fils l'argent dont il a besoin. Elle veut élever, tout comme Madame Couture, ses enfants dans le respect des valeurs morales.

Il y a aussi la tante Marcillac, tante de Rastignac.


III. Les personnages de Balzac et l'Esprit du XIXème siècle


48 personnages de la comédie humaine traversent Le père Goriot. Ainsi parmi ces derniers, il existe d'autres dont leur rôle n'est pas assez remarquable. C'est le cas de Mme Couture qui est la veuve d'un commissaire ordonnateur des années de la République, M. Poiret qui est un fonctionnaire subalterne.

L'esprit du XIXème siècle c'est le Dieu argent qui règne dans la vie sociale. « L'argent, c'est la vie », dit-on à la page 246. Les personnages du père Goriot sont tous, de près ou de loin, liés par l'argent. Sur le plan historique et social, cette période est caractérisée par l'ascension de la bourgeoisie. Si la bourgeoisie est quelque peu écartée du pouvoir politique sous la Restauration (1814-1830), elle n'en détient pas moins les leviers de l'économie. Le XIXème siècle est aussi comme le montre Balzac le temps des rentiers.

Le père Goriot s'est d'ailleurs enrichi grâce à la spéculation sur la farine. Il avait gardé son stock, pour le revendre à un prix plus cher durant la période de pénurie.


Conclusion


Cette étude est loin d'être complète, mais le choix que nous avons fait peut au moins guider le lecteur dans ce monde – réaliste – créé par l'art de création des personnages d'un romancier qui ne se présente plus sur ce plan. Sachant qu'il a créé plus de mille personnages, on sait que Balzac avait toujours eu la prétention de concurrencer l'état civil. Et il semble qu'il n'a pas réussit, il n'a pas non plus échoué, car certains de ses personnages sont dans les mémoires de beaucoup de générations de lecteurs. L'autre réussite de Balzac, c'est d'avoir créé un monde romanesque qui n'a rien a envié au macrocosme. Nous retiendrons, au terme de cette étude, que l'analyse des personnages a permis de percer à jour les envies et les motivations des actes de tout individu.

L’amour dans Madame Bovary de Gustave Flaubert

 *L’amour dans Madame Bovary de Gustave Flaubert


Introduction


Etudier l'amour dans Madame Bovary est déjà essayé de comprendre le roman puisque cette œuvre est fondamentalement un livre sur l'amour, sur l'amour d'Emma. Qu'est-ce que l'amour pour l'héroïne Emma ? Qu'est-ce que le bonheur ? Qu'est-ce que le mariage ? Le désir, le plaisir, l'érotisme ? Autant de thèmes qui ont valu la condamnation du livre par les censeurs de la moralité. Comment alors saisir l'âme d'Emma dans une telle étude ? Comment la juger ? Pour répondre à toutes ces questions nous verrons tour à tour l'amour romantique d'Emma, l'expression de l'amour dans le mariage et la relation entre amour et bonheur.


I. L'amour romantique d'Emma


1- l'amour, un remède à l'ennui


Emma s'ennuie, du début à la fin du roman, elle s'ennuie. Jeune fille vivant seule avec son père dans un village perdu au plus profond de la France, elle s'ennuie en rêvassant à sa scolarité dans un couvent parisien et aux amours décrits dans les romans qu'elle lit, dont Paul et Virginie. Elle attendait le prince charmant.

Elle rencontre Charles Bovary, médecin de la région venu soigner son père et accepte de l'épouser, croyant enfin avoir rencontré CE GRAND AMOUR auquel elle ne cesse de penser.


2- La satisfaction d'un amour


Madame Bovary a trouvé l'amour qu'elle cherchait, mais à chaque fois, il lui filait entre les doigts.

Au fond le seul vrai amour qu'elle a eu, ou du moins qu'elle voulut avoir, est dans ses lectures. Aussi le narrateur peut-il dire : « Elle était l'amoureuse de tous les romans, l'héroïne de tous les drames, le vague Elle de tous les volumes de vers. ».

Son amour pour sa fille Berthe même était douteux, tellement elle réservait son cœur au prince de ses lectures, autant dire de ses rêves, de son imagination : « À mesure que ses affections disparaissaient, il se resserrait plus étroitement à l'amour de son enfant. »


II. L'amour dans le mariage


1- L'amour conjugal


Charles quant à lui a connu cet amour qui lui a tété infernal. En effet, après ses études, il s'installe à Tostes et épouse une veuve de quarante-cinq ans, riche, mais laide et autoritaire, Mme Dubuc. Elle a une passion démesurée pour Charles et le surveille constamment. Sa vie de couple devient ainsi un vrai cauchemar jusqu'à la mort de cette dernière, à cause de sa ruine causée par un notaire.

S'agissant d'Emma aussi, elle n'a pas non plus trouvé l'amour qu'elle espérait dans le mariage. Aussi tombait-elle dans la solitude et l'ennui.

Dans ce livre, semble-t-il, cet amour est impossible, ce qui justifie que M. Homaïs les prononce séparément parlant à sa femme : « – L'amour... conjugal ! dit-il en séparant lentement ces deux mots. Ah ! très bien ! très bien ! très joli ! Et des gravures !... Ah! c'est trop fort ! »


2- La désillusion dans l'amour


Mais le désenchantement arrive bien vite et Emma se retrouve prisonnière d'un mariage avec un homme médiocre et d'une vie morne loin des fastes parisiens auxquelles elle aspirait. Là commence la descente aux enfers d'Emma Bovary, qui se compromettra par de multiples liaisons et une folie dépensière. Jusqu'à l'issue fatale que nous connaissons tous.

La déception amoureuse est donc celle de quelqu'un qui cherche un amour qu'il a vu décrit dans les livres et qui souffre de ne pas le trouver.


III. Amour et bonheur


1- l'érotisme


Qu'est-ce que l'amour ? et le bonheur ? Cette recherche du bonheur dans l'amour se confond chez Emma avec le désir qui reste un désir, c'est-à-dire jamais satisfait entièrement. Elle n'arrive qu'à vivre l'érotisme avec les hommes en qui elle pense trouver le prince de ses rêves.

La première rencontre entre Charles et Emma, quand tous deux cherchent la cravache qu'a oubliée le médecin chez le père Rouault est une scène chargée d'érotisme.

Pour se faire désirer, Emma savait être persuasive, usant d'érotisme telle une prostituée qui se vend à l'homme « Emma continuait avec des gestes mignons de tête, plus câline qu'une chatte amoureuse ».


2- l'adultère


Emma croit atteindre par l'adultère le monde romanesque que ses lectures lui ont mis en tête : elle « retrouv[e] dans [celui-ci] les platitudes du mariage » mais elle n'en continue pas moins à « écrire des lettres amoureuses, en vertu de cette idée, qu'une femme doit toujours écrire à son amant » (III, 6). Aussi Emma n'éprouvait aucun remord à vivre dans l'adultère et « Elle se répétait : « J'ai un amant ! un amant ! » se délectant à cette idée comme à celle d'une autre puberté qui lui serait survenue. »

Victime de ses lectures, elle accepte donc l'adultère : « Alors elle se rappela les héroïnes des livres qu'elle avait lus, et la légion lyrique de ces femmes adultères se mit à chanter dans sa mémoire avec des voix de soeurs qui la charmaient »

L'ennui continue d'être le lot quotidien d'Emma. Le couple va s'installer ensuite à Yonville, bourgade plus importante où ils compteront parmi les notables, entre l'ambitieux pharmacien, Homais, le curé Bournisien, le notaire et son jeune clerc, Léon Dupuis. La naissance d'une petite fille Berthe ne lui procure pas plus le bonheur espéré et Emma se laisse bercer par les regards amoureux du jeune Léon. Ce n'est qu'après le départ de celui-ci qu'elle connaît enfin la passion tant attendue. Un riche propriétaire des environs, Rodolphe Boulanger, fait d'elle sa maîtresse et Emma se jette avec fougue et sans réfléchir dans l'amour adultère. Emma en arrive même à mépriser son mari et cherche le moyen de s'enfouir avec son amant Rodolphe. Ce projet romanesque ne plaît guère ou effraye celui-ci, qui l'abandonne. Et lui écrit ceci : « Je serai loin quand vous lirez ces tristes lignes ; car j'ai voulu m'enfuir au plus vite afin d'éviter la tentation de vous revoir. » Désespérée, et accuse la lâcheté de celui-ci et reprend un peu vie grâce à Léon, retrouvé par hasard à Rouen. Cette deuxième liaison la pousse à contracter dette sur dette auprès d'un marchand faussement généreux, Lheureux. Celui-ci, pour récupérer son argent, menace de saisir ses biens mobiliers mais Emma se suicide avant une telle déchéance. Impuissant à faire face à cette situation, Charles meurt de chagrin, non sans avoir pardonné à sa femme.


Conclusion


Ce roman réaliste est plein de romantisme et de romanesque. Tout se concentre dans le personnage typique d'Emma. Cette quête qu'elle entreprend dans l'amour, on l'a vu est impossible, car elle a conduit l'héroïne vers la mort. Est-ce un avertissement lancé par Flaubert ou une accusation contre les hommes ? On a les arguments d'y croire d'autant plus que la lâcheté des hommes est souvent mise en cause. Charles qui est trop plat, terre à terre, Rodolphe qui se défile au dernier moment pour abandonner Emma, Le Clerc qui la ruine sont autant de personnages indigne de l'amour que leur porte cette femme passionnée.

Etude de La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire

 *Etude de La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire


Introduction


L'une des pièces de théâtre historique les plus lus et plus joués, La tragédie du roi Christophe est l'œuvre qui a surtout été compris par le peuple noir. Cette pièce mise en scène par Serreau a été jouée lors du festival des arts nègres à Dakar en 1966. Publiée en 1963, cette pièce de théâtre n'en finit pas de faire sensation. C'est que son action retrace la lutte des noirs pour leur liberté et leur indépendance, mais aussi le destin des pays noirs transparaît à travers le devenir de l'action du roi Christophe qui résume les nouveaux dirigeants de ces nouveaux pays. Cette étude que nous proposons s'articulera autour des axes suivants : La vie et l'œuvre du dramaturge, le résumé de la pièce, la structure, les personnages, les thèmes et la dramaturgie de Césaire.


I. L'homme et l'oeuvre


1. La vie de l'auteur


Issu d'une famille modeste de Fort-de-France, écrivain et homme d'action, Aimé Césaire est né le 26 juin 1913, à Basse-Pointe au nord de la Martinique et fait partie d'une famille de sept enfants. Son père est enseignant et sa mère une couturière A l'âge de six ans, il entre à l'école primaire. Après une bonne scolarité au lycée de sa ville natale, Aimé Césaire obtient une bourse afin de poursuivre ses études à Paris au lycée Louis-le-Grand.

1932-1933, Césaire entre à hypokhâgne à Louis-le-Grand, où il fait la connaissance de Ousmane Socé, puis de Léopold Sédar Senghor.

Césaire réussit au concours d'entrée à l'ENS en 1935. Il voyage en Martinique et commence à écrire le Cahier. En 1937 Césaire épouse Mlle Roussy. 1937 voit la naissance de son premier enfant et il vient de terminer le Cahier qu'il publiera en 1939 dans la revue Volontés.

Césaire et sa femme Suzanne Césaire sont affectés comme professeurs au lycée Victor –Schoelcher de Fort-de-France. Césaire est élu député-maire de la ville sous les couleurs du Parti Communiste Français (PCF) qu'il quittera en 1956 et adresse à l'occasion une lettre à Maurice Thorez. Il renonce à la députation en 1993. Il quitte la politique sans la quittant carrément, il soutient la candidature de Ségolène Royal à l'élection présidentielle de 2007. Le 9 avril il est hospitalisé et il décède le 17 avril 2008 à Fort-de-France


2. L'œuvre de Césaire


Ecrivain prolixe, Césaire publie plusieurs ouvrages :

Les armes miraculeuses, (poésie), 1946 ; Soleil cou coupé, (poésie), 1948 ; Corps perdu, (poésie), 1949 ; Discours sur le colonialisme, (essai), 1955 ; Lettres à Maurice Thorez, 1956 ; Et les chiens se taisaient, (poésie puis théâtre), 1956 ; Ferrements, (poésie), 1960 ; Cadastre, (poésie), 1961 ; Toussaint Louverture, (historique), 1962 ; La tragédie du roi Christophe, (théâtre), 1963 ; Une saison au Congo, (1967) ; Une tempête, (théâtre), 1969 ; Œuvres complètes, 1976 ; Moi, laminaire..., 1982.


II. Le résumé de l'intrigue


La pièce est précédée d'un prologue mettant en scène un combat de coqs, l'un surnommé Christophe, l'autre Pétion. Sinon l'action débute avec la visite de Pétion envoyé par le Sénat proposer à Christophe la présidence. Celui-ci refuse flairant le complot pour l'écarter du pouvoir en lui offrant un pouvoir vide. Ainsi se révolte-t-il contre les mulâtres et se proclame roi d'Haïti. Dès lors le pays est divisé entre les partisans de Christophe dont son secrétaire Vastey et ceux qui s'allient avec la puissance coloniale. Il s'en suivit la cérémonie de couronnement célébrée par l'archevêque Corneille Brelle, puis la prestation de serment du roi. Il maîtrise la rébellion dirigée par Metellus. Contre Pétion, il propose la réunification de l'Etat, mais le Sénat complote derrière son dos. Christophe décide de la construction d'une Citadelle, symbole de la puissance d'Haïti et force le peuple au travail. Il fait exécuter un paysan qui ne travaille pas et emploie les filles au travail de construction. Ne supportant pas ces excès, Corneille Brelle demande le repos pendant que Hugonin organise un mariage collectif pour éviter la débauche. Christophe donne l'ordre de supprimer l'archevêque. Mais au cours de la messe de l'Assomption, Christophe est paralysé par le spectre de Corneille Brelle. Il commence à prendre conscience et rêve d'une dernière victoire et se prépare à se suicider. Après sa mort, sa femme, un page africain et Vastey disent sa grande destinée.


III. La structure de la pièce


La structure de la pièce en trois actes facilite la compréhension de la progression de l'action. En gros chaque acte est centré sur le héros Christophe. Ainsi on a la structure suivante.


Acte I : La conquête du pouvoir et le couronnement de Christophe. Dans cette partie, Christophe s'oppose à Pétion qui est mandaté par le Sénat pour écarter Christophe du pouvoir. Ce dernier non seulement refuse mais fait une sécession et se proclame le roi d'Haïti. Il organise son couronnement, par une fête.


Acte II : Après son couronnent, ce fut la guerre civile. Une bonne partie du peuple est contre le roi Christophe, notamment les bourgeois, certains paysans, ses propres généraux le trahissent sans compter la puissance extérieure.


Acte III : Malgré les avertissements surtout de sa femme, Christophe s'entête à mener le pays avec une main de fer, et sa tyrannie, ses travaux forcés et sa démesure achève son règne, au moment où pourtant il commençait à faire sa prise de conscience.


IV. Les personnages


1. Le héros : Henri Christophe


Christophe est un ancien cuisinier, puis général devenu le roi d'Haïti. Cette ascension montre déjà son destin exceptionnel, mais aussi tragique, puisqu'il lutte pour la liberté et l'indépendance de son peuple. Il est un roi excessif et autoritaire, qu'il explique par le travail pour arriver au niveau des autres, « je demande trop aux hommes mais pas assez aux nègres », dira-t-il. Dans son projet de faire oublier le passé d'esclavage et de créer un avenir meilleur, il oblige, comme un tyran, le peuple à travailler dure, jusqu'à même tuer les fainéants. Ses excès sont jugés cruels par le peuple qu'il veut libérer par le travail, car pour lui il n'y a point de fatigue donc pas de repos ni de congé. Pour unifier l'Etat, il s'attaque au siège de Pétion à Port-au-Prince. Toutefois il va prendre conscience de son action un peu trop tard, et son échec sera synonyme de sa mort. Aussi dit-il à la fin, « j'ai voulu forcer l'énigme de ce peuple à la traîne » (p. 140)


2. Les adjuvants du roi Christophe


Vastey : Il est le secrétaire du roi, et plus acquis à sa cause, à son idéal. Il comprend bien son roi et ses projets, et par conséquent les défend devant ses rivaux. Il dirige en fait la politique de Christophe, car c'est lui essaie de convaincre le peuple de la façon à agir pour régler les problème du pays. Cependant malgré son intelligence à prévoir les problèmes, il ne s'est pas opposé à Christophe pour infléchir ses décisions par de sages conseils.


Hugonin : Dans la pièce de théâtre, il est caractérisé comme « un mélange de parasite, de bouffon et d'argent politique » qui accompagne toujours le roi. Il occupe le rôle de courtisan qu'on connaît dans le théâtre classique. C'est lui qui, dans le marché, divertit le peuple par ses chansons et ses commentaires. Dès fois très grotesque, il parvient à détendre par des plaisanteries une atmosphère un peu tragique. Mais derrière ce masque de bouffon se cache un sage capable de dire la vérité et émettre une critique sans blesser le roi. Aussi ramène-t-il le roi Christophe à la raison en lui disant que « les peuples vont de leur pas, Majesté » (Acte III, scène 6). Il transforma parfois donc la scène en une petite comédie, et instruit en faisant rire.


Madame Christophe : Elle était une servante à l'auberge de la couronne (Acte 1, scène 7). C'est un personnage simple, humble et très lucide. Elle averti son mari de sa démesure et le refrène durant ses moments d'aveuglement. Patiente épouse, elle assiste son mari jusqu'à sa mort.


Chanlatte : Il est le poète national.


3. Les opposants du roi.


Pétion : Il est mulâtre et c'est lui qui essaie de tromper Christophe en lui offrant un pouvoir « sans croûte ni mie ». Il est envoyé par le sénat et il veut surtout le pouvoir et s'allier au roi français Louis XVIII. Bon parleur, il défend la cause des mulâtres. Cependant ses manœuvres machiavéliques vont se retourner contre lui, et il est remplacé par Boyer.


Métellus : Il est un guerrier accompli. Même s'il est contre Christophe, il n'est pas avec Pétion. Il était le compagnon de lutte de Toussaint Louverture et est prêt à donner sa vie pour l'unité de la nation. Il est sur le plan héroïque le double de Christophe.


Corneille Brelle puis Juan de Dios Gonzales : Ils représentent la religion et l'église catholique. Ce sont des Blancs. Corneille Brelle revendique le droit de repos et le roi le soupçonne d'être un allié des Blancs pour déstabiliser son régime. D'ailleurs c'est son spectre qui va frapper le roi Christophe. Aussi est-il remplacé lors de la cérémonie de couronnement. Le second, avec ce nom d'origine espagnole est une sorte de parasite et n'inspire pas confiance non plus


Les autres personnages

Le duc de la Limonade, le duc de Dondon, le duc de Sale-Trou, le duc de Plaisance, Magny... A travers le nom exotique de la France métropolitaine, se cache une volonté de critiquer la puissance occidentale. Ils seront les premiers à trahir le roi.


V. Les thèmes


Les thèmes développés par Césaire dans cette pièce sont nombreux. L'esclavage, l'exploitation, la politique, l'économie, les infrastructures, l'indépendance, la liberté, la révolte ou rébellion, la famille, la guerre, la confiance, la trahison, la colonisation, la tradition vaudou, le travail, la démesure du héros, la solitude du héros, l'héroïsme, etc. La lecture de cette pièce permet d'en saisir l'importance, et cette variété des thèmes s'explique par le fait qu'ici il s'agit de la création d'un Etat, et un Etat, c'est tout.


VI. La dramaturgie de Césaire


Dans la dramaturgie de Césaire, tout repose sur le temps historique et l'espace scénique à la fois réel et idéal. Brièvement on peut les étudier comme suit :


1. Espace et temps dans la tragédie


a) Le temps


Le premier acte est consacré à la période qui couvre 1806 à 1812, c'est-à-dire du moment de sa sécession jusqu'à la célébration de l'anniversaire de son couronnement.


Les actes II et III occupent un temps historique de huit (8) ans et mettent en scène le règne de Christophe jusqu'à sa mort en 1820.

Ainsi le dramaturge ne prend en compte que les moments significatifs de la vie de la cour royale ainsi que les décisions importantes qui ont été prises et qui ont abouti à la fin tragique.


b) L'espace


L'espace est souvent précisé dans la pièce. On le marché du Cap, le palais, la cathédrale du Cap, le champ de bataille, devant Port-au-Prince, au Sénat, dans un salon bourgeois, etc. Ces indications de lieux précises créent en quelque sorte la vraisemblance. Et le roi parcours presque tous les lieux, ce qui fait que la scène est très mobile

Césaire exploite le prologue avec un début qui met en scène un combat de coqs. Ainsi il annonce, voire résume le ressort de la pièce. Mais à l'intérieur de la pièce les péripéties sont entrecoupées de divers types théâtraux :


2. Un théâtre total


- le vaudeville : le vaudeville est une comédie légère dont l'intrigue repose essentiellement sur le quiproquo ou malentendu, le rebondissement et les situations grivoises, grossières. Hugonin est l'acteur accompli de ce vaudeville. Durant la fête, la plaisanterie en offre des exemples : « Dis donc la belle, ce n'est pas du rapadou que je veux, c'est de toi, doudou ! Pas de tassau ! Te donner l'assaut, ma doudou ! »

- le ballet : C'est une chorégraphie réalisée par une troupe de danseurs. On a le ballet durant la fête de couronnement du roi Christophe.

Le dramaturge réalise ici un théâtre total en exploitant à la fois la musique, le chant et la danse.


Conclusion


La tragédie du roi Christophe est devenue un classique du genre. Ne respectant pas les règles de la tragédie classique, elle est surtout un mélange des techniques modernes et anciennes de théâtre, et on pourrait même dire qu'elle est un drame africain, tellement il est original et s'écarte des théâtres occidentaux. Le comique et le tragique s'annule, le vaudeville s'y exprime, l'histoire est le fil d'Ariane qui mène de bout à bout l'action, et la musique, le chant et la danse sous forme de ballet fait de cette pièce un théâtre total, un théâtre africain.

Etude Le monde s’effondre de Chinua Achebe

 *Etude Le monde s’effondre de Chinua Achebe* 


Introduction


Le monde s'effondre, ou si vous préférez « Things fall apart », son titre en anglais, duquel il est une traduction, a cette année 2008, cinquante ans. Et le projet, le but de son auteur a toujours été de conservé dans ses textes une culture africaine vivace. La peur que les générations futures perdent cela est fort justifiée, aussi le titre met-t-il l'accent sur une possibilité que la culture africaine, du moins la partie importante soit perdue. L'étude de ce roman devient dès lors une prise de conscience des richesses que nous sommes en train de perdre. Afin de mieux comprendre le livre, il est nécessaire de revisiter la vie de Achebe qui, à bien des points, marque de son empreinte son œuvre. On résumera ensuite l'histoire du roman avant d'étudier les personnages et les thèmes.


I. Eléments biographiques


Albert Chinualumogu Achebe est né le 16 novembre 1930 à Ogidi, dans l'est du Nigeria, de parents Ibo. Il est le cinquième des six enfants de ses parents, Isaiah Okafo et Janet Achebe, qui sont de fervents chrétiens. Le jeune Achebe commence ses études à l'école missionnaire tout en ayant l'occasion de vivre une "vie villageoise traditionnelle" dans un environnement encore épargné par la colonisation. Il est donc influencé par deux cultures, la culture ibo traditionnelle et la culture anglaise.


Bon élève, surnommé "le dictionnaire" pour sa connaissance de l'anglais, Achebe obtient une bourse et continue ensuite ses études au "Governement college" d'Umuahia (une ville qui figurera souvent dans ses romans) de 1944 à 1947, puis à l'université d'Ibadan de 1948 à 1953, année où il obtient son BA (l'équivalent d'une maîtrise dans le système français). Avant d'entrer à La Nigerian Broadcasting Corporation (NBC), Achebe effectue quelques voyages en Afrique et aux Etats-Unis et travaille quelques temps comme professeur. Il suit une formation à la BBC, et commença à travailler à la NBC en 1954. En 1958, il écrit son premier roman, "Things fall apart" (Le monde s'effondre), en réaction à ce qu'il considérait comme une description inexacte de la vie des africains par les européens.


II. Bibliographie


Au cours de sa scolarité et de ses études universitaires, Achebe aimait la littérature anglaise, mais s'est aussi rendu compte que certains de ces livres dépeignaient les africains avec racisme. Achebe voulait faire un roman décrivant les africains comme ils les connaissaient.

Le roman connaîtra un énorme succès et est à ce jour l'un des plus célèbres, sinon le plus célèbre roman écrit en anglais par un africain. L'histoire est centrée sur Okonkwo, lutteur traditionnel, homme ambitieux, dont la vie est perturbée par la modification des structures traditionnelles de la vie au village suite aux contacts avec les européens. Achebe raconte les conséquences de la colonisation sur la vie d'un village africain, du point de vue d'un africain et décrit, sans l'idéaliser (certaines traditions pouvaient être cruelles), un monde qui se suffisait à lui même et qui a commencé à s'effondrer avec l'arrivée de la colonisation.


Il obtient le "Margaret Wong Memorial Prize" en 1959, le premier d'une longue série de récompenses littéraires. En 1960, il publie son second roman, Le malaise (No longer at ease), qui est la suite de son premier roman. Obi Okonkwo, petit-fils du personnage principal du Monde s'effondre (Things fall apart) (1958 ) revient au Nigeria dans les années 50 avec un diplôme d'une université anglaise. Il a de grosses attentes concernant son futur travail, son salaire et tout le prestige attaché à sa future situation sociale, mais rien ne passe comme prévu dans un environnement qu'il ne maîtrise pas.


L'action de son troisième roman La flèche de Dieu (Arrow of God) (1964) se situe dans les années 1910-1920 en pleine période coloniale. Le personnage principal est un prêtre, Ezuele, qui remporte une série de victoires psychologiques importantes contre le représentant de la puissance coloniale britannique de la région. Cependant, Ezuele connaît la défaite et la folie en étant finalement incapable de résoudre les problèmes posés par l'arrivée de la colonisation.

Le livre comporte quelques similitudes avec Le monde s'effondre dans la mesure où Ezuele, le leader religieux intellectuel et Okonkwo, le guerrier-athlète chutent, victimes de la puissance coloniale qui mine les traditions politiques et religieuses des Ibos. Achebe écrira d'autres romans comme A man of the people (1967) ou Anthills of the Savannah (1987). Il écrira aussi de nombreux essais de même que des œuvres de poésie Soul Brother en 1971, Christmas in Biafra en 1973 ou des nouvelles.


III. Résumé du roman


Banni de son village après une séries de péripéties souvent violentes, Okonkwo y revient quelques années plus tard et constate que tout a changé : les administrateurs civils et les missionnaires sont devenus les maîtres et les hommes du village ne semblent pas disposés à le suivre dans sa révolte contre le pouvoir colonial.


Okonkwo préférera la mort à la soumission. Ce roman appartient à une série romanesque (Le Malaise, La Flèche de Dieu) dont l'action a pour cadre un même village. Ils mettent en scène des personnages issus de la même famille et souvent confrontés à des situations conflictuelles survenant entre représentants de la tradition et partisans du modernisme.


Achebe s'attache à la description d'une Afrique dont l'harmonie - néanmoins présentée sans manichéisme avec ses violences et ses injustices - a subi le traumatisme brutal et bouleversant de l'implantation coloniale. Plus tard, la dénonciation des dérives et la critique des politiques apparaîtra dans l'oeuvre du romancier (Le Démagogue) de même que la guerre du Biafra sera présente dans son recueil de nouvelles Femmes en guerre. Utilisant l'anglais, Achebe a su donner à sa langue d'écriture un souffle africain, pour l'essentiel issu de sa langue maternelle, l'igbo. En cela, il est un précurseur d'une expression littéraire africaine originale qui a sans nul doute contribué au succès de ses livres diffusés à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde.


IV. Les personnages


Okonkwo : Il est le héros du roman. Il n'est pas un homme de réflexion, mais d'action. Sa réputation repose sur de solides réussites personnelles. Il a rapporté honneur et gloire à son village en terrassant Amalinze, le chat lors du grand combat qui a lieu de mémoire d'homme. Il fut victime d'un crime .... Et de ce fait, il s'exila pendant 7 ans dans son pays maternel. Ce dernier s'opposait à la pénétration étrangère car il s'attachait beaucoup à sa culture. Aussi n'accepta-t-il pas la domination des occidentaux. De retour au pays natal, il se suicida afin de ne pas être humilié par le Blanc


Unoka : C'est le père d'Okonkwo. Il était un homme très paresseux et ne possédait ni femme, ni titre. A cause de sa paresse, il était la honte de son fils. Unoka était très endetté et ne payé pas ses dettes. Lorsqu'un peu d'argent lui tombait entre les mains, il le dépensait immédiatement en faisant la fête. Il n'a rien laissé à son fils quand il mourut, et n'était pas enterré à cause de sa maladie d'enflure. Son peuple n'enterrait pas un enflé car ils disent que c'est une abomination pour la terre. Donc Unoka fut jeté dans la forêt.

Nwoyé : c'est le fils d'Okonkwo. Il détestait la civilisation et les traditions Ibo. Il est allé même jusqu'à se convertir à la nouvelle religion, le christianisme.

Ikemufuna : C'est un garçon qu'on a sacrifié au clan pour éviter la guerre et verser le sang entre les deux villages. Un jour, un groupe d'hommes est venu chez eux et a entretenu une discussion à voix basse avec son père et ils l'ont amené loin de sa famille. Trois ans plus tard, le même cas se reproduit, mais cette fois-ci, c'est pour un voyage sans retour car devait être tué.

Obeirika : C'est le meilleur ami du héros, avec qui il partageait ses moments de bonheurs et de malheurs. Lorsque Okonkwo s'est exilé, celui-ci lui vendait ses ignames et lui rapportait l'argent. Il le mettait aussi au courant de tout ce qui se passait au village. Ce dernier est moins agressif et moins violent que son ami Okonkwo, mais l'un de ses plus fidèles amis.

Ekwefi : Elle est la seconde femme de Okonkwo. Elle aimait beaucoup les combats de lutte quand elle était plus jeune (à cette époque on l'appelait la beauté du village), c'est la raison pour laquelle Okonkwo avait conquis son cœur en terrassant Amalinze. Mais malheureusement, pour elle, Okonkwo ne pouvait pas l'épouser parce qu'il était trop pauvre pour payer sa dote. Cependant, quelques années plus tard, elle s'enfuit de chez son mari pour rejoindre Okonkwo. Cela fut à l'origine de sa souffrance durant toute sa vie. Elle va accoucher plusieurs fois (9) d'un Ogbanje (enfant qui meurt après la naissance). Telle était la punition d'une femme qui commet un péché. Heureusement pour elle, son 10ème enfant survécut grâce à l'homme médecin qu'Okonkwo avait engagé et qui est parvenu à déterrer le caillou poli de la fille.

Ezinma : C'est la seule et unique fille d'Ekwefi, la seule à survivre de ces 10 enfants. A 6 ans déjà, sa mère avait l'espoir qu'elle était venue pour rester, puisque les autres moururent avant d'atteindre un an. Mais Ezinma était différente des autres, et en tant que fille unique, elle était le cœur de sa mère qui lui vouait un amour ans limites. Elle bénéficiait de toutes les faveurs que les autres enfants n'avaient pas. Elle était une fille très courageuse et écoutait attentivement les conseils de son cher père. Ainsi celui-ci avait-il souhaité qu'elle fût un garçon et sauver l'honneur du clan.

M. Brown : C'est le seul missionnaire blanc qui se montrait ferme lorsqu'il s'agissait d'empêcher son troupeau de provoquer la colère du clan. Il construit une école et un hôpital pour mener passivement sa conquête. Il entrait dans les maisons pour s'enquérir des réalités du clan. A la suite d'une maladie il rentra en Europe.

M. Smith : C'est le remplaçant de M. Brown. Il est aussi dur que le héros Okonkwo.


V. Les thèmes


1. La civilisation des Ibos : Elle est une civilisation purement africaine car ces derniers respectent beaucoup leurs coutumes et règlements.

Leur mode est très étrange car ils n'acceptent pas la naissance des jumeaux qu'il considère comme une abomination. Ces derniers sont jetés dans la forêt des esprits du mal qu'ils appelaient forêt maudite. Ils n'acceptaient pas non plus les lépreux et les albinos, croyant que ce n'étaient pas des êtres humains. Ils n'étaient pas ainsi enterrés mais jetés. Leurs coutumes n'acceptaient pas non plus la querelle entre les membres du même clan, cet acte leur apparaît comme une grande humiliation. Chez les Ibo quand quelqu'un tuait un homme, même involontairement, on l'exilait pour 7 ans. Et si cela se faisait de sang franc, c'était la condamnation à mort. Si ce crime est commis par un étranger, le village de ce dernier donnait une vierge et jeune garçon en compensation pour éviter la guerre entre les clans.

2. La civilisation blanche : Les Blancs bouleversèrent la vie traditionnelle des Ibos par leur nouvelle culture. Aussi certains allèrent jusqu'à saboter les us et coutumes du pays des noirs. L'arrivée de leur foi sema également la discorde dans les familles.


Conclusion


Dans le roman Achebe, on note une volonté délibérée de réalisme. En fait l'auteur a voulu montrer la société africaine dans ses valeurs authentiques sans les masquer de la pudeur qui caractérise son peuple. Et si on est à l'extérieur d'une telle société, on jugerait criminels voire barbares certains actes. Pourtant il n'en est rien selon le système de Chinua Achebe dans Le monde s'effondre. L'importance de la Forêt Maudite montre que les croyances de ce peuple étaient sérieuses, vraies et pleines de valeurs significatives et mystiques. Ce qu'on a surtout admiré dans ce roman c'est la hargne du héros qui, pour l'honneur, restera lui-même quoi qu'il dût lui en coûter, surtout quand il s'est agi de s'opposer à la religion de la puissance coloniale. Toutefois la vague de convertis annonce la victoire de l'église, surtout que ce sont les jeunes qui y adhèrent.

La décolonisation en Afrique

 


samedi, février 25, 2023

ETUDES DES OEUVRES:LE CHANT D'OMBRES DE LEOPOLD SÉDAR SENGHOR

 

Etudes des Œuvres: Le Chant d’Ombres de Léopold Sédar Senghor




Introduction

Pendant la période coloniale (XIXème-XXème siècle), les africains subissaient des abus de la part des européens. Leur culture et leurs mœurs étaient dépravées par ceux-ci. Devant cette triste réalité, les intellectuels africains entendent combattre pour la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité de l’Africain. Ainsi, certains créent des syndicats tandis que d’autres valorisent l’image de l’Afrique par des écrits. C’est dans ce dernier contexte que s’inscrit Léopold Sédar Senghor, écrivain sénégalais. Il fait naître en 1945, chants d’ombre, un recueil de poèmes exaltant les valeurs nègres. Dans cette œuvre qui fait l’objet de notre étude, nous analyserons le temps et l’espace.

SOMMAIRE

I. Etude de l’espace dans chants d’ombres

1. L’espace africains

L’espace Africain est vu comme un espace de convivialité dans chants d’ombre de Léopold Sédar Senghor. Cela s’illustre dans le poème intitulé « nuit de sine ». Dans ce poème, le poète nous présente la joie, la gaieté, l’harmonie qui règne en Afrique. En effet il nous parle d’éclats de rire dans la deuxième strophe : « voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale; voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère ». Ceci nous permet d’imaginer que les villageois sont autour d’un baobab entrain de rire, danser, chanter et écouter les histoires et les traditions africaines que les griots leur racontent. Les éclats de rire sont également une image pour faire comprendre que l’Afrique est pleine de joie de vivre.

En outre il y règne dans la nuit un calme apaisant, recueillant et merveilleux, après des journées de fête, de joie et de rire. Senghor se consacre alors à l’explication d’une nuit profonde et spirituelle, pleine de tradition jusqu’au moment où tout le monde va dormir.

L’Afrique est un espace de cohésion et d’union. A cet effet le mot « dodeline » qui apparaît dans certains vers de ce poème nous fait penser à l’enfant sur le dos de sa mère. C’est une image typique des traditions africaines. Cela nous met face à une relation d’union et d’harmonie qui lie les africains. A la fin de cette strophe, nous observons que les danseurs et le chœur nous ramènent une nouvelle fois à la musique et aux danses présentes lors des réunions des villageois autour du baobab. L’Afrique est liée à la danse et à la musique.

En somme, l’Afrique est un continent de fête c’est pourquoi dans le poème Joal, le poète fait revivre sa vie en Afrique. Il considère l’Afrique comme la terre promise, c’est la terre sur laquelle il aspire revenir.

2. L’espace européen

L’Europe est un grand continent. Dans l’œuvre Chants d’ombre, Senghor décrit l’espace européen de plusieurs manières. Dans le poème « Joal », il montre l’ambiance nonchalante en Europe. Cela se perçoit du vers 22 au vers 25 : « quelle marche lasse le long des jours d’Europe ou parfois apparaît un jazz orphelin qui sanglote sanglote sanglote sanglote ».

Senghor révèle que l’Europe est un territoire d’isolement, d’individualisme et de froideur. Aussi, à travers l’expression « purifié du froid incorruptible » (vers 4) utilisée dans « neige sur PARIS », Senghor fait allusion à la souffrance vécu en Europe. L’auteur traduit ainsi que l’Europe n’est pas un continent où règne la paix, la solidarité, la convivialité et qu’elle est victime de ce fait.

II. Etude du temps dans Chants d’ombre

A. L’aspect météorologique du temps dans Chants d’ombres

1. En Europe

a. L’hiver

Senghor énonce dans Chants d’ombre la passion, la purification, la paix de l’Europe à travers le froid incorruptible. Dans le poème ‘’Neige sur Paris’’ le poète évoque la punition que Dieu inflige à l’Europe pour sa méchanceté à l’égard des Africains à travers le froid incorruptible. Cela est perceptible au vers 3 : « vous l’avez purifié par le froid incorruptible ». Plus loin, le poète énonce la paix que le seigneur propose à l’Europe divisée à travers la neige. Ce que nous pouvons corroborer à partir du vers 7 : « seigneur, vous avez proposé la neige de votre paix au monde divisé à l’Europe divisée ». En un mot, le poète montre que les Européens sont des dépouilleurs inhumains. C’est pour cela que Dieu leur inflige le froid incorruptible et en les appelant à la cohésion.

b. Le printemps

Léopold Sédar Senghor énonce aussi dans Chants d’ombre la sanctification, la passion qu’inflige la saison d’après l’hiver c’est-à-dire le printemps. Dans son poème ‘’L’ouragan’’, il caractérise le printemps comme une belle saison par le truchement de ces termes : « toi vent ardent, vent pur, vent-de-belle saison, brûle toute fleur toute pensée vaine ».

Cette saison est alors marquée par les vents purs qui sanctifient. Des vents qui libèrent de toutes impuretés et qui coiffent tout autour de son passage. Le poète montre par l’entremise de l’ouragan que les Européens doivent se purifier de tous leurs péchés. Car ce temps est un temps de recueillement et de conversion.

2. En Afrique

L’Afrique est un continent aux températures et aux climats favorables au développement de l’agriculture. Ces atouts sont comme une richesse précieuse qui attirent les Européens.

L’Afrique est un continent riche naturellement. En Afrique, il pleut, il ne neige pas, il fait chaud. La nature est pleine et riche. C’est pourquoi Senghor chante ses merveilles en utilisant l’image d’une belle femme noire : « femme nue, femme noire, vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté ». Cette belle forme évoquée par Senghor serait donc la belle nature que Dieu a donnée à l’Afrique.

En Afrique la nuit est le moment de se retrouver et de se partager les histoires jusqu’au repos. A la pleine lune, c’est la convivialité. Il n’y a pas de neige ni de froid pour faire fuir les villageois dans les cabanes.

B. L’époque coloniale dans Chants d’ombres

1. En Europe

Le fait de coloniser n’est certes pas réservé aux européens, mais ce sont eux qui créent un système complexe, accompagné d’un discours le justifiant. Rudyard Kipling, dans un célèbre poème de 1899, « le Fardeau de l’homme blanc«  évoque une justification raciale et morale de la colonisation : « l’homme blanc doit assumer son « fardeau », sa responsabilité de « civiliser » les peuples et de faire séché la misère ».

Outre la mission civilisatrice, on développe d’autres arguments : la christianisation, la recherche de marché, la quête de placements intéressants et enfin la volonté de satisfaire un orgueil national parfois malmené. En particulier celui des français après l’humiliant traité de France fort en 1871.

Dans Chants d’ombre, Léopold Sédar Senghor nous présente à travers le poème neige sur paris une Europe subissant les conséquences des malheurs qu’elle a fait subir à l’Afrique.

Les empires coloniaux alimentent en matière première les industries du continent tout en leur offrant des débouchés. Ils permettent ainsi aux Européens de connaître une prospérité inégalée jusqu’alors. Cette prospérité s’appuie sur une forte expansion des biens de consommations. En fait, les nouveaux produits élaborés par l’industrie sont achetés, et le niveau de vie s’est largement amélioré.

L’Europe s’enrichie ainsi au détriment de l’Afrique. Léopold Sédar Senghor décrit alors l’Afrique comme la femme en train de perdre sa beauté : « je chante ta beauté qui passe », « forme que je fixe dans l’éternelle ». Face à cela, les dieux punissent l’Europe par la neige. Cette punition est évoquée par Senghor dans « neige sur paris« : « parce qu’il devenait mesquin et mauvais, vous l’avez purifié par le froid incorruptible par la mort blanche »; aux vers 2-3.

2. En Afrique

A l’époque coloniale, plusieurs africains commencent à adopter la culture européenne oubliant ainsi leur propre culture. C’est alors que Senghor rappelle aux africains leur culture, leur tradition, leur religion : « aurais-tu oublié ta noblesse, qui est de chanter les ancêtres, les princes et les dieux qui ne sont fleurs ni gouttes de rosée ? Tu devais offrir aux esprits les fruits blancs de ton jardin », extrait du poème « lettre à un poète« . Ici, Senghor statue sur la religion africaine en disparition. Ce temps colonial est le temps où les africains jettent leurs dieux pour attraper la bible; les ancêtres sont oubliés pour que l’on puisse mémoriser le ‘’Jésus’’: « refaites la route royale et méditez ce chemin de croix et de gloire », du poème ‘’le message‘’ (vers 31).

Pour être belle, la femme africaine avait ses traits naturels et quelques astuces comme les tresses de cheveux, l’usage des cauris, les chaines en or, etc. En cette époque coloniale, ce sont les habitudes européennes qui animent les jeunes filles africaines. Senghor évoque ce problème : « vos filles m’a-t-on dit se peignent le visage comme des courtisanes », « elles se casquent pour l’union libre et éclaircir la race », du poème le message (vers 26 et 27). Il y a donc à la vue de la civilisation européenne une opposition aux traditions africaines. Dans ce vers 26 cité plus haut du poème « le message », nous avons l’exemple du mariage forcé, une tradition africaine combattue par les jeunes filles de l’époque coloniale : pourquoi ne pas faire comme la blanche ?, serait la question qu’elles se posent intérieurement.

Cependant, avec ces colons, les malheurs n’en demeurent pas moins. Les Africains sont malheureux. Ces malheurs sont également évoqués dans le poème le message au vers 29 : « Et vous pleurez là-bas de grands feux et de sangs ».Parlant sans doute du feu engendré par le colonisateur et du sang versé par ce dernier.

En effet, pendant l’époque coloniale, voulant imposer leur suprématie, les colons vont avoir à affronter les nègres qui posent des résistances farouches. Ce sont souvent des attaques surprises avec incendie des habitations, des morts au sorti des affrontements et bien d’autres atrocités issues des exactions des Européens. Il s’agit donc à cette époque d’une Afrique en difficulté, en ruine. C’est alors que Senghor adresse une prière aux dieux d’Afrique, les masques, pour qu’ils lui viennent au secours : « masques ! O masques ! A votre image écoutez-moi ; voici que meurt l’Afrique des empires, c’est l’agonie d’une princesse pitoyable », du poème prière aux masques.

Il est vrai que les Européens ont fait subi à l’Afrique une peine douloureuse, mais la couleur blanche n’est pas dans son entièreté détestable. Il y a en effet de bonnes mains blanches qui voulaient caresser cette Afrique. Pouvons-nous citer à cet effet EMMA PAYELLEVILLE, pour qui Senghor écrit le onzième poème de Chants d’ombre. Cette femme serait l’image de ce qu’aurait dû être les colonisateurs. Elle rachète d’ailleurs, pour Senghor, le visage négatif du blanc: « ton nom brisera les images poudreuses des gouverneurs ».

Conclusion

Léopold Sédar Senghor, dans Chants d’ombre, nous présente un espace africain totalement différent de l’espace européen. En Afrique nous avons un espace de vivre ensemble. Ce qui favorise la cohésion sociale, la solidarité et l’union. Tandis qu’en Europe, c’est la solitude. Aussi, présente-t-il un temps agréable à la cohabitation humaine en Afrique. Ce qui n’est pas le cas en Europe. D’où l’exaltation des valeurs valeurs nègres. Par ailleurs, ne serait-ce pas la perte de ces valeurs que traduit Ahmadou Kourouma par la déchéance de Fama dans les soleils des indépendances 


Les Lycées du Sénégal

Voici les liens pour télécharger des fascicules

http://cisse-space-math.e-monsite.com/pages/tees Ewew sy de rminales-s.html LES LYCÉES DU SÉNÉGAL http://cisse-doro.e-monsite.com/# https://...